Jean-Christophe Lagarde a l’habitude de déraper, nous
l’avons souvent écrit ici.
Là, la glissade est énorme puisqu’il affirme qu’il n’aurait
aucun problème à voter avec les extrêmes pour faire tomber un gouvernement
démocratiquement élu.
Dans une interview à Europe 1, le président de l’UDI a ainsi
déclaré qu’il était prêt à voter une motion de censure proposée par la gauche
radicale et l’extrême-gauche.
«S'il y a une motion de censure déposée par des
gens de gauche, à moins qu'elle ne soit totalement déraisonnable dans son
texte, nous la voterons», a-t-il en effet indiqué.
Il l’a d’ailleurs répété dans une interview sur
le site du quotidien l’Opinion.
Concrètement, cela veut dire qu’il n’aura aucun
problème à voter avec les députés communistes, du Front de gauche et les
écologistes radicaux.
Il n’aura aucun problème à s’associer à une
motion de censure avec des gens comme Noël Mamère, Cécile Duflot, Alain
Bocquet, Marie-George Buffet, Patrice Carvalho, tout ce que l’Assemblée compte
de sectaires de gauche, ceux qui affirment, comme leur égérie parisienne,
Clémentine Autain, dans un appel pathétique à l’insurrection, «Que tous les
secteurs s’embrasent et s’embrassent jusqu’au retrait de la loi El Khomri» ou
comme Eric Coquerel, le dirigeant du Parti de gauche et proche de Jean-Luc
Mélenchon que la violence, les blocages et les grèves qui se propagent dans le pays «c’est la
démocratie» puisque, selon lui, «les gens utilisent les outils qu’ils ont pour
défendre l’intérêt général» qu’évidemment, selon lui, les extrémistes de gauche
sont les seuls à défendre face à un gouvernement démocratiquement élu…
Oui, donc, Jean-Christophe Lagarde est donc prêt
à voter avec des gens qui s’enthousiasment des blocages du pays et des
violences commises.
Des gens, par ailleurs, dont certains sont membres d’un
parti qui soutenu trois des grands bouchers du XX° siècle, Staline, Mao et Pol
Pot.
Parce que, si l’on suit les propos de monsieur Lagarde,
voter une motion de censure déposée par des députés du Front national (ou, dans
le futur, par un groupe FN de l’Assemblée nationale si la proportionnelle était
adoptée comme il le souhaite) ne lui poserait également aucun problème si les
termes lui convenaient.
Nous rappelons humblement au président de l’UDI que le FN –
malgré toute la dangerosité qu’il présente et la répulsion qu’il provoque chez
les centristes –, lui, n’a jamais soutenu Hitler (l’autre grand boucher du XX°
siècle) malgré ce que le président de l’UDI a prétendu implicitement lors de
son passage sur Europe 1 où, parlant de la possible élection d’un président
d’extrême-droite en Autriche, il a affirmé que «Ce sera la première fois depuis
Hitler qu'un chef d'Etat d'extrême droite est élu en Europe (…) Marine Le Pen
espère être la troisième».
La volonté de censurer le gouvernement en s’alliant avec
l’extrême-gauche anti-démocratique est extrêmement grave venant d’un centriste,
a priori un défenseur intransigeant de la démocratie républicaine
représentative et libérale, ce que Jean-Christophe Lagarde n’a sans doute pas
mesuré pris par ses soudains accès de violences verbales et d’attaques
primaires.
Car voter une motion de censure, ce n’est pas voter une loi
ou une mesure particulière banale où l’unanimité peut parfois exister.
Il s’agit d’un acte éminemment politique.
Dès lors, vouloir mêler les voix centristes avec celles de l’extrême-gauche
et de la gauche radicale est une faute.
Et le fait que ce soit les frondeurs du Parti socialiste qui
en soient les principaux initiateurs n’est pas plus acceptable.
Ce qui est encore plus consternant dans l’affaire, c’est que
Lagarde voterait la censure pour les raisons opposées à celles qui font qu’il
veut le départ de ce gouvernement!
Ainsi, la motion de l’extrême-gauche se voulait une réponse
à une loi sur le travail trop libérale à ses yeux alors que les centristes
avaient décidé de ne pas voter ce texte parce qu’il n’était pas assez libéral
pour les leurs et que beaucoup des mesures qui voulaient réformer en profondeur
la relation entre les entreprises et leurs salariés avaient été vidées de leur
substance…
Pire, ce texte, même amputé de la plupart de ses principaux
changements, demeure encore une avancée positive pour le marché du travail et
la compétitivité des entreprises qui aurait du faire voter les centristes pour
et non venir affirmer, par la bouche du président de l’UDI, qu’ils voteraient
la censure de l’extrême-gauche si cette dernière déposer une nouvelle motion
lorsque le texte reviendra à l’Assemblée nationale après son passage par le
Sénat.
Enfin, on rappellera à Jean-Christophe Lagarde que le vrai parrain de cette loi sur le travail est Emmanuel Macron, oui, ce ministre de l'Economie qu'il n'arrête pas de courtiser en lui demandant de rejoindre les rangs de son parti.
Enfin, on rappellera à Jean-Christophe Lagarde que le vrai parrain de cette loi sur le travail est Emmanuel Macron, oui, ce ministre de l'Economie qu'il n'arrête pas de courtiser en lui demandant de rejoindre les rangs de son parti.
Tout cela sent l’odeur nauséabonde de la politique politicienne.
Les centristes dérapent souvent ces temps-ci avec, par
exemple, Yves Pozzo di Borgo qui s’affuble d’un t-shirt insultant Obama ou Jean
Lassalle qui fait cause commune avec Nuit debout et s’associe à la motion de
censure signée par l’extrême-gauche à l’Assemblée nationale.
Mais, là, il s’agit d’un président d’un parti centriste, ce
qui rend les propos inacceptables.
Car, monsieur Lagarde, les ennemis de nos ennemis ne sont
pas toujours nos amis.
Ils sont même parfois nos pires ennemis.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC