Comme l’écrit la lettre quotidienne sur les présidentielles
du magazine Time, «Le top des leaders, des permanents et des donateurs républicains
réfléchissent à deux fois à leurs positions #NeverTrump (#Jamais Trump) après
une série de sondages montrant que les électeurs républicains ont plus
confiance en Trump qu’en Paul Ryan, le Speaker (président) de la Chambre des
représentants (ndlr: qui a été un moment pressenti pour être candidat contre
Trump par l’establishment républicain et qui a refusé, pour l’instant, d’apporter
son soutien à ce dernier). L'opposition franche contre Trump s'efface rapidement
alors que la plupart des républicains se préparent à contrecœur à monter à bord
du «Train Trump» afin d’éviter d’être ostracisés par le parti s'il gagne et d’être
accusés de sa défaite s’il chute».
Ceci résume bien ce qui se passe actuellement dans le Parti
républicain.
Car il faut les voir, tous ces républicains qui juraient,
main sur le cœur, qu’ils ne soutiendraient jamais ô grand jamais, cet infâme
personnage qu’est, selon eux, Donald Trump, qu’ils ne voteraient pas pour lui, même
le nez bouché et les yeux fermés, venir désormais faire allégeance au promoteur
immobilier newyorkais avec plus ou moins de forfanterie et de ridicule.
Parmi les plus pathétiques on trouve certainement Megyn
Kelly, la journaliste de la chaîne d’extrême-droite Fox news traitée de tous
les noms par Trump qui avait même fait allusion à ses règles pour justifier son
agressivité supposée à son encontre.
Là voilà maintenant ralliée à ce dernier ainsi que son
patron, le milliardaire des médias ultraconservateurs, Rupert Murdoch.
Rien de plus normal, évidemment, personne ne pensait
sérieusement que la grande majorité des républicains tournent le dos à celui
qui peut gagner la Maison blanche, aussi détestable soit-il.
D’autant qu’il ne l’est pas plus que les membres du Tea
Party à la violence et aux insultes constantes ainsi qu’aux menaces de mort récurrentes
envers Barack Obama, que les représentants et sénateurs républicains qui
bloquent le pays depuis des années au seul motif qu’il faut faire perdre les
démocrates sans se préoccuper des intérêts du pays, que les médias
conservateurs qui diffusent fausses informations et diffamations en chaîne à
tout ce qui n’est pas de leur côté, qu’un Ted Cruz ou qu’un Newt Gingrich.
D’ailleurs, dans les sondages, les sympathisants
républicains veulent majoritairement que le parti s’unisse derrière Trump.
De même, une grande majorité d’entre eux s’apprêtent à voter
pour lui en novembre.
En réalité, la vague anti-Trump chez les républicains était
essentiellement due au fait que le promoteur newyorkais semblait inéligible
tant il cristallisait de haine à son encontre et tant il insultait les
électorats dont ont besoin les conservateurs pour l’emporter.
Or ce n’est plus le cas.
Donald Trump s’est rapproché d’Hillary Clinton et des
sondages le donnent même gagnant.
C’est le cas du dernier en date réalisé par la chaîne ABC et
le quotidien le Washington Post.
Si la centriste Hillary Clinton demeure en tête chez les
Américains de plus de 18 ans avec 48% des intentions de vote contre 42% à
Trump, chez les électeurs enregistrés, c’est le populiste démagogue Trump qui a
l’avantage avec 46% contre 44% à l’ancienne secrétaire d’Etat.
Mais ce qui est nouveau et inquiétant à la fois c’est que même
des démocrates «conservateurs», les «blue dogs» (démocrates élus dans des
circonscriptions et des Etats à majorité républicains), affirment dans un
article du magazine Politico, qu’ils pourraient travailler avec Trump s’il
occupe la Maison blanche.
Bien entendu, ils demeurent très réservés sur le personnage.
Cependant, ils estiment que certains aspects de son
programme ne sont pas à rejeter et peuvent faire l’objet d’un consensus.
Dire cela, il y a quelques mois, pour un démocrate aurait
été inimaginable et sans doute sanctionné par les instances du parti.
En outre, le phénomène du changement, bien connu en
politique, surtout ces dernières décennies où l’on est toujours tenté de
«sortir les sortants» jouera en faveur de Trump puisque la Maison blanche est
occupée par un démocrate depuis huit ans et que Clinton se met dans les pas
d’Obama, se voulant sa continuatrice, ce qui, aux yeux de certains électeurs,
ferait douze ans d’obamisme-clintonisme.
Dès lors, dans le camp républicain qui est frustré de ne pas
être au pouvoir depuis longtemps, le phénomène «tout sauf Clinton» couplé avec
celui de «un républicain quel qu’il soit» pour enfin gagner joueront à plein.
Et ce réflexe se trouvera sans doute également chez nombre d’«independents»
(les électeurs qui se disent ni démocrates, ni républicains) qui ne sont pas
uniquement de droite.
Par quel que bout qu’on la prenne, il faut bien constater
que l’entreprise de dédiabolisation de Donald Trump et sa volonté de devenir «respectable»
tout en continuant à transgresser les règles de la civilité politique à tour de
bras, fonctionnent.
Reste à savoir si, une fois qu’Hillary Clinton devenue la
candidate officielle du Parti démocrate, les sympathisants de Bernie Sanders la
choisiront.
L’histoire nous montre – ainsi que ce qui se passe au Parti
républicain avec Trump qui est une des raisons de sa bonne tenue actuelle dans
les sondages – qu’après les joutes, parfois sanglantes, des primaires, le
candidat officiel parvient à réunir sur son nom une grande majorité de son
camp.
Ce sera dans les déperditions de chaque côté que se jouera
peut-être l’élection et les démocrates peuvent s’inquiéter de la hargne de
Sanders contre l’establishment du parti qui n’est pas de bon augure pour la
suite de la campagne de Clinton.
Reste que le plus effarant dans cette élection et que l’on a
tendance à oublier c’est qu’un personnage comme Donald Trump puisse atteindre
plus de 40% d’intentions de vote et à devenir le candidat officiel d’un des
deux grands partis politiques américains.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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