Barack Obama & Hillary Clinton |
Deux nouveaux sondages donnent Hillary Clinton en tête dans
la course à la présidentielle américaine face à Donald Trump.
Dans le premier, réalisé par Ispos et Reuters, elle possède
un avantage de cinq points, 41% contre 36%.
Dans le second, réalisé par la chaîne CBS et le quotidien New
York Times, elle possède un avantage de six points, 47% contre 41%.
Ces deux enquêtes sont une bonne nouvelle pour Hillary
Clinton dans une période assez difficile pour elle.
La centriste se trouve en effet prise entre deux mouvements
populistes et démagogues, celui de Trump à sa droite et celui de Sanders à sa
gauche, qui parviennent contre toute attente à radicaliser une frange
importante de l’électorat américain et à la présenter comme la candidate de cet
establishment honni actuellement, c’est-à-dire comme la représentante d’une
soi-disant caste politicienne qui serait responsable de tous les maux réels et
imaginaires dont souffre le pays, planqué à Washington et incapable de
comprendre les réalités que vit la population quotidiennement.
Rappelons que pratiquement tous les candidats à la
présidence ont joué de la haine de Washington et du gouvernement fédéral pour
se faire élire ou pour grappiller de la popularité.
Ces dernières décennies, ce fut le cas des candidats Jimmy
Carter, Ronald Reagan, de George W Bush, de Barack Obama et même de Bill
Clinton…
Le phénomène de tenaille dans lequel se trouve Hillary
Clinton, lui aussi, n’est pas nouveau et ne se limite pas aux Etats-Unis.
Dans tous les pays où se présentent des centristes, ils sont
les punching-balls préférés des candidats de droite et de gauche, recevant deux
fois plus de critiques et d’attaques car venant à la fois de la droite et de la
gauche.
Ainsi, au gré des discours enflammés de Trump et de Sanders,
Clinton serait soit une gauchiste, soit une ultra-conservatrice…
Une situation qui n’avait pas eu lieu en 2008 pour Barack
Obama, par exemple, puisque, comme sa rivale lors des primaires démocrates,
Clinton, il se positionnait au centre de l’échiquier politique.
Mais Obama l’a connu tout au long de son mandat de président
où il fut attaqué par les républicains comme un dangereux «liberal» et par la
gauche du Parti démocrate comme un conservateur d’autant plus affreux qu’il
aurait trahi la cause, une cause qui pourtant n’a jamais été la sienne, ni qu’il
a même fait semblant de récupérer.
Il faut dire, également, que tout est bon pour discréditer
Clinton, notamment du côté républicain où le seul but, désormais, n’est plus
cette fameuse «pureté» idéologique mise en avant ces dernières années – qui n’a
été qu’un paravent lorsque les dirigeants du GOP croyaient dur comme fer que l’Amérique
avait virer à droite toute – mais la victoire le 8 novembre, dévoilant ainsi,
dans leur ralliement inconditionnel à Trump, la vraie nature de leurs
obstructions au bon fonctionnement de l’Etat depuis qu’Obama est président des
Etats-Unis.
Ainsi, il est assez ahurissant d’écouter tous ses «pundits»
(experts) conservateurs venir affirmer que l’Amérique est en train de virer à
gauche parce que les programmes de Trump et de Sanders se ressemblent en
matière économique et sociale ainsi que sur l’interventionisme de l’Etat.
Le but premier de ces experts est en réalité de trouver des
points communs entre Sanders et Trump ainsi qu’entre la rage populiste des
électeurs des deux démagogues.
Car si Trump parvient à capter une partie de l’électorat de
Sanders comme il en rêve ouvertement et avec lui les dirigeants républicains,
il pourrait l’emporter le 8 novembre.
Cela permet aussi de faire passer Clinton pour une personne
loin du peuple et de ses préoccupations, incapable de répondre à ses
aspirations.
Bien entendu, ceux qui ont une culture politique savent bien
que l’extrême-droite, comme le fascisme mussolinien et le nazisme hitlérien, a
toujours développé des programmes sociaux, un interventionisme étatique, un
nationalisme économique et un rejet du libéralisme économique.
Ici, Trump n’est absolument pas dépaysé avec les leaders d’extrême-droite
d’Europe, en particulier de Victor Orban en Hongrie ou de Marine Le Pen en France.
Le problème pour Hillary Clinton est que Bernie Sanders, au
lieu de se démarquer nettement de Donald Trump – même s’il affirme que son but
premier est de l’empêcher par tous les moyens de le faire entrer à la Maison
blanche –, tape continuellement sur son adversaire aux primaires démocrates
alors même qu’il n’a plus aucune chance de l’emporter, signifiant ainsi à ses
sympathisants que le diable n’est peut-être pas du côté républicain mais du côté
de l’establishment démocrate qu’il dézingue dans tous ses meetings.
D’ailleurs Trump n’a pas été le dernier à relever cette
ambiguïté, lui qui utilise les attaques de Sanders contre Clinton à son profit.
Pour finir, signalons, tout de même, le sondage réalisé par
l’institut Rasmussen qui donne Donald Trump gagnant avec cinq points d’avance,
42% contre 37%.
Mais, outre qu’il est le seul à donner autant d’avance à
Trump, l’institut est connu pour avantager systématiquement les candidats
républicains dans ses études et donc d’avoir une crédibilité faible.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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