Bayrou, Juppé |
S’afficher avec le président du Mouvement démocrate ou
parler de lui avec sympathie et affabilité quand on fait campagne pour la
primaire de LR, voilà qui n’est pas dans les plans d’Alain Juppé.
Ainsi, si l’on en croit Le Figaro, en réponse à l’interrogation
d’un militant LR lors d’un meeting à La Roche-sur-Yon en Vendée, le maire de
Bordeaux a affirmé sèchement, «Je n’ai pas d’accord avec François Bayrou».
Il a même ajouté, cassant, «Il me soutient? Je ne vais pas l’envoyer
sur les roses».
On connait des remerciements plus chaleureux pour un soutien
sans condition!
Mais peut-être que Juppé avait entendu la phrase que Bayrou
avait prononcé sur RTL, affirmant qu’il voulait «faire bouger» le maire de
Bordeaux, sous-entendu lui faire adopter des positions et des points de vue
centristes, à tout le moins bayrouistes.
Or, au-delà de la susceptibilité de Juppé, de tels propos
sont, à la fois, un soutien qui devient de plus en plus conditionnel (ce n’est
pas la première fois que Bayrou s’interroge sur les différences qu’il a avec le
candidat à la primaire de LR) et, surtout, un danger énorme que d’être associé
d’une manière trop forte à un Bayrou honni par une grande majorité de militants
et de sympathisants LR.
Ce jonglage qui n’en est pas à son premier épisode montre à
quel point Juppé a besoin des centristes mais qu’il aimerait bien que ceux-ci
restent pour l’instant dans l’ombre afin de ne pas lui en faire pour la
primaire au risque de la lui faire perdre.
On pourrait appeler un tel comportement de l’hypocrisie et cela
n’est pas loin d’en être.
Que les amis de Juppé rappellent sans cesse qu’il n’est pas
centriste, comme si cela était une maladie mortelle, est déjà bien insultant
pour tout l’espace du Centre, électeurs, sympathisants, militants et
dirigeants.
Mais que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac ait
tenu lui-même, plusieurs fois, à répéter qu’il n’était pas centriste et à se
démarquer des centristes qui le soutiennent sans qu’on ne lui ait rien demandé
le plus souvent est un procédé pour le moins grossier et rappelle fort
opportunément que les voix centristes sont le seul intérêt que les dirigeants
de LR portent au Mouvement démocrate et à l’UDI.
D’un côté, on veut le beurre et l’argent du beurre.
De l’autre, on est le dindon de la farce.
Alexandre Vatimbella
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