Depuis plusieurs semaines, parmi les propos récurrents de
François Bayrou se trouve une attaque en règle contre les «deux principaux
partis» français, le Parti socialiste et Les républicains qui, selon lui, sont
les responsables de l’immobilisme politique actuel ainsi que de la crise démocratique
que vit le pays.
Ainsi, au micro de BFM-TV, ce lundi 4 avril, il a expliqué
qu’«On a un système politique qui est à bout de souffle avec un monopole du
pouvoir par les deux partis principaux en alternance. Je ne veux pas dire ‘grands
partis’ car on ne peut pas dire qu’ils soient grands au point où ils en sont!
Le monopole que les deux partis principaux exercent, a stérilisé la vie
politique française, surtout sur un point essentiel qu’il faut comprendre: on
est dans un pays dans lequel il est impossible de faire des ententes pour
prendre des décisions sur lesquelles tout le monde est d’accord, ou du moins
sur lesquelles s’accordent un très grand nombre de citoyens. Cette
stérilisation, le fait que tout le débat politique soit dans une impasse
généralisée, est une des causes principales de la situation du pays».
Et dans une interview au quotidien Les Echos au mois de mars,
il avait critiqué la «partitocratie» en estimant que «Les Français aspirent à
une autre façon de vivre leur démocratie, moins prisonnière des partis usés» en
ajoutant qu’il fallait sortir de «L’impuissance chronique, née d’un mode de
gouvernement qui fait que deux appareils de parti se partagent alternativement
le pouvoir depuis quarante ans. C’est cette ‘partitocratie’ à deux, PS et LR,
qu’il faut mettre en question».
Or, François Bayrou a décidé de soutenir le créateur d’un de
ses deux partis principaux, Alain Juppé qui mis en place l’UMP qui est devenue
LR, simple changement de nom et non d’organisation ni de ligne politique.
Ce grand écart est évidemment explicable par le
positionnement adopté par le président du Mouvement démocrate depuis la
présidentielle de 2012, d’être, sinon au-dessus des partis, en tout cas, à côté
des partis tout en en dirigeant un.
Cette posture qu’il veut «gaullienne» par rapport aux
multiples références qu’il fait au comportement du fondateur de la V°
République doit lui permettre, selon lui, de demeurer une alternance pour le
pays s’il devait se présenter en 2017 au cas où Juppé ne serait pas sur la
ligne de départ.
«Je veux rappeler à tous ceux qui se réclament du gaullisme
l’intention première du général De Gaulle qui était d’enlever aux partis
politiques le monopole du pouvoir. Jamais cela n’a été plus nécessaire.
Pourtant, on fait le contraire!», avait-il déclaré aux Echos.
En attendant, cela l’oblige a critiqué LR tout en essayant
de justifier son soutien à Alain Juppé par le fait qu’«il est plus éloigné des
appareils de partis que les autres, notamment de l’appareil de son parti»
(BFM-TV), et qu’«il est moins prisonnier de l’appareil que ne le sont ses
compétiteurs» (Les Echos).
Mais le maire de Bordeaux, lui, s’est toujours bien gardé de
faire des déclarations mettant en cause LR de quelque façon que ce soit, lui
qui se présente à sa primaire et qui n’a aucun intérêt à s’aliéner les cadre et
les militants de la formation de droite, ni à critiquer un parti dont il est le
fondateur à la demande de son mentor politique, Jacques Chirac.