mercredi 30 mars 2016

Actualités du Centre. Terrorisme: le projet de révision constitutionnelle abandonné à cause de la Droite et du Centre

Le texte de la révision constitutionnelle sur l’état d’urgence et la déchéance de nationalité vient d’être officiellement abandonné par le Président de la République après que la Droite et le Centre au Sénat aient refusé de voter le même texte adopté par une majorité à l’Assemblée nationale le 10 février, notamment par les députés de droite et du centre!
Ainsi, 25 députés centristes, tous UDI, sur 31 que compte l’Assemblée nationale s’étaient prononcés en faveur de cette révision de la Constitution défendue par les principaux dirigeants des partis centristes, Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin et François Bayrou.
Mais, au Sénat, la majorité de droite et du centre a réécrit l’article 2 sur la déchéance de nationalité, la réservant uniquement aux binationaux alors que l’Assemblée nationale avait décidé que toute personne de nationalité française pouvait la perdre après une condamnation pour acte terroriste.
Alors que les sénateurs de droite et du centre – ainsi que les leaders de LR – tentent de rejeter la faute sur le Président de la république, il faut rappeler que la décision de pouvoir priver de la nationalité française tous les terroristes sans exception (mono ou binationaux) avaient été prises parce que les députés de droite et du centre l’avaient demandée alors que le projet gouvernemental ne concernait au départ que les binationaux…
Dès lors, sachant qu’il n’y aurait pas de majorité sur cet article 2 de la révision, François Hollande a déclaré:
«J'ai décidé, après m'être entretenu avec les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, de clore le débat constitutionnel. (…) Je constate aujourd'hui que l'Assemblée nationale et le Sénat ne sont pas parvenus à se mettre d'accord et qu'un compromis paraît même hors d'atteinte sur la définition de la déchéance de nationalité pour les terroristes. (…) Je constate aussi qu'une partie de l'opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu'elle porte sur l'état d'urgence ou même sur l'indépendance de la magistrature. Je déplore profondément cette attitude. Car nous devons tout faire dans les circonstances que nous connaissons, et qui sont graves, pour éviter les divisions et écarter les surenchères.»
A noter que Nicolas Sarkozy qui s’était prononcé en faveur du texte voté par l’Assemblée nationale a déclaré être en accord avec celui voté par le Sénat!

L’article 2 du texte
- voté par les députés:
«Une personne peut être déchue de la nationalité française ou des droits attachés à celle-ci lorsqu’elle est condamnée pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie de la nation.»
- amendé par les sénateurs:
«La nationalité, dont la déchéance, prononcée par décret pris sur avis conforme du Conseil d'État, ne peut concerner qu'une personne condamnée définitivement pour un crime constituant une atteinte grave à la vie de la Nation et disposant d'une autre nationalité que la nationalité française.»

Les Synthèses du vote
- A l’Assemblée nationale
(vote du 10 février 2016)
Nombre de votants : 567
Nombre de suffrages exprimés : 516
Pour l'adoption : 317
Contre : 199
Abstention : 51
Dont Les votes des députés centristes:
- Ont voté pour: 25 (tous UDI)
Thierry Benoit
Charles de Courson
Laurent Degallaix
Stéphane Demilly
Yannick Favennec
Philippe Folliot
Philippe Gomès
Meyer Habib
Francis Hillmeyer
Sonia Lagarde
Jean-Christophe Lagarde
Maurice Leroy
Hervé Morin
Franck Reynier
François Rochebloine
Maina Sage
Rudy Salles
André Santini
François Sauvadet
Jonas Tahuaitu
Jean-Paul Tuaiva
Francis Vercamer
Philippe Vigier
François-Xavier Villain
Michel Zumkeller
- Ont voté contre: 6
Dont UDI : 4
Yves Jégo
Bertrand Pancher
Michel Piron
Arnaud Richard
Dont Ancien UDI : 1
Jean-Christophe Fromantin
Dont Mouvement démocrate : 1
Jean Lassalle

- Au Sénat
(vote du 17 mars 2016)
Nombre de votants : 345
Nombre de suffrages exprimés : 337
Pour l'adoption du texte modifié par le Sénat : 183
Contre le texte modifié par le Sénat : 154
Abstention: 8
Dont les votes des sénateurs centristes:
- Ont voté pour le texte amendé par le Sénat: 36
Annick Billon
Jean-Marie Bockel
Philippe Bonnecarrère
Olivier Cadic
Michel Canevet
Vincent Capo-Canellas
Olivier Cigolotti
Vincent Delahaye
Yves Détraigne
Élisabeth Doineau
Daniel Dubois
Françoise Férat
Françoise Gatel
Jacqueline Gourault
Joël Guerriau
Loïc Hervé
Sophie Joissains
Claude Kern
Jean-Jacques Lasserre
Nuihau Laurey
Valérie Létard
Anne-Catherine Loisier
Jean-François Longeot
Jean-Claude Luche
Hervé Marseille
Hervé Maurey
Pierre Médevielle
Michel Mercier
Catherine Morin-Desailly
Christian Namy
Yves Pozzo di Borgo
Gérard Roche
Henri Tandonnet
Lana Tetuanui
Jean-Marie Vanlerenberghe
François Zocchetto
- Ont voté contre le texte amendé par le Sénat: 1
Nathalie Goulet
- Se sont abstenus: 3
Bernard Delcros
Jean-Léonce Dupont
Jean-Marc Gabouty
- N’ont pas pris par au vote: 2
Sylvie Goy-Chavent
Chantal Jouanno



L’Humeur du Centriste. Présidentielle: Lagarde admet une parodie de vote des militants UDI

Lagarde au Congrès de Versailles et sur BFMTV
Nous avions déjà écrit ici que le vote des militants à propos de la présence de l’UDI à présidentielle serait sans doute sans effet sur la décision du parti d’y aller seul, de participer à la primaire ou de rallier LR avant le premier tour.
On se rappelle que les questions sur lesquelles les membres du parti centriste avaient à se prononcer en vue du congrès du 20 mars à Versailles ne comportaient aucune mention à une candidature indépendante.
On sait maintenant que les dés étaient pipés dès le départ et que les dirigeants de l’UDI avaient déjà décidé de ne pas avoir de candidat indépendant et de rallier la primaire.
Ainsi, le 29 mars, sur France 2, Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, a déclaré, «Nous, nous souhaitions une coalition et un accord avec des objectifs communs, un mode de gouvernance commun avec Les Républicains mais cela n'a pas été possible»
Il l’a répété sur RFI le même jour: «Je souhaitais, et l’ensemble des dirigeants de l’UDI avec moi, une coalition» et que c’est uniquement de la faute de LR si cela n’a pas été le cas.
Les militants de l’UDI apprécieront ces propos où leur président admet implicitement que cette consultation était une parodie et que ceux qui sont allés voter – moins de 50% d’entre eux – l’ont fait pour rien ou, plutôt, pour valider a postériori le choix de leurs dirigeants.
Bel exercice de démocratie en tout cas!
Le pire, c’est que les dirigeants de l’UDI étaient prêts à n’importe quoi pour rencontrer leurs homologues de LR afin de trouver un accord avant le vote de leurs militants.
Comme le dit toujours monsieur Lagarde sur France 2, «La porte sera toujours ouverte», sans condition, pour un accord avec LR.
Bon, on connait ce genre de consultations qui n’engagent que ceux qui n’ont encore rien compris du fonctionnement d’un parti politique…
Et puis, Nicolas Sarkozy, président de LR, a rendu un fier service à son alter ego de l’UDI.
En refusant de le rencontrer avant le congrès du 20 mars, il a permis à ce dernier d’affirmer que son parti ne participerait pas à la primaire de la Droite.
Quand on sait qu’un candidat de l’UDI aurait été laminé et aurait obtenu quelques pourcents de voix, voilà qui a du soulager son président.
Car, que négocie-t-on comme nombre de députés et de ministres avec 1% à 2% des voix à une primaire?!
Surtout quand on demande 30% de circonscriptions gagnables et des ministères régaliens…
Plus sérieusement, les centristes se targuent d’être de vrais démocrates et parlent à tout va de responsabilité et d’honnêteté en politique.
Mais ce vote, qui portait en germe l’implosion possible, voire probable, de l’UDI, a été complètement faussé pour des motifs politiciens qui ne sont pas à l’honneur des Lagarde, Morin, Vigier, Zocchetto et quelques autres dont la principale préoccupation était de maintenir en vie cette confédération pour qu’elle puisse être une sorte de cartel électoral de centristes à la recherche de circonscriptions et de strapontins ministériels pour 2017.
Ah! au fait, Lagarde menace maintenant les dirigeants de LR d’avoir un candidat indépendant s’ils lui donnent pas ce qu’il leur demande.
Pathétique jusqu’au bout.
Nous avions également écrit ici que l’UDI devrait se saborder pour l’honneur du Centre et de ses valeurs, pour que les Français puissent en avoir une image positive à travers ceux qui se prétendent ses représentants.
Cette parodie de consultation et ces propos ne nous ont pas fait changer d’avis.

Centristement votre.

Le Centriste