Dans une interview quelque peu surréaliste au quotidien Le
Monde mais qui contient déjà nombre de ses positions actuelles, Hervé Morin
continue à enfoncer Jean-Christophe Lagarde en le reléguant au rôle de
président qui ne préside rien (sauf peut-être la Fed, Force européenne
démocrate, composante de l’UDI qu’il dirige), plus, qui obéit à ses ordres
(comme demander une négociation à LR pour les primaires), à annoncer une
nouvelle formation centriste après les scrutins de 2007 (donc la mort de l’UDI)
et à «rêver» d’un parti «central» impossible qui réunirait 60% des électeurs et qui
irait de Nicolas Sarkozy à… Manuel Valls!
Sans oublier, qu’il appelle encore une fois Jean-Louis
Borloo à se présenter à la primaire de LR à laquelle il estime que l’UDI peut
encore participer alors que Lagarde a dit tout le contraire et qu’il veut construire
son nouveau parti centriste avec François Bayrou, deux hommes qui n’apprécient
guère le nouveau président de la région Normandie et, qui plus est, seraient
ses chefs dans les cas de figure qu’il a évoqués, ce que justement il vivait
mal à l’époque où il travaillait sous leurs ordres.
On le voit, le président du Nouveau centre ne se refuse rien
que ce soit en s’intronisant le vrai chef de l’UDI tout en indiquant que cette
formation n’existera plus dans un peu plus d’un an et que celle qui la
remplacera gouvernera avec Sarkozy et Valls dans une même majorité
présidentielle en comprenant Borloo et Bayrou.
Ce qui est le plus intéressant dans ces propos c’est, d’une
part, leur côté acadabrantesque mais surtout leur finalité.
Acadabrantesque car, comme on vient de le voir, la plupart n’ont
aucune réalité tout court ou politique: le retour de Borloo (qui n’est plus annoncé
comme les fois précédentes mais seulement souhaité désormais); la présence dans
un même parti de Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Manuel Valls (!); le fait
de dire que le «rêve» du Centre est de constituer une formation «centrale»
alors que cette dilution serait au contraire mortifère pour le Centrisme et les
centristes qui s’y trouveraient comme l’a prouvé l’UMP et aujourd’hui LR (les
partis centristes peuvent en revanche constituer un axe central avec d’autres
formations, ce qu’il repousse).
De même que cet appel à l’absence d’une candidature unique
de l’UDI à la primaire de LR si elle y participe – et ce uniquement pour
empêcher Lagarde de l’être – alors qu’il estime que Jean-Louis Borloo serait le
seul candidat légitime à représenter cette même UDI à cette primaire s’il
revenait en politique…
On peut encore parler de sa position commune avec
Jean-Christophe Lagarde d’appeler les militants de l’UDI qui sont en train de
voter en vue du Congrès du 20 mars à Versailles sur la présidentielle de
refuser la participation à la primaire de LR.
Mais c’est pour ajouter immédiatement qu’il faudra y
participer par la suite, dès que LR sifflera le rassemblement.
Ce n’est sans doute pas l’honneur d’un politique de dire
tellement d’aberrations et de contre-vérités.
Mais cela sert la réelle finalité de tout ce charabia qui se
contredit sans cesse, détruire Lagarde et l’UDI avec sans doute, en plus,
quelque ambition de diriger le Centre et de trouver une bonne place au
gouvernement.
Dans sa haine de Jean-Christophe Lagarde mais aussi de l’UDI
qu’il n’a pas voulu, qu’il a combattu avant de devoir s’y rallier, Hervé Morin se
soucie peu de savoir si ce qu’il dit à un sens.
L’important pour lui est que cela ait du sens personnel
Le temps de sa vengeance a sonné et il estime avoir des
chances de l’assouvir.