Mustapha Ben Ahmed |
Dans les pays musulmans, une bataille fait rage depuis le
Printemps arabe de 2011 pour définir ce qu’est un centriste.
Pour les musulmans modérés, il s’agit d’être positionné
entre les démocrates laïcs et les musulmans radicaux.
Pour les démocrates, il s’agit de représenter un courant qui
s’identifie au Centre tel qu’on l’entend dans une démocratie républicaine
traditionnelle, défendant les valeurs humanistes et un juste équilibre.
Ainsi, quand les Emirats arabes unis veulent promouvoir,
selon leurs propres termes «une culture centriste» pour contrer le terrorisme,
il s’agit de repousser l’extrémisme islamique et, comme l’explique l’agence de
presse des EUA, «Cette culture conduirait à l’émergence d’organisations
nationales qui propagent la pensée anti-terrorisme et renforcent le dialogue culturel
et religieux tolérant».
Ce Centrisme n’est évidemment pas celui dont se revendique
le nouveau courant centriste tunisien – au sens traditionnel – en train de se
constituer, qui devrait être baptisé El Horra et lancé le 2 mars prochain.
Ainsi, Mustapha Ben Ahmed, porte-parole de ce «front» ou
parti – ce n’est pas encore très clair – affirme que «Notre ligne politique est
bel et bien claire, elle est centriste, moderniste, pluraliste et démocratique.
Voilà ce qu’il en est de notre ligne politique, telle qu’elle était convenue
dès le départ, quand nous étions à Nidaa Tounes (ndlr: parti au pouvoir); mais
malheureusement, elle a dévié du chemin».
De son côté, le président de la république, Béji Caïd
Essebsi, dans un entretien accordé au journal «Le nouveau arabe explique, «Je
ne suis ni de droite ni de gauche ni islamiste. Je suis un centriste musulman».
Mais son rapprochement avec le mouvement islamiste Ennahdha
au pouvoir auparavant a provoqué une scission de la formation au pouvoir et la
création de ce front (ou parti) dont les promoteurs reprochent au président sa
dérive vers un islamisme modéré.
Cette question est cruciale dans les pays arabes car c’est l’accaparement
du pouvoir par les islamistes après le Printemps arabe qui a fait capoter
presque partout, sauf en Tunisie, la démocratisation des régimes avec une
reprise en main du pouvoir par l’armée comme en Egypte ou qui a amené le chaos
comme en Syrie ou en Libye, surtout qui a volé la victoire aux promoteurs de
cette contestation dont la principale revendication était la démocratie.
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