Le Monde a bien changé… et pas pour le meilleur!
Non, je ne vais pas vous parler ici de cette bonne vieille
planète qui va mal, certes, mais de ce quotidien français du soir qui fut, à
une époque de plus en plus lointaine, «la référence» de la presse française ou,
en tout cas, qui se présentait comme tel et celui que les enseignants
recommandaient à leurs élèves de lire.
Même si ce qualificatif était évidemment exagéré, force est
de constater que le sérieux et l‘exigence journalistique voulait vraiment dire
quelque chose.
Libre, bien entendu, au Monde, d’avoir viré à gauche toute,
de faire constamment l’éloge de Syriza, de Podémos et de tous ce qui se trouve
à la gauche de la gauche.
Libre d’embaucher la nouvelle égérie de ces mouvements,
l’économiste Thomas Piketty qui se prend désormais pour l’oracle de la morale
politique (et pour le prochain président de la république…) et qui vient de
faire le panégyrique dans ses colonnes de Bernie Sanders, le candidat populiste
de gauche à la primaire démocrate aux Etats-Unis, on en attendait pas moins de
lui, le conseiller de Podémos.
Libre au Monde également d’être encore plus critique sur
François Hollande que Le Figaro (ce qui n’est pas peu dire) et peut-être même
que Valeurs actuelles (un exploit!).
Libre de faire constamment
du relativisme en matière de valeurs, de la défense de Julian Assange à
celle d’Edward Snowden en passant par la dénonciation routinière de la
communauté occidentale, seule responsable de tous les crimes de la planète ou par des prises de position qui manifestent une méconnaissance du monde dans lequel nous vivons et au rapport
de force qui s’instaure entre les défenseurs de la liberté et ses ennemis
violents.
Libre oui, car la presse est libre en France, dans cette
démocratie républicaine aux valeurs libérales (non, ce n’est pas une insulte
messieurs les journalistes du Monde…) qui ne semble plus tout à fait du goût du
quotidien.
Et chacun est libre d’acheter ou non Le Monde en retour.
Or donc, à longueur de pages, d’articles et de colonnes, le
quotidien règle ses comptes avec tout ce qui n’est pas ce mélange assez
indigeste qu’est la bien pensance alter-bobo-gaucho-écolo- pour en être à la
fois le justicier et le délivreur de la vérité.
Avec un grand V, bien sûr.
C’est l’époque, direz-vous.
Peut-être.
Mais pourquoi prendre la plume aujourd’hui pour une dérive
qui a commencé lorsque le directeur d’alors, Jean-Marie Colombani, fit alliance
avec l’extrême-gauche pour assoir son pouvoir et dont la nomination du trublion
Edwy Plenel fut le point d’orgue avec quelques autres venus des groupuscules de
cette mouvance.
Ce fut l’époque des grandes enquêtes contre les socialistes
et la Mitterrandie, tous ces «social-traitres» que l’extrême-gauche voulait
abattre.
Parce qu’au Monde, on ne s’embarrasse même plus d’une
certaine distance journalistique que l’on appelle aussi la déontologie même si
on persiste, contre toute évidence, à nier l’engagement politique très à gauche
du journal.
Il suffit de voir le traitement réservé ces dernières
semaines à des personnalités comme Hillary Clinton, Emmanuel Macron ou Manuel
Valls pour se rendre compte que la ligne modérée mise en place par le
fondateur, Hubert Beuve-Méry, et suivie par ses successeurs à la tête du
quotidien pendant quelques décennies est du passé bien révolu.
On comprend bien, dès lors, que les centristes ne sont pas
les héros des journalistes du Monde, ni même des politiques qui méritent un
certain respect (sauf quand ils critiquent Nicolas Sarkozy ou François Hollande
d’où cette étonnante mansuétude envers François Bayrou…).
Dernière preuve en date, un papier sur la rivalité entre Alain
Juppé et Nicolas Sarkozy où l’on trouve cette citation mise en avant: «Pour ne
pas être caricaturé en ‘centriste’, le maire de Bordeaux a musclé son
discours».
Si l’on comprend bien la pensée du Monde, être centriste est
une insulte.
Sinon pourquoi donc Alain Juppé aurait peur d’être
«caricaturé» comme tel?
Le journal aurait pu tout simplement écrire que le maire de
Bordeaux réfute de l’être, qu’il ne pense pas en être un, qu’il ne pas partage pas
les valeurs du Centre, qu’il n’accepte pas d’être présenté comme tel par les
amis de Nicolas Sarkozy ou d’autres formules journalistiques et non partisanes.
Non, ils ont choisi «caricaturé».
Peut-être que Le Monde pourrait maintenant nous expliquer en
quoi être centriste est une caricature.
Au moins, le quotidien aurait le courage de ses opinions et
de sa ligne politique.
Centristement votre.
Le Centriste.