Selon le New York Times, Michael Bloomberg, l’ancien maire
de New York et propriétaire de l’empire des médias financiers qui porte son
nom, aurait demandé à ses collaborateurs et à ses soutiens de se tenir prêt en
vue d’une éventuelle candidature à la Maison blanche.
Le milliardaire âgé de 73 ans a toujours caressé l’idée de
se présenter à la présidentielle.
Catalogué comme un «independent» centriste, il a été tour à
tour membre du Parti démocrate et du Parti républicain, toujours membre de
l’aile centriste des deux grands partis.
Après trois mandats à la tête de la mairie de New York, il
avait décidé de reprendre les rênes de son entreprise et, dans le même temps,
de soutenir un certain nombre d’hommes et de femmes politiques modérés et/ou
qui luttaient pour un contrôle des armes à feu ou pour des mesures sanitaires
en matière d’alimentation ou encore pour la protection de l’environnement mais
sans descendre lui-même dans l’arène publique.
Même s’il a affirmé à plusieurs reprises qu’il était
intéressé par la présidence du pays, il a toujours fait remarqué que n’étant
pas membre d’un des deux grands partis, il avait peu de chance d’obtenir
l’investiture de l’un d’eux et que l’histoire prouvait qu’aucun candidat sans
avoir celle-ci ne pouvait l’emporter.
De plus, Bloomberg est un milliardaire newyorkais, juif,
divorcé et remarié, ce qui est généralement un handicap pour séduire les
électeurs de l’Amérique profonde.
Sauf que Donald Trump est en train de faire voler en éclat
ces postulats.
D’une part, une grande majorité de son électorat le suivrait
s’il n’était pas investi par les républicains et qu’il se présentait en
«independent».
D’autre part, comme Bloomberg, il est un milliardaire
newyorkais, divorce et remarié et, s’il n’est pas juif, il est incapable de
citer un passage de la Bible correctement.
Ce qui ne l’empêche pas d’être en tête des candidats
préférés des religieux intégristes chrétiens, notamment des évangélistes.
Car le succès de Trump, qui pourrait être aussi celui de
Bloomberg, est qu’il est en-dehors du système politique de Washington, qu’il n’a
pas besoin de l’argent venu d’ailleurs pour se présenter (ce qui fait qu’il est
vu comme n’étant pas prisonnier d’intérêts financiers et économiques
particuliers qui le financeraient) et qu’il dit ce qu’il pense.
De ce point de vue, Michael Bloomberg a toujours eu une
parole libre et est prêt, selon le New York Times, a dépensé un milliard de
dollars pour sa campagne.
De plus, ses chances de gagner, qu’il estimait nulles
auparavant, pourraient bien être réelles.
En effet, du côté républicain, ce sont deux candidats qui
font peur à une majorité d’Américains qui sont actuellement en tête des
intentions de vote, Donald Trump, le populiste démagogue, et Ted Cruz, l’homme
d’extrême-droite.
L’establishment républicain est en plein désarroi et tente
de torpiller ces deux candidatures sans succès pour l’instant.
Le magazine conservateur National Journal vient même de publier
un appel de nombreux intellectuels conservateurs pour faire barrage à Trump.
Du côté démocrate, le socialiste populiste anti-milliardaire,
Bernie Sanders fait mieux que se défendre face à Hillary Clinton et pourrait
bénéficier du même rejet de la classe politique (même si, paradoxalement, il en
fait partie depuis longtemps) pour la menacer, voire la battre pour être le
candidat du parti.
Si l’on se retrouve avec un duel Trump-Sanders (voire
Cruz-Sanders), Michael Bloomberg estime qu’il peut l’emporter en étant le
troisième homme providentiel de l’électorat modéré qui, jusqu’à preuve du
contraire, est nettement majoritaire aux Etats-Unis.
Interrogés par le New York Times, les collaborateurs de
Bloomberg ont expliqué avoir déjà «ébauché un plan de campagne dans lequel
l'ancien maire, une personnalité discrète et cérébrale, livrerait une série de
discours de politiques détaillées, soutenus par une campagne de spots TV
intense, qui le présenteraient aux électeurs dans tout le pays comme un
technocrate solutionneur de problèmes et un homme d'affaires self-made-man, qui
comprend l'économie et qui a géré une administration bipartisane à New York».
Quoiqu’il en soit, il a déjà commandé un sondage pour savoir
où il en était (dont les résultats demeurent secrets pour l’instant) et il
devrait en commander un après les premières primaires de l’Iowa et du New
Hampshire si Trump (ou Cruz) et Sanders les remportaient.
Si Michael Bloomberg se présentait face à Donald Trump et
Bernie Sanders, l’élection du 8 novembre prochain serait unique en son genre
depuis l’indépendance du pays, même pas comparable à celle de 1912 où Theodore
Roosevelt se présenta comme troisième homme face à Woodrow Wilson et William
Taft (ceux-ci n’étant pas des populistes ou des extrémistes).
Et, porter la première fois de l’histoire du pays, un «independent»
au pouvoir.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
A lire aussi :
Présidentielle USA 2016