Manuel Valls & Emmanuel Macron |
Valls et Macron visent-ils 2017 ou 2022?
Bien entendu, l’un et l’autre ne diraient pas non à une
victoire à la présidentielle en mai prochain, mais celle-ci semble hors de
portée pour l’instant tellement l’envie de passer à autre chose est forte chez
les Français, ce qui néanmoins handicape plus Manuel Valls qu’Emmanuel Macron.
En revanche, dans cinq ans la donne aura changé.
Dès le résultat de l’élection à la présidence de la
république, le PS sera au fond du trou après la défaite cuisante qui se profile
et d’autre part le Centre, avec l’inconséquence de leaders centristes plus
intéressés par leur avenir que celui de la France, sera à prendre.
Et les deux hommes auront alors, chacun de leur côté ou ensemble,
le temps de construire ce fameux axe central qui pourrait porter l’un d’eux à
l’Elysée.
Quoi qu’il en soit, la déclaration de candidature de Manuel
Valls dans sa mairie de Cergy-Pontoise a montré très clairement qu’ils allaient
labourer les mêmes terres même si Valls, à la marge, tentera de séduire
certains sympathisants de la gauche de la gauche alors que Macron essaiera de
s’attacher un partie des sympathisants de la droite modérée.
Ainsi, l’ancien premier ministre de François Hollande a
désigné ses adversaires qui seront le candidat de la Droite, François Fillon,
et la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen.
Et il n’a pas cité les centristes comme tels.
Pour se démarquer d’Emmanuel Macron et légitimer sa
candidature – le leader d’En marche le devançant nettement dans les sondages
actuellement –, Manuel Valls a choisi le thème de la révolte et répondre à
celui de la révolution (démocratique) de son concurrent.
En revanche, et Valls, et Macron, ont placé leurs
candidatures sous les auspices de la réconciliation (Valls y ajoutant la
conciliation).
Au-delà des mots, y a-t-il une différence politique entre
les deux programmes?
S’il est encore trop tôt pour répondre définitivement
puisque l’on ne connait pas en détail les propositions de Valls tandis que
Macron distille ses mesures au compte-gouttes, le social-réformisme du premier
semble plus social que le social-libéralisme du second qui se positionne plus
sur l’économique.
En outre, Valls joue la carte de la légitimité à tous les
niveaux, en bon militant socialiste, il se présente, par exemple, à la primaire
de son parti.
Mais il joue également celui de l’homme fort, image qu’il a
travaillé pendant tout le quinquennat d’Hollande, d’abord en tant que ministre
de l’Intérieur où il est apparu parfois comme un Sarkozy de gauche, puis en
tant que premier ministre où il est souvent intervenu dans les matières
concernant la sécurité des Français.
Reste que Valls comme Macron sont deux pragmatistes qui se
méfient des idéologies étriquées, souhaitant réaliser une synthèse très large
qui dépasse de loin la Gauche, à laquelle ils déclarent appartenir.
Enfin, si les deux hommes sont centro-compatible sur bien
des points, il est sûr qu’Emmanuel Macron s’est installé au centre de l’échiquier
politique alors de Manuel Valls, lui, est plutôt dans une situation bancale où
il lui faudra beaucoup de persuasion pour se montrer à la fois compatible avec
un sympathisant du Front de gauche et un de l’UDI.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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