lundi 12 décembre 2016

Présidentielle 2017. Macron occupe la place laissée vide par les centristes

Le succès du meeting d’Emmanuel Macron ce samedi à la Porte de Versailles à Paris a définitivement lancé sa campagne et, sans doute, installé dans le long terme sa présence dans la politique française.
A l’inverse d’Alain Juppé, autre représentant de l’axe central, qui a eu le tort de se présenter à la primaire de la Droite, y perdant à la fois la présidentielle et son statut politique, le fondateur d’En marche avait bien compris qu’il n’avait rien à attendre d’une primaire de la Gauche et qu’il devait y aller seul, comme Bayrou l’avait suggéré à Juppé...
Car ces scrutins sont évidemment, de manière fondamentale et structurelle, défavorables aux candidats centro-compatibles qui font face à des militants et des sympathisants qui votent généralement pour les personnalités bien plus dans la ligne officielle que celles qui en ont une vision transgressive.
Juppé – qui pouvait jouer de sa stature de leader de la Droite – l’a appris à ses dépends alors que Macron – qui n’a pas cette assise – n’a pas voulu tomber dans le piège.
D’autant qu’il a trouvé son espace politique qui va du centre-droit au centre-gauche.
Car cet espace était vide, laissé vacant par le renoncement des partis centristes d’avoir un candidat et l’impossibilité pour Juppé mais aussi pour Valls de le représenter sans se mettre à dos leur base idéologiquement marquée à droite et à gauche.
Mais il ne faudrait pas en conclure comme le font les leaders centristes qu’Emmanuel Macron occupe cet espace de manière illégitime et, surtout, espérer qu’il n’est qu’un épiphénomène surfant sur une vague anti-establishment.
D’abord parce que l’homme ne vient pas de nulle part et que depuis deux ans son discours social-libéral, progressiste, humaniste et centro-compatible est non seulement structuré mais cohérent.
Ensuite parce qu’il séduit, non pas avec des propos alarmistes (comme un Jean-Marie Le Pen) ou une faconde superficielle (comme un Bernard Tapie) mais grâce à une démarche dynamique et positive qui fait qu’il ne peut être assimilé aux populistes démagogues qui profitent du désarroi actuel des peuples occidentaux comme Trump, Orban, Farage, Iglesias, Tsipras, Grillo et, bien évidemment, Mélenchon et Le Pen.
Ses accents populistes sont certes regrettables, cependant ils n’ont pas pour but une attaque de la démocratie républicaine mais plutôt sa défense, ce qui est le contraire de tous les démagogues que l’on vient de citer.
De même, quel que soit son résultat à la présidentielle, il continuera son combat politique ce qui demandera inévitablement une clarification de la part des centristes à son égard et vis-à-vis de leur opposition systématique d’aujourd’hui.
Ce n’est pas pour rien que des militants centristes l’ont d’ores et déjà rejoint et que nombre d’électeurs centristes ont indiqué dans les sondages qu’ils voteraiet pour lui ou qu’ils pourraient le faire.
Ainsi, la recomposition de l’espace centriste, tombé en déshérence depuis le début de ce siècle -- le résultat de François Bayrou à la présidentielle de 2007 n’ayant été qu’un épisode sans lendemain d’une fausse renaissance – pourrait bien être initiée par une personnalité extérieure à celui-ci comme ce fut le cas avec Valéry Giscard d’Estaing dans les années 1970.


Alexandre Vatimbella



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