En 2007, Bayrou avait fait le buzz en donnant une gifle à un
jeune qui venait de lui faire les poches ce qui avait lancé sa campagne au bout
de laquelle il fera un surprenant 18,57% lors du premier tour de la
présidentielle.
Aujourd’hui, le président du MoDem ne voudrait pas le faire
en la recevant de l’électorat comme l’a reçue Nicolas Sarkozy en se présentant
à la primaire LR, François Hollande, lui, n’ayant pas voulu la recevoir ce qui
l’a conduit à ne pas se représenter pour un nouveau mandat.
Obtenant actuellement un maigre score dans les sondages
(entre 5% et 8%), il louvoie dans un discours où l’on sent tout son désarroi.
Exemple lors de son passage à l’émission de Jean-Jacques
Bourdin sur BFMTV.
«- J’ai une question directe: pourquoi ne serez-vous pas
candidat à l’élection présidentielle?
Pourquoi dites-vous cela? Vous prêchez le faux pour
savoir le vrai.
- Non, non.
La question est très simple. L’élection présidentielle,
c’est deux choses: une personnalité et un projet. Les deux comptent, et
simplement, le projet que je ressens comme nécessaire pour la France, pour
l’instant, n’est pas exprimé et n’est pris en compte par personne. La
personnalité de François Fillon – vous savez bien que j’ai de l’amitié pour lui
depuis longtemps – est une personnalité sur laquelle il n’y a aucun obstacle.
Mais le programme qu’il a choisi de porter mérite que l’on ouvre les yeux, que
la France, les Français, y compris de son camp, se posent des questions et
s’interrogent. Je suis là pour que les yeux s’ouvrent et que l’on se pose
vraiment les questions nécessaires.
- Alors ma question est une mauvaise question.
Votre question est une question souriante.
- Alors je repose ma question: pourquoi seriez-vous candidat
à la présidentielle?
On est candidat à l’élection présidentielle lorsque l’on
sait avec certitude que ce que l’on porte n’est porté par personne d’autre et
que c’est essentiel pour l’avenir du pays.
- C’est ce que vous savez aujourd’hui.
Je n’ai pas dit cela.
- Vous venez de me dire «personne ne porte les idées que je
défends».
Au-delà des sourires, c’est un choix, une décision qui est
assez lourde, que je connais un peu. Cette décision lourde ne peut être prise
qu’au terme – on dit d’un processus – d’une réflexion, au terme d’un travail
par étape. C’est ce travail par étape que je lance en disant: on est
aujourd’hui au terme de la primaire de la droite, on est aujourd’hui devant un
candidat estimable mais dont le projet est, sur des points essentiels, un projet
qui ne correspond pas aux nécessités de la France. Il correspond aux nécessités
de l'électorat de la primaire, qui est un électorat qui n’est pas celui de la
France au sens large.»
Le malaise est palpable dans cet échange où il prépare le
terrain pour justifier, et sans candidature, et sa non-candidature...
François Bayrou veut évidemment se présenter mais son espace
politique semble très réduit.
D’un côté, il n’y a pas l’épouvantail Sarkozy qui lui aurait
ramené les voix de la grande majorité des centristes et une partie des voix des
droitistes modérés.
De l’autre, il y a le jeune Emmanuel Macron qui lui prend un
nombre conséquent de voix centristes tout en séduisant la gauche et la droite
modérées.
Lorsqu’il s’imaginait candidat voici quelques mois, Sarkozy
était là et Macron était absent.
Voilà qui rabat les cartes d’autant que l’atmosphère semble
être au renouvellement de la classe des politiques et François Bayrou,
contrairement à ce qu’il croyait, fait plutôt partie de ceux que les Français
veulent remplacer plutôt que du sang nouveau qu’ils veulent insuffler à la vie
politique.
La seule chance de Bayrou est que la bulle Macron se
dégonfle et que Fillon dérape de plus en plus sur sa droite avec un candidat PS
qui ne soit pas à la hauteur (Montebourg, par exemple).
Cela fait beaucoup de paramètres positifs qui doivent
survenir et qui ne sont pas les plus probables.
Si François Fillon peut effectivement déraper, et il vient
de le faire en rallumant inutilement la confrontation sur les nationalisations
d’entreprises publiques, il tentera plutôt de rassembler que de cliver.
En outre, on voit mal Emmanuel Macron baisser dramatiquement
dans les sondages (mais ce n’est pas impossible) et le candidat socialiste
devrait plutôt s’appeler Manuel Valls qu’Arnaud Montebourg.
Reste que François Bayrou se donne désormais du temps puisqu’il
a indiqué qu’il n’annoncerait sa décision finale que fin janvier-début février
dans l’espoir que le vent tourne en sa faveur, une espérance à la hauteur de
son désarroi.
Parce que ce n’est pas seulement son avenir politique qui
est en jeu, c’est tout le sens de son existence.
Alexandre Vatimbella
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