La Diète de Pologne |
Vainqueur contre toute attente et de manière surprenante des
dernières élections présidentielle et législative en 2015 face au Centre, le
parti Droit et justice de droite extrême et aux forts relents d’extrême-droite,
tente, depuis sont arrivée au pouvoir de rogner les libertés fondamentales,
dont celle de l’opposition et celle de la presse, ainsi que de faire prendre un
tournant conservateur radical à la société polonaise.
Devant une volonté de s’attaquer systématiquement à la
démocratie, l’opposition centriste de la Plate forme civique mais aussi du
Parti Nowoczesma (libéral) se dresse par tous les moyens légaux possibles
contre cette menace particulièrement forte dans un pays de l’Union européenne
qui a été plusieurs fois rappelé à l’ordre par la Commission de Bruxelles.
Plusieurs députés de l’opposition occupent ainsi la tribune
de l’Assemblée nationale quand d’autres campent devant ses portes pour
protester contre les dernières décisions prises par le gouvernement dirigé par
la premier ministre Beata Szydlo, créature du véritable détenteur du pouvoir,
le président de Droit et Justice, l’ancien premier ministre réactionnaire,
Jaroslaw Kaczynski, qui ont mis le feu aux poudres.
Il faut dire qu’il s’agit rien de moins que de limiter les
droits de la presse politique et notamment de la branche parlementaire qui
serait quasiment empêchée de travailler librement afin de permettre aux députés
de la majorité d’agir à leur guise et de prendre des décisions en catimini.
Car l’agenda ultraconservateur de Kaczynski a déjà connu
plusieurs échecs avec rétropédalage du gouvernement notamment sur l’avortement
à cause de campagnes de presse, les médias indépendants étant devenus la
véritable bête noire du pouvoir en place.
Mais la volonté de changer la Pologne en une sorte de régime
autoritaire à l’idéologie catho-traditionnaliste reste entière de la part du
gouvernement.
Et la décision prise par celui-ci de faire voter le budget
dans une salle annexe en empêchant les députés de l’opposition d’y participer
montre toute la gravité de la situation.
D’où une mobilisation de la société civile polonaise avec,
notamment, la création du Comité de défense de la démocratie (KOD) d’autant qu’un
des derniers remparts contre l’extrémisme de Droit et justice, le Tribunal
constitutionnel, est en train de céder.
Avec la fin du mandat de son président libéral et adversaire
acharné des coups de force du pouvoir, Andzrej Rzeplinski, l’instance juridique
suprême pourrait devenir une autre arme dans les mains du pouvoir pour
restreindre les libertés.
L’homme a été remplacé, grâce à une loi votée récemment et
très controversée quant à sa légalité, par Julia Przylebska dont la mission de
son mandat de neuf ans est, selon les termes même du chef de l’Etat, Andzrej
Duda, de remettre «de l’ordre dans le Tribunal».
On parle souvent du danger que représente Fidesz, le parti
de droite extrême au pouvoir en Hongrie dirigé par le premier ministre
populiste Viktor Orban, mais la menace la plus grave pourrait venir, à terme,
de celui de la Pologne.
D’où les mises en garde répétées de la Commission européenne,
beaucoup des décisions déjà prises ou qui doivent être prises par le
gouvernement polonais sont en effet incompatibles avec le droit européen.
Bruxelles donne ainsi deux mois à la Pologne pour répondre à
des recommandations qu’elle lui a adressées faute de quoi des sanctions
pourraient être prises s’il était démontré que cette dernière a violé de
manière persistante et grave l’Etat de droit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.