vendredi 30 décembre 2016

Une semaine en Centrisme. La philosophie de Macron est très centriste


A chaque discours, à chaque interview d’Emmanuel Macron et à chaque publication de textes par En marche, on peut, en les analysant, se rendre compte de la proximité entre la philosophie de la démarche du candidat à l’élection présidentielle et de son mouvement avec celle du Centrisme.
Son social-libéralisme est ainsi beaucoup plus proche du libéralisme social du Centre que de la social-démocratie, voire même que la social-réformisme de Manuel Valls.
La plaquette qu’En marche a diffusée pour les fêtes de Noël en est le parfait exemple.
Celle-ci contient plusieurs propositions dont la plupart sont déjà connues mais, surtout, elle propose une explication de texte sur le positionnement de son fondateur, Emmanuel Macron.
Celui-ci est résumé dans ce passage que tout leader ou parti centristes auraient pu faire leurs:
«Nous croyons au progrès face à tous les conservatismes. Nous croyons que le temps n’est pas aux petits ajustements mais à l’innovation radicale. Nous croyons en l’émancipation de tous. Nous croyons que le destin de l’Europe et celui de la France sont indissociables. Nous croyons en notre capacité à agir ensemble».
Quant au progressisme macronien, il se nourrit fortement de Centrisme lorsqu’il déclare que nous sommes «égaux devant la liberté» et que «nous devons nous battre pour réconcilier deux valeurs que nous avons trop souvent opposées, que la droite et la gauche ont respectivement monopolisées, alors que la devise de notre pays les place sur le même plan: la liberté et l’égalité».
Et s’il faut «réunir la liberté et l’égalité», c’est pour une société plus efficace et plus juste».
L’influence centriste se fait encore particulièrement prégnante quand il est affirmé que «notre pays est le champion des blocages, qui empêchent trop souvent l’émancipation de chacun».
De même, en matière d’ouverture vers le monde.
Pour Emmanuel Macron, «les progressistes doivent se battre et rappeler que la mondialisation sans règle, sans protection et sans redistribution est insupportable, mais aussi que, sans intégration à l’économie mondiale et sans modernisation de notre économie, notre pays serait condamné à la stagnation et au déclin».
Tout cela amène à la transformation de la société qu’il souhaite initier:
«Passer d’une société des statuts à celle des sécurités individuelles, dans laquelle on protège les individus, pas les postes. Passer d’une économie de rattrapage à une économie de l’innovation, déconcentrée, plus horizontale, plus agile et plus inventive. Passer d’un modèle centralisé de décisions unilatérales à un modèle plus équilibré qui s’appuie sur la vitalité de la société dans tous les territoires et permet à chacun de s’engager. Passer d’un pays inégalitaire à une société juste en répondant à l’envie de chacun de pouvoir faire ses choix, et à la nécessité d’être solidaires, en particulier envers les plus faibles».
Emmanuel Macron estime que ces changements prendront dix ans et que l’énergie existe en France pour y parvenir.
Quoi qu’il en soit, ce qu’il appelle une «mission» a un fort goût centriste.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


jeudi 29 décembre 2016

Actualités du Centre. Bayrou dément les tractations avec Fillon

Comme on pouvait s'y attendre, le président du Mouvement démocrate a indiqué au journal La République des Pyrénées que les informations publiées par le Canard Enchaîné sur des tractations entre lui et François Fillon à propos de son rôle lors de la présidentielle étaient «de l’intox» et des «billevesées».
Rappelons que selon l’hebdomadaire satirique, le candidat LR aurait proposé à François Bayrou un deal avec deux choix.
Soit le centriste se présente à la présidentielle et, après le premier tour il se retire en appelant à voter pour lui au second tour, soit il rallie immédiatement son camp.
Dans les deux cas, selon le Canard, il obtiendrait, en échange, un groupe à l’Assemblée nationale, soit au moins quinze députés.
Cette double proposition serait un moyen pour François Fillon de contrer la candidature d’Emmanuel Macron dont la dynamique inquiète beaucoup le camp de la Droite, les enquêtes d’opinion montrant que le leader d’En marche séduit nombre d’électeurs de la droite modérée et, surtout, du Centre en plus de ceux de la gauche modérée et de ceux qui ne se reconnaissent ni de droite, ni de gauche.
En mettant Bayrou dans les pattes de Macron, Fillon espèrerait que le premier prendra au second les quelques pourcents qui l’empêcheront d’être présent au second tour.
De même, un ralliement immédiat de Bayrou à Fillon pourrait également priver Macron des voix nécessaires à une présence au second tour.
Ces informations viennent alors que le président du Mouvement démocrate ne sait pas encore s’il va se présenter à la présidentielle.
Après la défaite d’Alain Juppé à la primaire LR, il a en effet repris sa liberté.
Néanmoins, une candidature automatique de sa part qui aurait été de mise si Nicolas Sarkozy avait été le candidat de LR, n’a pas été son choix face à François Fillon même s’il a vertement critiqué son programme le qualifiant de «dangereux», entre autres.
Mais son espace électoral étant réduit du fait de la présence d’Emmanuel Macron, François Bayrou pourrait être plus enclin à reporter sa quatrième candidature à la présidentielle en 2022 et à structurer son parti, en lui donnant une meilleure assise avec nombre d’élus, pour avoir plus de poids politique lors du prochain quinquennat qu’il n’en a eu dans celui qui se termine.


mercredi 28 décembre 2016

Présidentielle 2017. Quand Fillon tente de torpiller les candidatures de Bayrou et de Macron

Bayrou & Fillon négocient-ils?
L’équipe de campagne de François Fillon est en train de mettre la zizanie dans l’espace central en tentant de déconsidérer François Bayrou tout en préparant un plan anti-Macron.
On a entendu récemment plusieurs des membres de l’équipe du candidat LR parler d’initiatives pour contrer la sympathie que suscite le leader d’En marche dans l’électorat du Centre et de la droite modérée.
Voilà que des «fuites» révélées par le Canard Enchaîné laissent entendre que François Fillon aurait proposé un deal à François Bayrou pour empêcher Macron d’être en capacité d’être présent au second tour de la présidentielle.
On sait que le président du Mouvement démocrate n’aime pas le programme très à droite de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Mais, il déteste encore plus Emmanuel Macron qui semble lui barrer la route pour une quatrième candidature à l’Elysée comme l’indiquent les sondages actuellement, plus, être en position de lui ravir la place de chef de file de l’espace centriste.
Toujours est-il que François Bayrou a préféré attendre avant de prendre sa décision de se présenter ou non.
C’est dans cette optique que les propositions de Fillon auraient été faites.
Selon l’hebdomadaire, ce dernier aurait laissé le choix à Bayrou soit de rallier immédiatement sa candidature et de ramener avec lui les voix des électeurs du MoDem en échange d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale pour son parti qui n’a plus aucun député à l’heure actuelle, soit de se présenter pour prendre des voix directement à Macron et de se désister à l’issue du premier tour pour lui en échange d’un nombre conséquent de députés.
On comprend bien que Fillon tend un piège à Bayrou et à Macron pour récupérer à peu de frais leurs électorats.
En faisant circuler cette information, le camp Fillon laisse entendre que le leader du MoDem ne serait plus qu’un pion dans la stratégie électorale du candidat LR.
Sa défaite programmée dès le premier tour serait donc instrumentalisée par ce dernier qui en tirerait profit quoi qu’il arrive.
Mais si son opportunisme serait alors révélé en cas d’accord, pourquoi Bayrou pourrait être tenté par ce deal?
Comme on l’a dit ici, le président du Mouvement démocrate est tout à fait capable de sauter cette élection – en ne se présentant pas ou en faisant une candidature de témoignage – pour revenir plus fort en 2022.
Et si, pendant le prochain quinquennat de Fillon, il possède un groupe parlementaire, il sera en capacité de peser sur la politique et de crédibiliser sur son nom une possible alternance.
Cependant, les risques sont grands pour François Bayrou de n’apparaître que comme un politicien qui fait des calculs d’épicier.
Néanmoins, sont-ils plus importants que ceux de disparaître du jeu politique s’il ne se présente pas en 2017 ou s’il est battu à plate couture par Emmanuel Macron sans contrepartie?
Quant à ce dernier, les quelques pourcents que lui ôterait une candidature Bayrou ou son ralliement dès le premier tour à Fillon pourraient très bien faire la différence en le privant le leader d’une présence au second tour en lieu et place du candidat LR.
Voilà donc des bruits très nauséabonds pour l’espace centriste et l’axe central qui ne vont pas aider les Français à faire confiance en ses représentants.
A noter que si ces propositions ont réellement eu lieu, François Fillon fait exactement ce qu’il a reproché à Alain Juppé de faire, un accord avec François Bayrou, l’homme honni par les sympathisants LR.
Alors que rien n’est venu prouver que le maire de Bordeaux avait fait des promesses à celui de Pau, cela lui a sans doute fait perdre la primaire de LR.
Entre son programme qui est en train d’être amendé et des négociations qu’il avait pourtant fustigées, Fillon montre que son image de clarté et d’honnêteté qu’il voulait imposer était plutôt une posture.
Enfin, il est hautement probable que François Bayrou réagisse en niant toute négociation de ce type avec François Fillon.


Alexandre Vatimbella



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Présidentielle USA 2016. Quand 77744 voix font gagner et 2,9 millions perdre!

Hillary Clinton & Donald Trump
On connait maintenant les résultats définitifs de l’élection présidentielle américaine dont le processus s’est achevé avec le vote des grands électeurs le 19 décembre dernier qui a confirmé la victoire du républicain Donald Trump en nombre de délégués mais par en nombre de voix, lui permettant de devenir, en janvier prochain, le 45° président des Etats-Unis.
Comme on le sait depuis le lendemain du 8 novembre, c’est la centriste Hillary Clinton qui a remporté haut la main le vote populaire avec une marge qui est devenue de plus en plus impressionnante au fil du processus de dépouillement.

Ainsi, la candidate démocrate a obtenu 65865075 voix soit 2864974 suffrages de plus que son adversaire républicain (qui a obtenu 62979879 voix).

Le plus grand écart en faveur d’un perdant était jusqu’à présent celui du démocrate Al Gore face à George W Bush en 2000 et se montaient à 543816 voix.

Ce qui donne à Clinton 48,04% des voix contre 45,95% à Donald Trump soit un écart de 2,1% en sa faveur.

Seul le démocrate Samuel Tilden avait obtenu un écart plus important en étant battu, 3%, en 1876.

A l’époque, son élection lui avait été «volée» par une commission bipartisane, composée de démocrates et de républicains.

Après moult tractations, les décisions de celle-ci avaient abouti à un grand marchandage où les Etats du Sud avaient obtenu de ne plus être sous la tutelle du gouvernement fédéral, ce qui était le cas depuis la fin de la Guerre de sécession, et leur avait permis de mettre en place toutes les mesures racistes à l’encontre de leur population noire.

A noter que, à chaque fois, le candidat lésé est un membre du Parti démocrate…

Ce qui est également impressionnant, c’est qu’elle a obtenu plus de voix que n’importe quel président blanc n’a jamais obtenu pour se faire élire (seul Barack Obama a fait mieux qu’elle) alors qu’elle est la perdante.

De son côté, Donald Trump a obtenu 306 des grands électeurs contre 232 à Clinton (il en faut 270 pour être élu) et a gagné 30 Etats contre 20 (plus le district de Columbia) à son adversaire démocrate.

Lors du vote des grands électeurs, le républicain a obtenu 304 suffrages, soit deux d’entre eux qui ont décidé de ne pas voter pour lui comme le prévoit certains Etats, et la démocrate 227, soit cinq de moins.

Une autre statistique va faire réfléchir sur la nécessité d’une réforme en profondeur du système électoral américain.

Si Hillary Clinton a perdu avec près de 2,9 millions de voix d’avance, il n’en a fallu que 77744 à Donald Trump pour l’emporter!

C’est le nombre de voix d’avance qu’il a obtenu dans les trois Etats-clés – les fameux «swing states» – que sont le Michigan, la Pennsylvanie, le Wisconsin et qui lui ont permis d’obtenir plus de grands électeurs.
Cela correspond à 0,22% de plus de voix que Clinton dans le Michigan, 0,72% en Pennsylvanie et 0,76% au Wisconsin.

Cet écart représente un vingtième d’un pourcent des 136 millions de votes lors de cette élection…

Lorsque l’on sait que dans ces Etats, comme dans d’autres, nombre d’électeurs démocrates ont été refoulés, le plus souvent injustement, des bureaux de vote parce qu’ils n’étaient pas soi-disant en règle pour pouvoir exercer leur droits de vote, on comprend bien toute la problématique des élections américaines où ce n’est pas seulement son système à double étage, vote populaire pour des grands électeurs qui votent pour le président, qui est en cause.

Ainsi, depuis des années, le Parti républicain qui connait la démographie du pays qui est en sa défaveur – comme cette élection l’a une nouvelle fois montré alors même que nombre de partisans démocrates ne se sont pas déplacés – essaie par tous les moyens de restreindre le droit de vote de groupes sociaux et ethniques dans les Etats qu’il contrôle, sachant que ceux-ci votent très majoritairement démocrate.

D’ailleurs, avant le 8 novembre, jour du scrutin, plusieurs décisions judiciaires avaient été rendues pour annuler des lois iniques mises en place par les républicains.

Et l’on devra, par exemple, revoter en Caroline du Nord à la fin 2017 pour des élections législatives depuis qu’un tribunal fédéral a déclaré le redécoupage des circonscriptions opérées par le Parti républicain, illégal parce que raciste.



Alexandre Vatimbella