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mercredi 23 novembre 2016

Vues du Centre – Jean-François Borrou. Fillon: un conservateur thatchérien peu centro-compatible

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Margaret Thatcher, modèle de François Fillon
François Fillon a raison, il na jamais été un libéral.
Mais il oublie de dire que sa nouvelle idole, Margaret Thatcher, non plus.
Elle était conservatrice à l’extrême en toutes les matières, sauf en économie où elle était ultralibérale, idéologie conservatrice qui empruntait au libéralisme mais pour le pousser jusqu’à ses extrémités en en faisant un ennemi du vrai libéralisme.
On l’a vu, non seulement, dans ses années où elle a dirigé le Royaume Uni mais aussi dans un certain nombre de pays où son programme a fait figure de modèle, en particulier lors de la présidence de Ronald Reagan aux Etats-Unis, même si ce dernier l’édulcora grandement.
Et il suffit d’écouter les meetings de François Fillon et de lire son programme électoral pour voir que cette filiation thatchérienne n’est pas revendiquée par l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy pour rien.
Si l’on voulait faire une comparaison qui vaut ce qu’elle vaut, Nicolas Sarkozy était le Donald Trump, populiste et démagogue, de la primaire, François Fillon en est le Ted Cruz, ultraconservateur et ultralibéral.
Un Fillon qui est donc un conservateur thatchérien, «droit dans ses bottes» comme dirait son adversaire du deuxième tour de la primaire de LR, et, à ce titre peu centro-compatible.
François Bayrou l’a d’ailleurs très bien analysé en déclarant à l’Agence Reuters, que «les choix que je découvre dans le projet que présente François Fillon sont des choix qui me paraissent dangereux pour l'alternance et pour le pays» et qui a ajouté que la primaire de LR était le «triomphe des noyaux durs» de la Droite.
Pour les centristes, il faut donc ne pas commettre l’erreur de prendre le Fillon d’aujourd’hui avec celui d’il y a vingt ou trente ans, celui qui voulait représenter le «gaullisme social» et qui était proche de Philippe Seguin.
Celui de 2016 n’a plus grand-chose à voir, que ce soit par conviction ou par positionnement politicien.
Si Nicolas Sarkozy représentait une menace populiste, Fillon, lui, représente une menace beaucoup plus extrémiste s’il met en pratique ses propositions et si ses déclarations ont un sens.
Et quand il parle d’aller de l’avant, tout centriste qui se respecte sait qu’il n’est ni progressiste, ni réformiste, ni humaniste et que ce qu’il propose est un mélange de retour en arrière, souvent de manière assez obscurantiste, et de la prise d’un chemin de traverse très périlleux voire très dangereux pour le pays qu’il parvienne à mettre son programme en place ou qu’il échoue.
Dans les deux cas, il pourrait bien être un atout majeur pour le Front national dans l’optique de l’après 2017.

Jean-François Bourrou



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