Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à
cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Margaret Thatcher, modèle de François Fillon |
François Fillon a raison, il na jamais été un libéral.
Mais il oublie de dire que sa nouvelle idole, Margaret
Thatcher, non plus.
Elle était conservatrice à l’extrême en toutes les matières,
sauf en économie où elle était ultralibérale, idéologie conservatrice qui
empruntait au libéralisme mais pour le pousser jusqu’à ses extrémités en en
faisant un ennemi du vrai libéralisme.
On l’a vu, non seulement, dans ses années où elle a dirigé
le Royaume Uni mais aussi dans un certain nombre de pays où son programme a
fait figure de modèle, en particulier lors de la présidence de Ronald Reagan
aux Etats-Unis, même si ce dernier l’édulcora grandement.
Et il suffit d’écouter les meetings de François Fillon et de
lire son programme électoral pour voir que cette filiation thatchérienne n’est
pas revendiquée par l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy pour rien.
Si l’on voulait faire une comparaison qui vaut ce qu’elle
vaut, Nicolas Sarkozy était le Donald Trump, populiste et démagogue, de la
primaire, François Fillon en est le Ted Cruz, ultraconservateur et ultralibéral.
Un Fillon qui est donc un conservateur thatchérien, «droit
dans ses bottes» comme dirait son adversaire du deuxième tour de la primaire de
LR, et, à ce titre peu centro-compatible.
François Bayrou l’a d’ailleurs très bien analysé en déclarant
à l’Agence Reuters, que «les choix que je découvre dans le projet que présente
François Fillon sont des choix qui me paraissent dangereux pour l'alternance et
pour le pays» et qui a ajouté que la primaire de LR était le «triomphe des
noyaux durs» de la Droite.
Pour les centristes, il faut donc ne pas commettre l’erreur
de prendre le Fillon d’aujourd’hui avec celui d’il y a vingt ou trente ans,
celui qui voulait représenter le «gaullisme social» et qui était proche de
Philippe Seguin.
Celui de 2016 n’a plus grand-chose à voir, que ce soit par
conviction ou par positionnement politicien.
Si Nicolas Sarkozy représentait une menace populiste,
Fillon, lui, représente une menace beaucoup plus extrémiste s’il met en
pratique ses propositions et si ses déclarations ont un sens.
Et quand il parle d’aller de l’avant, tout centriste qui se
respecte sait qu’il n’est ni progressiste, ni réformiste, ni humaniste et que
ce qu’il propose est un mélange de retour en arrière, souvent de manière assez
obscurantiste, et de la prise d’un chemin de traverse très périlleux voire très
dangereux pour le pays qu’il parvienne à mettre son programme en place ou qu’il
échoue.
Dans les deux cas, il pourrait bien être un atout majeur
pour le Front national dans l’optique de l’après 2017.
Jean-François Bourrou
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