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jeudi 24 novembre 2016

Vues du Centre – Aris de Hesselin. Chers amis américains, pourquoi votre vote n'a compté pour rien

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Chers amis Américains,

Si Hillary Clinton avait gagné avec une seule voix d’avance le vote populaire mais avait perdu l’élection présidentielle dû au système électoral américain d’un autre âge, alors aucune voix qui s’est portée sur la candidate démocrate n’aurait compté et, par extension, toutes les voix de tous les votants n’auraient compté pour rien, annihilant l’esprit même du régime démocratique.
Or Hillary Clinton l’a emporté avec plus de deux millions de voix!
Il y a donc plus de deux millions de raisons qui font que votre voix n’a compté pour rien…
C’est une logique imparable dans une démocratie où c’est la personne qui remporte la majorité des votes qui doit être élue, sinon nous ne sommes plus dans un système démocratique mais dans autre chose.
C’est la même chose avec le fait que si une seule personne n’est pas libre alors le pays dans lequel elle vit n’est pas une démocratie.
Donc, le jour où les résultats officiels seront publiés puis le jour où Donald Trump sera intronisé président des Etats-Unis, il s’agira de deux dénis de démocratie dans le pays qui se prétend la plus vieille démocratie du monde.
Voilà qui fait un peu désordre et qui ne devrait pas exister car les Etats-Unis sont bien évidemment un pays libre qui respecte les valeurs démocratiques.
Mais ils ne peuvent se prévaloir de la définition de la démocratie donnée par Abraham Lincoln d’«un gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple» en 1863 sur le champ de bataille de Gettysburg.
A l’époque, aucune élection présidentielle n’avait élu un candidat qui n’avait pas gagné officiellement le vote populaire.
Depuis, cela est survenu trois fois dont deux au XXI° siècle, en 2000 où George W Bush a été élu face à Al Gore et en cette année 2016 avec l’élection de Donald Trump.
Avec ces deux millions de voix en faveur de la perdante, chers amis, vous suscitez l’incrédulité et un peu la moquerie dans le monde entier, vous qui aimez bien donner des leçons de démocratie.
Pire, vous justifiez certaines critiques des adversaires de la démocratie du côté de Moscou ou de Pékin.
Il va falloir vous mettre à la modernité en la matière d’autant que le système qu’’avait inventé vos Pères fondateurs devaient empêcher un Trump de rentrer à la Maison blanche sauf qu’il permet exactement le contraire et, donc, ne se justifie plus du tout, si jamais cela le fut…
C’est le problème avec votre fétichisme assez incroyable qui a été de ne pratiquement jamais vouloir toucher à votre Constitution en n’y ajoutant que quelques amendements – après les premiers qui y furent accolés très rapidement pour rattraper des oublis.
Ainsi de ce fameux deuxième amendement qui permet à chaque Américain de pouvoir posséder une arme à feu et à des extrémistes et des dérangés du cerveau d’en profiter pour faire des massacres alors même que celui-ci ne devait permettre que de pouvoir former une milice le plus vite possible sachant que les Etats-Unis de l’Indépendance n’avaient pas de réelle armée pour défendre le pays.
Oui, cher amis Américains, il serait temps de vous émanciper de votre histoire qui, parce qu’elle est courte, a pris une importance démesurée dans votre présent.
Certaines des traditions, dont celle du collège électoral ou du droit de porter une arme, n’ont plus de légitimité aujourd’hui.
Surtout, en continuant à les pratiquer, votre pays cause du tort à votre démocratie et à ses citoyens.

Aris de Hesselin



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