Aux Etats-Unis, il y a trois chaînes d’information en
continu.
Il y a Fox news, la chaîne située à la droite radicale,
voire à l’extrême-droite, fondée par le magnat australien de la presse, Rupert
Murdoch, et qui a pris fait et cause pour la droite du Parti républicain depuis
sa création.
Il y a MSNBC, la chaîne située au centre-gauche, voire à
gauche, émanation d’un des grands réseaux nationaux, NBC, et qui est un
soutient du Parti démocrate.
Et puis, il y a CNN, la doyenne mondiale des chaînes
d’information, propriété de Time Warner (et peut-être bientôt d’AT&T),
fondée par Ted Turner et basée à Atlanta (Géorgie), que l’on pouvait qualifier
de chaîne centriste et modérée, en tout cas, voulant demeurer équilibrée entre
les démocrates et les républicains.
Après avoir dominé pendant longtemps l’information
télévisée, CNN a connu une baisse de régime qui a permis à Fox news de passer
devant elle en termes d’audience avant qu’elle ne récupère sa première place
récemment grâce à une ligne éditoriale plus agressive.
Mais c’est justement cette nouvelle manière de traiter
l’information, où le mélange de «breaking news» (prime à l’évènement important
et immédiat) à tout va et sans réel motif valable avec une dose de
dramatisation style entertainement qui permet de tenir en haleine le
téléspectateur pour qu’il ne zappe pas, qui la met au centre aujourd’hui d’une
polémique sur sa manière de couvrir cette élection présidentielle où elle est
constamment tenue en otage par la stratégie médiatique de Donald Trump mais
aussi où elle profite de ce dernier pour se vendre au public comme une vulgaire
entreprise de mauvais spectacle de cirque.
Ainsi, son refus obstiné de voir une quelconque différence
entre une candidate «traditionnelle» d’un grand parti et un candidat populiste
démagogue qui utilise le mensonge et les insultes comme armes politiques, l’ont
amené à mettre sur le même plan la réalité et les multiples théories du complot
de Trump, donnant du crédit à ces dernières, les mensonges de ce dernier et les
réponses d’Hillary Clinton, comme si des réactions à des mensonges avaient la
même valeur que ces derniers.
C’est comme si proférer le mensonge que le soleil est noir
avait la même valeur que la réponse à cette contrevérité manifeste.
De même, en relançant systématiquement la course à la
présidence en montant en épingle les problèmes d’Hillary Clinton et en évitant
souvent de revenir sur ceux de Donald Trump, bien plus graves, CNN a remis les
deux candidats dans une égalité totalement inacceptable.
D’autant qu’il y a, d’un côté, une femme qui, tout au long
se son parcours politique, a toujours respecté les règles de la démocratie
républicaine et, de l’autre, un homme qui s’en va répétant depuis des mois que
l’élection est truquée sans en apporter la moindre preuve et qu’il ne
reconnaîtra le vainqueur que si celui-ci est lui-même!
En refusant la dissociation d’une démocrate et d’un antidémocrate
– ce que la presse écrite a finalement fait – CNN dit aux Américains que l’un
et l’autre candidat sont aussi légitimes à occuper le bureau ovale de la Maison
blanche en janvier prochain.
Or ce n’est évidemment pas le cas.
Si, lors des victoires de Barack Obama en 2008 et 2012, ses
rivaux républicains, John McCain et Mitt Romney avaient la même légitimité que
lui, de même pour George W Bush, lors de ses victoires en 2000 et 2004, et ses
opposants démocrates, Al Gore et John Kerry, pour ne remonter qu’aux dernières
élections, le parallèle est impossible entre Hillary Clinton et Donald Trump
pour tout journaliste et tout média avec une déontologie minimum.
Et lorsque CNN le prétend implicitement ou explicitement, elle
rend un mauvais service à la démocratie républicaine américaine.
De ce point de vue, la déclaration du directeur de la
rédaction du New York Times, Dean Baquet, accusant la chaîne d’information en
continu d’avoir «ridiculisé» la campagne électorale n’est que trop vrai.
Espérons seulement qu’elle ne ridiculisera pas la démocratie
américaine alors que Vladimir Poutine et Xi Jinping utilisent déjà cette
couverture médiatique honteuse pour leur propagande antidémocratique.
Sondages
des sondages au 5 novembre 2016
|
|||
Clinton en
baisse
mais en
tête partout à 3 jours de l’élection
|
|||
|
Clinton
|
Trump
|
Ecart
|
BBC
|
46,0%
|
45,0%
|
Clinton 1,0
|
Election projection
|
46,9%
|
44,7%
|
Clinton 2,2
|
Five Thirty Eight (1)
|
45,0 %
|
42,3%
|
Clinton 2,7
|
Huffington Post
|
47,8%
|
42,3%
|
Clinton 5,5
|
New York Times
|
45,4%
|
42,8%
|
Clinton 2,6
|
Polltracker TPM
|
45,4%
|
43,5%
|
Clinton 5,8
|
Real Clear Politics
|
46,4%
|
44,8%
|
Clinton 1,9
|
270 to win (1) (2)
|
47,8%
|
42,0%
|
Clinton 5,8
|
(1) Prend en
compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en
compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours
de sondages
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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