Après le candidat Donald violent et grossier de la campagne,
voilà venu le président élu Trump consensuel et plein de compliments pour tous
ceux qu’il détestait hier, rendant hommage à Hillary Clinton pour tous les
services qu’elle a rendus à la nation alors qu’il voulait (et veut peut-être
toujours) la mettre en prison et trouvant en Barack Obama un homme formidable
alors qu’il l’insultait hier, prétendant qu’il était un usurpateur qu’il
fallait destitué.
Un Trump qui n’a pas hésité à dire, dans son discours de
victoire, tout le contraire de ce qu’il a dit durant son entière campagne, se
présentant comme un homme de l’union et du consensus.
Puis, de nouveau, voici revenu le vociférateur en chef et
complotiste convaincu qui s’en prend désormais aux jeunes qui manifestent, de
New York à San Francisco en passant par Portland et Oakland, en prétendant qu’ils
sont manipulés par les médias qui sont contre lui depuis toujours.
La mascarade continue donc comme si, pour Donald Trump, tout
cela n’était qu’un jeu dont il a gagné la première manche comme on gagne au
poker menteur…
Au lieu de nous rassurer, cette éventualité est glaçante car
elle recèle l’idée que tout sera bon pour gagner la partie, tout sera bon pour qu’il
se valorise quand il le faudra et par tous les moyens possibles, même les plus
sales, sans se préoccuper de respecter des principes ou des valeurs.
N’est-ce pas qu’un jeu?!
L’élection de Donald Trump montre, encore plus aujourd’hui
qu’hier et peut-être moins que demain, comment est manipulable la démocratie et
ses règles.
Trump n’est, malheureusement, pas le premier démagogue
populiste à séduire le peuple et il ne sera pas le dernier que ce soit aux
Etats-Unis, en Europe et dans le monde entier.
Ceux qui croyaient que la démocratie républicaine pouvait
résister sans se protéger contre ces personnages troubles – comme ceux qui
croient qu’il suffit d’agiter son drapeau pour faire peur à ses ennemis
extérieurs et les faire fuir – doivent redescendre sur terre une bonne fois pour
toute.
Les médias d’information en continu qui doivent se nourrir à
tout moment de n’importe quelle information pour justifier leur existence et
faire de l’audience pour la financer ainsi qu’internet qui peut déverser tous
les mensonges, toutes les thèses complotistes, toutes les rumeurs avec
délectation font que n’importe quel bateleur d’estrade connecté est désormais capable
de surfer sur toutes les peurs, les angoisses et la crédulité (pour ne pas dire
la bêtise) des êtres humains mais aussi leurs haines et leurs bassesses.
Et il ne faut guère compter sur la responsabilité des
journalistes et encore moins sur celles des internautes pour inverser cette
tendance forte.
C’est par un engagement politique fort et sans concession en
faveur de la démocratie républicaine que nous pourrons éviter le pire dans les
années qui viennent – quand exactement? cela est encore une donnée manquante –
et qui surviendra certainement si nous ne réagissons pas.
Car la politique est ce qu’elle est.
Parfois elle prend une hauteur extrême, parfois elle est
d’une extrême bassesse, comme nous le constatons quotidiennement.
D’autres fois, elle est pragmatique à l’extrême pour sauver
notre système démocratique.
C’est là qu’il faut situer les réactions pleines de dignité
de Barack Obama, d’Hillary Clinton, voire de Bernie Sanders à la victoire de
Donald Trump.
Car ce dernier est bien le prochain président des Etats-Unis
et la nation américaine est bien plus grande et bien plus forte que le passage,
serait-ce même pour huit années, d’un clown pathétique et dangereux à la Maison
blanche.
Mais pour que ce ne soit pas un très mauvais cauchemar la
vigilance de tous les instants doit être la règle pour les vrais démocrates.
Il faut espérer qu’elle ne doive pas se transformer en
résistance.
Parce que, pour les démocrates républicains, monsieur Trump,
ce n’est pas un jeu.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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