Alain Juppé & François Fillon |
Jusqu’à présent le vote des sympathisants de l’UDI et du
MoDem à la primaire de LR était un trésor de guerre soigneusement protégé par Alain
Juppé.
Dans certains sondages, ce sont même eux qui permettaient à
celui-ci de l’emporter.
Mais la baisse de Juppé dans les intentions de vote et même
sa défaite dans le cas de figure où il serait face à François Fillon au second
tour sont le reflet d’un double mouvement qui pourrait faire que ce sont
justement ces sympathisants centristes qui seraient la cause de son possible échec.
Le premier mouvement, c’est le report d’un certain nombre de
voix de sympathisants de droite de Juppé (mais aussi de Le Maire) vers Fillon,
justement parce que ceux-ci estiment que le maire de Bordeaux est l’otage du
Centre et plus particulièrement de François Bayrou, le message de Sarkozy à ce
sujet ayant porté ses fruits.
Néanmoins, à l’inverse de ce que pensait son camp, pas en sa
faveur mais en celle de son ancien premier ministre.
Le deuxième mouvement, comme le montrent les dernières
enquêtes d’opinion, consiste en une certaine désaffection de ces voix des
centristes envers Alain Juppé et au profit de François Fillon.
Un mouvement de vase communicant qui va de pair avec celui,
plus général, d’une montée en puissance de l’ancien premier ministre de Nicolas
Sarkozy.
Ainsi, dans le sondage Elabe pour BFMTV, ils ne sont plus
que 59% de sympathisants de l’UDI et du MoDem à voter pour Juppé au premier
tour alors que 19% d’entre eux choisissent désormais Fillon.
Le phénomène est encore plus important dans le sondage
Opinionway pour Atlantico puisque Juppé ne recueille plus que 51% des voix des
sympathisants de l’UDI et du MoDem pendant que Fillon en a désormais 28%.
De même, dans le sondage TNS-SOFRES, Juppé est à 52% et
Fillon à 19% en ce qui concerne le vote centriste.
L’institut Ipsos donne encore 61% à Juppé mais désormais 19%
à Fillon qui triple presque son score de la vague de septembre de son sondage
et double celui de la vague d’octobre.
Car ces chiffres sont à comparer avec ceux d’il y a
seulement quelques semaines.
Ainsi, les deux vagues du sondage réalisé par Ipsos que nous
venons d’évoquer donnaient respectivement 67% et 70% des voix des sympathisants
UDI et MoDem pour Juppé et seulement 7% et 10% pour Fillon.
S’il est difficile de savoir pourquoi nombre de
sympathisants centristes éprouvent la volonté de voter maintenant pour Fillon,
il est sûr que l’image dynamique de Fillon de ces dernières semaines allié à un
programme qui est le plus élaboré des candidats à la primaire (à défaut d’être
centriste) ainsi que les failles de Juppé et, sans doute son âge, ont joué dans
ce basculement.
Cependant on ne peut parler de séisme, car François Fillon a
toujours eu une image positive dans l’électorat centriste, notamment auprès de
celui de l’UDI.
Quant à la connexion du mouvement de rejet d’une grande
partie de l’électorat de droite vis-à-vis de Juppé face à son alliance avec les
centristes et surtout François Bayrou et celui de la désaffection d’une partie
de l’électorat du Centre pour Juppé qui se reporte sur Fillon, il est apporté
par le sondage Opinionway cité plus haut.
Si le second tour oppose les deux hommes, Juppé perdrait
face à Fillon, notamment parce que 56% des sympathisants de LR voteraient pour
Fillon et seulement 35% pour Juppé mais aussi parce que 38% des sympathisants
de l’UDI et du MoDem choisiraient Fillon contre 57% Juppé.
Nous n’en sommes pas encore là et Alain Juppé, malgré une
baisse notable du à l’usure du leader de la compétition allié à des interventions
médiatiques et des meetings assez ternes, demeure en tête des intentions de
vote au premier tour de la primaire (33% pour Opinionway, 36% pour TNS-SOFRES,
34% pour Elabe, 36% pour Ipsos).
Mais son avance a fondu et si les trajectoires actuelles des
deux hommes se poursuivent et s’amplifient, alors l’inversion des courbes est
possible dimanche prochain, permettant l’impensable, c’est-à-dire l’élimination
de Juppé dès le premier tour, tant le maire de Bordeaux a dominé la totalité
des sondages depuis le début de la primaire.
Et dans ce cas là, le désarroi des partis centristes sera
grand tout comme les décisions qu’ils devront prendre pour la suite de la
présidentielle.
(Sondage Opinionway réalisé du 13 au 15 novembre 2016 par
internet auprès d’un échantillon de 10760 personnes dont 828 certaines d’aller
voter à la primaire de la Droite, âgées de plus de 18 ans et représentatives de
la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage
Elabe réalisé du 9 au 15 novembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 7003
personnes dont 680 certaines d’aller voter à la primaire de la Droite, âgées de
plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des
quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage TNS-SOFRES réalisé du 7 au 10
novembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 8019 personnes dont 714
certaines d’aller voter à la primaire de la Droite, âgées de plus de 18 ans et
représentatives de la population française / méthode des quotas / marge
d’erreur de 3 points // Sondage IPSOS réalisé du 8 au 13 novembre 2016 par
internet auprès d’un échantillon de 18200 personnes dont 1337 certaines d’aller
voter à la primaire de la Droite, âgées de plus de 18 ans et représentatives de
la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
Alexandre Vatimbella
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