Alain Juppé & François Bayrou |
Alain Juppé comptait sur le soutien de François Bayrou pour
avoir une stature de candidat qui réunissait au-delà de son camp et l’emporter
facilement lors de la primaire LR où les sondages l’ont longtemps donné
facilement gagnant grâce au soutien des centristes.
François Bayrou avait besoin d’Alain Juppé pour reprendre
une stature sur la scène politique française tout en ayant en vue sa propre
candidature si le maire de Bordeaux ne passait pas la primaire comme il lui
avait prédit, et il ne semble pas s’être trompé.
Or, tout se goupille, depuis la large victoire de François
Fillon au premier tour de la primaire LR et l’élimination surprise de Nicolas
Sarkozy, pour faire de cette alliance un accord perdant-perdant.
D’abord, perdant pour Alain Juppé.
Non seulement Bayrou ne l’a pas aidé à gagner mais il est peut-être
celui qui sera la raison principale de sa défaite tellement il est rejeté par
la très grande majorité des sympathisants de droite – qui, si ils n’ont pas
autant voté pour Sarkozy, l’ont fait beaucoup pour Fillon – mais aussi une
bonne partie de ceux de l’UDI.
Ensuite, perdant pour François Bayrou.
Non seulement, Juppé éliminé, Fillon ne garantira aucun
nombre conséquent de députés au maire de Pau contre un soutien dont il ne
semble pas se soucier mais Bayrou aura bien du mal à se présenter comme
candidat du Centre avec une chance de bien figurer.
Car, pendant qu’il soutenait Alain Juppé, Emmanuel Macron
lui a piqué sa place de représentant de l’espace centriste et a pris le large
dans les sondages face à lui.
De plus, la défaite de Juppé serait un coup dur pour l’image
de François Bayrou et il ne pourrait la contrebalancer comme le meilleur
opposant d’un Sarkozy puisque ce dernier vient d’être battu sèchement à la
primaire de LR.
Bien entendu, il pourrait se présenter comme un anti-Fillon,
d’autant que celui-ci à un programme très conservateur en matière sociétale et
néolibéral thatchérien en matière économique, sans oublier son programme en
matière de politique étrangère où il compte se rapprocher de Poutine et d’Assad.
Cependant, une partie de l’électorat de l’UDI sur lequel il
doit absolument compter pour pouvoir bien figurer et éventuellement se
retrouver au second tour, rejoindra sans problème Fillon.
Et une autre partie, répondra à l’appel d’Emmanuel Macron
comme le montre les sondages.
Quant à l’électorat de droite modérée, s’il avait une forte
prévention à l’égard de Nicolas Sarkozy, il ne l’a pas, pour l’instant,
vis-à-vis de François Fillon qui pourra sans doute réunir l’énorme majorité de
la Droite derrière lui s’il l’emporte dimanche prochain.
De son côté, Alain Juppé pourrait mettre ses menaces à
exécution de se présenter même battu à la primaire si celle-ci n’était pas
honnête.
Or, si l’envie doit le titiller, tellement les sondages
auprès des Français en font depuis des mois l’ultra-favori de la présidentielle,
il n’y a pour l’instant aucun motif à dénoncer l’organisation, ni les résultats
de cette primaire qui est plutôt un grand succès démocratique.
De la même façon, un Fillon candidat de la Droite retire à
Juppé l’épouvantail Sarkozy qui aurait pu justifier sa candidature si l’ancien
président de la république avait été désigné candidat de LR.
Et on voit mal Juppé se présenter avec comme seuls soutiens une
partie de l’UDI, le MoDem et de quelques fidèles en espérant l’emporter en
avril 2017.
Oui, par quelque bout qu’on le prenne, la défaite d’Alain
Juppé le 27 novembre ferait de son alliance avec François Bayrou une machine
infernale qui s’est retournée contre les deux hommes et enterrera peut-être
leurs carrières politiques.
Alexandre Vatimbella
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