A part quelques devins ou proches de Fillon comme le
président du groupe Union centriste au Sénat, le Mayennais François Zocchetto,
voisin pendant longtemps de l’ex-Sarthois devenu Parisien, peu de centristes
avaient parié sur une victoire du désormais candidat LR à la présidentielle.
On ne parle évidemment pas des ralliements qu’il a pu y
avoir entre les deux tours quand sa victoire semblait inéluctable.
On rappellera ainsi à Hervé Morin et ses amis, nouveaux
groupies fillonistes à l’indécence grotesque dans leur règlement de compte avec
Jean-Christophe Lagarde, ancien soutien de Juppé, qu’ils avaient choisi au
premier tour Bruno Le Maire qui a réalisé 2,4% des voix…
Dès lors, la défaite d’Alain Juppé défendu par la grande
majorité de l’UDI et par le Mouvement démocrate est aussi celle, terrible, des
partis centristes.
Terrible parce qu’obligés de choisir une personnalité de
droite comme leur représentant à la présidentielle du fait de leur incapacité
d’en désigner un eux-mêmes de leur camp, ils ont été laminés comme l’a été le
maire de Bordeaux qui était, certes le seul réel centro-compatible parmi les
candidats de la primaire de LR, mais un homme qui n’a jamais été l’ami des
centristes.
Et cette rouste va laisser des traces dans leur capacité à
être crédible face aux Français, à défendre les idées et les valeurs du Centre –
s’ils ont jamais eu envie de le faire – et à ramasser autre chose que des
miettes pour l’après-présidentielle.
De même, l’UDI est en train d’imploser et, si ce n’est pas
le cas dans un avenir proche, de n’être qu’une confédération de petits chefs se
détestant à la recherche de postes, ressemblant comme deux gouttes d’eau à la
caricature des centristes faite par leurs adversaires, alors que le Mouvement
démocrate, sans candidat à la présidentielle, n’avait déjà plus beaucoup de
raison d’être sauf de permettre à Bayrou de jouer un rôle majeur sous une
présidence Juppé…
D’autant que, pendant ce temps là, Emmanuel Macron investissait
l’espace central avec un discours centro-compatible.
Terrible également parce que, dans les réactions des leaders
des partis centristes, on a vu toute leur faiblesse, leur opportunisme et leur
vacuité.
François Bayrou dont on attendait une déclaration de
candidature a publié un communiqué sibyllin dans lequel il affirme que si le
programme de François Fillon «pose en réalité de nombreuses questions aux
citoyens et à notre société», il va «travailler (…) avec tous ceux qui ont
besoin que soient inventées des réponses nouvelles pour garantir et réussir
l’alternance dont la France a besoin» sans que l’on sache si dans ces «tous
ceux» se trouve Fillon qui lui a fait un appel du pied en forme de mise en
garde ou l’inverse, hier soir, en déclarant qu’ils allaient «se parler» parce
qu’«il (Bayrou) sait très bien que la division pourrait conduire à une
situation dramatique pour les idées qu'on représente».
Quant à Jean-Christophe Lagarde, de plus en plus dans l’inconséquence,
à présent il ouvre bien grand le parapluie en déclarant que Fillon est devenu
le candidat «naturel» de la Droite et du Centre, tout comme la Droite est l’alliée
«naturelle» du Centre ainsi qu’il l’a toujours affirmé.
Et peu importe qu’il ait déclaré que si Juppé n’était pas le
candidat de LR alors l’UDI se réunirait pour savoir si elle soutenait celui qui
serait choisi.
Peu importe que le programme de Fillon soit très à droite,
qu’il se revendique de la conservatrice ultralibérale Margaret Thatcher,
Lagarde voit en lui un tempéré.
Peu importe également que Fillon soit une des raisons pour
lesquelles Jean-Louis Borloo a quitté l’UMP avec son Parti radical puis a créé
l’UDI.
Peu importe que l’UDI ait été créée pour ne plus soutenir un
candidat de droite à la présidentielle comme semblait le dire le second de
Lagarde, Laurent Hénart, fidèle de Borloo, il n’y a pas si longtemps que cela
avant de rentrer dans le rang.
Quant à Emmanuel Macron duquel il avait fait un possible
allié, il est maintenant l’objet de continuelles attaques de la part du
président de l’UDI qui prétend désormais qu’il «ne comprend plus la démarche» et
que de toute façon, il «n’y croit pas».
Un Emmanuel Macron qui pourrait bien être le grand
bénéficiaire de cette farce centriste qui ne fait rire que les adversaires du
Centrisme.
Alexandre Vatimbella
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