Les républicains pensent que Trump va perdre |
Pour la plupart des républicains, les jeux sont faits et
Hillary Clinton deviendra la première présidente des Etats-Unis.
Mais, pour eux, ce sera loin d’être un événement historique.
D’abord, il s’agira de la troisième défaite de suite à la
présidentielle et la sixième fois au cours des sept dernières élections qu’ils
ne gagneront pas une majorité de votes.
Ensuite, tous les leaders du Parti républicain ainsi que
toutes les organisations conservatrices, de droite extrême et d’extrême-droite
sont en train de mettre sur pied leurs stratégies anti-Clinton et de fourbir
leurs armes contre un Parti démocrate qui pourrait être de nouveau majoritaire
au Sénat et réduire son écart en sièges à la Chambre des représentants.
On se rappelle que les républicains avaient été sonnés par
la première victoire de Barack Obama et qu’ils avaient attendu les premières
semaines de sa présidence pour se réveiller (on rappelle que la période de
transition dure deux mois) pour se raidir et déclarer, à l’image de leur leader
au Sénat, que le premier président noir des Etats-Unis devait être un «one term
president» (un président d’un seul mandat).
Ici, rien de tel.
La haine éprouvée par les républicains envers Hillary
Clinton et la défaite déjà largement intériorisée de Donald Trump ainsi que la
menace sur leur prédominance au Congrès, ont été de forts catalysateurs afin de
s’opposer dès le 9 novembre à la victoire de la démocrate.
D’abord, il s’agira pour de nombreuses organisations
extrémistes de remettre en cause la victoire de Clinton, soit, si celle-ci est
étriquée, en agitant le fameux «trucage» dont parle Trump depuis des mois sans
aucune preuve, soit, si celle-ci est large, en expliquant qu’elle est incapable
d’être présidente et/ou qu’elle devrait être en prison plutôt qu’à la Maison
blanche.
Une des phrases préférées du promoteur newyorkais en ce
moment est de dire que l’on «devrait annuler l’élection et donner la victoire à
Trump»…
Cette offensive dès le lendemain du scrutin sera une
première dans un pays où le perdant appelle le gagnant pour le féliciter
chaudement.
Cependant, la guerre que prévoient les républicains ne s’arrêtera
évidemment pas là.
Il s’agira de mettre en échec toute initiative d’Hillary
Clinton par tous les moyens possibles et des manifestations ne sont pas à
exclure puisque nombre de fans de Trump parlent de «faire la révolution» en cas
de victoire de la démocrate.
Pour autant, ce seront des voies légales et politiques qui
seront privilégiées par les républicains.
On pense évidemment à une procédure d’impeachment, c’est-à-dire
de destitution, qu’ils pourraient mettre en branle, eux qui ont continuellement
parlé d’elle comme une personne malhonnête et corrompue.
En outre, des voix s’élèvent déjà pour demander aux
sénateurs républicains de ne pas laisser Clinton nommer un nouveau juge à la
Cour suprême (ce qu’ils font déjà face à la vacance d’un siège en refusant même
d’auditionner le candidat d’Obama, agissement évidemment inconstitutionnel)
afin de garder une parité avec actuellement quatre juges conservateurs et
quatre juges «liberals».
De même, pour toute législation proposée par le camp
démocrate mais aussi pour le budget, on pourrait assister à un filubustering
(blocage) complet du Congrès si les démocrates redeviennent majoritaires au
Sénat.
Il pourrait, dans la même veine, y avoir un «shut down» de l’administration
si les républicains, comme ils l’ont déjà fait, refusent d’augmenter le montant
de la dette autorisée ce qui empêcherait le gouvernement de payer les
fonctionnaires.
Beaucoup d’autres actions pour empêcher la démocratie de
fonctionner normalement et d’autres qui sont plus traditionnelles dans un pays
où le système est fait pour se bloquer automatiquement afin d’empêcher un camp
d’avoir un trop grand pouvoir (ce sont les checks and balances) sont sur la
table et discutés ouvertement par le camp républicain notamment par les plus
extrémistes de ses membres.
Néanmoins, le Parti républicain pourrait aussi devoir d’abord
se préoccuper de lui-même pour ne pas imploser.
Nombre de personnalités radicales et d’extrême-droite qui
peuplent maintenant le parti et ses organisations affiliées, ont déjà menacé l’establishment
d’une offensive tous azimuts afin de déstabiliser l’establishment républicain
voire de le remplacer par des personnalités radicales.
Si c’est le cas, la création d’un nouveau parti, conservateur
modéré ou radical de droite selon quelle faction gagnera au sein du Parti
républicain, pourrait voir le jour et révolutionner, à terme, le paysage
politique américain où depuis l’indépendance et malgré plusieurs tentatives, c’est
le système de deux partis dominants «attrape-tout» qui est la règle.
Quoi qu’il en soit, au lendemain du 8 novembre, Hillary
Clinton risque d’avoir peu de temps pour savourer sa probable victoire.
Mais c’est aussi devenu une règle des médiacraties, voire
des médiocraties, que sont devenues nos démocraties républicaines ces dernières
décennies où le respect des urnes n’est plus une règle sacro-sainte.
Sondages
des sondages au 28 octobre 2016
|
|||
Clinton maintien
sa large avance
|
|||
|
Clinton
|
Trump
|
Ecart
|
BBC
|
49,0%
|
43,0%
|
Clinton 6,0
|
Election projection
|
48,7%
|
41,9%
|
Clinton 6,6
|
Five Thirty Eight (1)
|
45,9 %
|
39,7%
|
Clinton 6,2
|
Huffington Post
|
48,8%
|
41,1%
|
Clinton 7,7
|
New York Times
|
45,7%
|
40,1%
|
Clinton 5,6
|
Polltracker TPM
|
49,4%
|
41,0%
|
Clinton 8,4
|
Real Clear Politics
|
48,4%
|
43,0%
|
Clinton 5,4
|
270 to win (1) (2)
|
49,7%
|
40,8%
|
Clinton 8,9
|
(1) Prend en
compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en
compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours
de sondages
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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