Jean-Christophe Lagarde |
La tribune publiée dans Le Monde d’aujourd’hui par l’UDI et
signée Jean-Christophe Lagarde, son président, Laurent Hénart, le président de
son conseil national, Philippe Vigier, le président de son groupe à l’Assemblée
nationale, et Aurélien Setbon, le président de sa section jeune, déclarant un
soutien à Alain Juppé n’est pas une surprise.
Signée par 600 élus de la confédération centriste, elle fait
le constat que le candidat de LR le plus centro-compatible est Alain Juppé, ce
que tous savaient depuis des mois.
Bien entendu, cette tribune ne vaut pas ralliement de l’UDI
à Juppé puisqu’un certain nombre de membres de la confédération centriste ont
déjà déclaré leur soutien pour d’autres candidats à la primaire de LR,
notamment pour Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy.
Ce qui est le plus intéressant dans cette tribune, ce sont
certains mots employés, les absents de cette liste ainsi que le moment de cette
publication.
Son contenu est, en réalité, un tract qui synthétise le
programme que l’UDI aurait pu porter à la présidentielle avec un candidat
propre et dont on ne sait si Juppé en soutien toutes les mesures ou si c’est
une adresse à celui-ci pour qu’il le fasse.
On est également étonné d’apprendre que ces membres de l’UDI
parlent de «la primaire de la Droite et du Centre» car on avait cru comprendre
dans les multiples déclarations de Jean-Christophe Lagarde mais aussi de
Laurent Hénart et de bien d’autres signataires de la tribune, qu’il s’agissait
de la primaire uniquement de LR.
Ce changement de sémantique n’est évidemment pas neutre.
Pour soutenir un candidat dans une primaire, il faut avoir
une légitimité et, dans ce cas précis, elle ne peut venir que si ce scrutin est
aussi celui des centristes, même s’ils n’ont pas de candidat.
En outre, on est également surpris d’apprendre que les
signataires défendent un candidat alors qu’ils pourfendent «le culte du parti
unique» dont celui-ci fut pourtant l’initiateur.
Quant à l’investissement de ces élus UDI, il ne vaut que
pour Alain Juppé.
Ainsi, il ne s’agit pas de rallier le processus de la
primaire pour en accepter le résultat quel qu’il sera mais uniquement de
soutenir Alain Juppé.
Si ce n’est pas lui, les signataires reprendront leur
liberté et leur indépendance.
Evidemment, on peut penser qu’à ce moment-là, leur unité
implosera.
On notera que les signataires ont également voulu se placer
sous le parrainage de Jean-Louis Borloo qu’ils citent de manière quelque peu
anachronique.
On sait que le créateur et ancien président de l’UDI a
déclaré qu’il parlerait bientôt de la présidentielle et d’un éventuel soutien.
On remarquera qu’il n’a pas signé cette tribune et que ceux
qui l’ont fait ne savent pas encore qui il soutiendra.
Enfin, il faut les croire sur parole quand ils indiquent que
c’est après avoir confronté les programmes des différents candidats à la
primaire qu’ils ont pris leur décision…
Dans les six cents signatures, on retrouve tout le clan
Lagarde-Hénart mais aussi des proches d’Hervé Morin comme Philippe Vigier,
alors que le président du Nouveau centre a décidé de soutenir Bruno Le Maire
avec une centaine d’élus UDI de la région Normandie.
Petite bizarrerie, alors que dans Le Monde, dans les quatre
principaux signataires, on trouve Philippe Vigier, sur le site de l’UDI, il est
remplacé par Hervé Marseille, le président de la FED, le parti créé par
Jean-Christophe Lagarde et membre de la confédération centriste…
Concernant les élus UDI, sur 27 députés, seuls 18 ont signé
cette tribune, sur les 33 sénateurs, 27 sénateurs sont présents dans la liste
et sur les 4 députés européens, un seul l’a rejointe.
Avec surprise, on y trouve André Santini, le député-maire d’Issy-les-Moulineaux,
pourtant proche de Nicolas Sarkozy.
Manque, en revanche, à l’appel, le président du groupe
UC-UDI du Sénat, François Zocchetto, qui avait indiqué qu’il ne soutiendrait
personne par soucis de neutralité alors que son alter ego de l’Assemblée
nationale, lui, n’a pas hésité à se déclarer pour Alain Juppé.
Côté sénateur, on note également l’absence de Michel Mercier
ancien président du groupe UDF de la Haute assemblée mais également ex-ministre
de Nicolas Sarkozy.
Il n’y a pas non plus Jean Arthuis, le député européen qui a
décidé de soutenir Emmnanuel Macron.
Quant au moment choisi pour la publication de cette tribune,
elle intervient deux jours avant le premier débat entre les sept prétendants à
l’investiture de LR pour 2017.
De plus, elle vient au moment où Alain Juppé, à nouveau, a
creusé un écart significatif avec Nicolas Sarkozy et s’affirme comme l’ultra-favori
de ce scrutin.
Alexandre Vatimbella
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