Alain Juppé |
Attention, LR est menacée de «centrisation» si Alain Juppé
gagne la primaire.
C’est Nicolas Sarkozy et ses soutiens, dont Le Figaro qui a
pris fait et cause pour l’ancien président de la république, qui le disent.
Depuis plusieurs semaines, ils ont mis en place toute une
propagande qui veut faire passer Alain Juppé pour le candidat du Mouvement démocrate
et de l’UDI avant d’être celui de LR.
Ainsi, ils mettent en avant la proximité idéologique de
Juppé avec Bayrou, l’homme honni par les militants LR, mais aussi les largesses
qu’il aurait été obligé de promettre aux centristes s’il gagne la primaire puis
la présidentielle afin d’obtenir leur soutien.
Le but de l’opération n’est pas sorcier: faire passer Juppé
pour un faible, un adepte de la mollesse, un suppôt du Centre et, pire que
tout, un otage des centristes qui lui ont imposé un accord extrêmement avantageux
en leur faveur pour les législatives et pour des places au gouvernement,
notamment celle de premier ministre.
A l’inverse, Sarkozy serait un homme libre qui n’aurait pas
voulu négocier avec les centristes et plus particulièrement l’UDI – Jean-Christophe
Lagarde répète sur tous les plateaux de télévision qu’il est le seul à ne pas l’avoir
reçu pour discuter – et qu’il est, pour emprunter une expression chère à son
adversaire, «droit dans ses bottes»!
Il serait bien à droite, sans concession pour l’eau tiède
centriste et les opportunistes qui hument l’air du temps.
Un vrai chef, quoi!
Bien sûr, tout cela est de l’intox mais elle paraît d’autant
plus vrai que François Bayrou est monté plusieurs fois au créneau pour, non
seulement, louer sa proximité avec Juppé mais également pour signifier qu’il
avait réussi à infléchir le programme de ce dernier et qu’il continuerait à le
faire pendant que Jean-Christophe Lagarde loue sans cesse la «centro-compatibilité»
du maire de Bordeaux mais aussi son ouverture d’esprit à ce qu’une prochaine
majorité ne soit pas monolithique, c’est-à-dire que les centristes aient une
minorité de blocage, eux qui représentent moins de 10% de l’électorat, un
scandale pour les sarkozystes.
Alain Juppé a beau protester, dire qu’il est «central» ainsi
que de droite et non centriste, qu’il fasse des déclarations fortes sur la
sécurité, l’immigration et d’autres thèmes chers à l’électorat de droite, il
est constamment ramené par les sarkozystes sur le terrain de sa collusion avec
le MoDem et l’UDI mais aussi les centristes de LR.
Cette stratégie pour le disqualifier auprès des
sympathisants de droite mais aussi d’extrême-droite peut-elle réussir?
A priori, elle montre actuellement ses limites avec des
sondages où Alain Juppé progresse dans l’électorat LR qui va aller voter à la
primaire.
Néanmoins, il est sûr que ce thème restera récurrent jusqu’au
vote de fin novembre et que les maladresses de langage dans le camp Juppé,
voire des événements dramatiques qui toucheraient la France et les Français
pourraient lui permettre de trouver la crédibilité nécessaire pour faire perdre
suffisamment de voix au maire de Bordeaux tout en en faisant gagner le
nécessaire à Nicolas Sarkozy pour remporter la primaire.
C’est sans doute pourquoi l’équipe de Juppé, inquiète,
demande depuis des mois aux leaders centristes d’être discrets, non pas, dans
leurs soutiens, mais dans leurs revendications programmatiques, électorales et
gouvernementales.
En somme, soyez avec nous, dites-le puis taisez-vous…
Alexandre Vatimbella
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