Ça y est, désormais Trump croit qu’Obama est né aux
Etats-Unis!
Huit ans, cela lui a pris pour l’admettre ou, en tout cas,
pour le dire du bout des lèvres tout en mentant dans la foulée en accusant
Hillary Clinton d’être à l’origine de ce mensonge raciste…
Rappelons qu’il avait qualifié le certificat de naissance du
président publié par l’Etat d’Hawaï de faux et qu’il considérait que les
journaux qui avaient annoncé sa naissance, faisaient partie d’une vaste
conspiration comme si, dès sa venue au monde, Obama devait devenir le premier
président noir des Etats-Unis et qui fallait absolument cacher sa foi musulmane
et sa naissance en Indonésie…
Cette élucubration ridicule digne d’un simple d’esprit ou d’un
homme à l’esprit dérangé mais peut-être aussi et simplement d’un raciste qui ne
pouvait accepter qu’un noir soit président des Etats-Unis, serait hautement
risible si le même Trump ne risquait pas de devenir président des Etats-Unis
dans quelques semaines.
Sans oublier tous les mensonges, toutes les insultes, toutes
les niaiseries et bêtises qu’il a pu proférer tout au long de sa campagne et
dont nous nous sommes faits l’écho ici.
Car les sondages des sondages montrent que le démagogue
populiste n’est plus très loin de la centriste Hillary Clinton.
Comment cela est-il possible?
Par la conjonction de cinq phénomènes principaux.
Le premier est une défiance devenue commune de la classe
politique traditionnelle, un phénomène qui est assez récurrent aux Etats-Unis,
plus en tout cas que dans d’autres démocraties qui le connaissent malgré tout.
Cela ne veut pas dire que Donald Trump attire tous ceux qui
se défient du système, loin de là.
Il en attire une partie pendant qu’une autre a décidé de ne
pas ou plus voter et qu’une dernière va voter pour les «petits» candidats, le
libertarien Johnson ou l’écologiste Stein sans se poser la question de leur
responsabilité dans l’élection d’un candidat controversé (ce fut le cas en 2000
avec l’élection de George W Bush).
Le deuxième est que Clinton représente la continuation
d’Obama, elle le revendique d’ailleurs clairement, donc dans l’esprit des gens
le contraire du changement.
Or, dans nos sociétés postmodernes, le changement pour le
changement et faire battre les sortants ou ceux qui les représentent sont
devenues des modes parfois très dangereuses, toujours irrationnelles.
Le troisième est la mauvaise campagne d’Hillary Clinton
surtout depuis un mois.
La candidate du Parti démocrate est une personne
intelligente et compétente dans l’exercice du pouvoir et dans les idées qu’elle
véhicule mais elle est une mauvaise candidate, ce que l’on avait déjà constaté
en 2008 lors de la primaire démocrate où elle était opposée à Barack Obama.
Devant le phénomène Trump, on pouvait penser que son image
de sérieux l’emporterait à défaut de posséder la brillance.
Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Clinton, de plus, a été assez terne ces dernières semaines
et elle a remis en selle un Trump que l’on pensait en perdition par ses propres
énormités.
La quatrième est la crédibilité donnée par les journalistes
à la candidature de Trump et le continuel «Hillary bashing».
Les médias ont une très lourde responsabilité en ayant
permis au promoteur newyorkais de devenir crédible aux yeux de l’opinion
publique.
Bien sûr, ils l’ont attaqué et ont souvent dénoncé ses
propos scandaleux.
En revanche, ils ont toujours mis sur le même pied d’égalité
les mensonges et les insultes de Trump face aux dénonciations de ceux-ci par
Clinton, suggérant faussement que les deux étaient du même moule et faisaient
des campagnes indignes parallèles.
Cette comparaison n’est pas étrangère au «Hillary bashing»
que les journalistes pratiquent envers la candidate démocrate depuis son
passage à la Maison blanche sous la présidence de son mari Bill Clinton et que
l’on peut voir quotidiennement en œuvre dans nombre de médias.
Le cinquième est son «recentrage» politicien et
électoraliste qui trouve un certain écho dans les médias et, par conséquence,
dans l’électorat.
Dans toute élection, les candidats prennent des habits
différents afin d’essayer de ratisser le plus large possible.
Aux Etats-Unis, on voit assez souvent des retournements
radicaux de positions et de postures afin de faire oublier certains propos
ainsi que pour séduire un électorat particulier.
Ainsi, après avoir réuni derrière lui toute une frange de la
population extrémiste et haineuse, angoissée par son avenir et rejetant l’autre
par racisme et xénophobie, Trump doit désormais, pour avoir une chance de
gagner, se tourner vers l’électorat républicain modéré et certains «independents».
Cette stratégie est réalisée très grossièrement avec de
nombreux mensonges.
Néanmoins, elle fonctionne assez bien parce que les médias l’entérinent
trop souvent même si, parfois, ils dénoncent des retournements de veste
tellement énormes de Trump que de ne pas les critiquer serait comme une faute
professionnelle.
Toujours est-il que devant tant d’avantages, un candidat
«normal» aurait beaucoup de chances de l’emporter.
Heureusement, Trump peut être battu s’il est présenté pour
ce qu’il est, c’est-à-dire un populiste, démagogue, menteur, incompétent,
malhonnête et raciste.
Sans doute que les trois débats mettant au prise les deux
candidats et le débat qui opposera les deux candidats à la vice-présidence
apporteront quelques lumières aux électeurs américains même si l’on sait que le
déplacement de voix à ces occasions sont généralement peu importants sauf
exceptions.
Sans doute qu’un sursaut de certains électeurs qui ont
décidé qu’ils n’iraient pas voter se produira encore que cela vaut en général
pour les deux côtés même si cette année l’abstention (ou le choix d’un «petit»
candidat) devrait être un handicap principalement pour Clinton.
Sans doute, enfin, que les médias prendront au sérieux leur
responsabilité dans le bon fonctionnement d’une démocratie et que cela ouvrira
les yeux à nombre d’électeurs.
Quoi qu’il en soit, que l’on puisse parler d’une victoire de
Trump à juste quelques semaines du scrutin du 8 novembre est déjà très
inquiétant comme l’est, en France, la présence au second tour de la
présidentielle de Marine Le Pen actée dans tous les sondages, comme l’est la
montée de l’extrême-droite en Allemagne dans les scrutins locaux avec l’AfD.
Si jamais Trump parvenait à l’emporter, ce serait sans doute
un signal libérateur pour ceux qui soutiennent et votent pour les populistes
démagogues dans toutes les démocraties.
C’est aussi pour cela qu’il faut souhaiter sa défaite.
Sondages
des sondages au 19 septembre 2016
|
|||
Trump se
rapproche
|
|||
|
Clinton
|
Trump
|
Ecart
|
Election projection
|
45,6%
|
44,0%
|
Clinton 1,6
|
Five Thirty Eight (1)
|
41,4 %
|
40,2%
|
Clinton 1,2
|
Huffington Post
|
45,9%
|
42,4%
|
Clinton 3,5
|
New York Times
|
44,0%
|
42,0%
|
Clinton 2,0
|
Polltracker TPM
|
43,8%
|
43,8%
|
Egalité
|
Pure Polling
|
45,0%
|
43,3%
|
Clinton 1,7
|
Real Clear Politics
|
45,7%
|
44,2%
|
Clinton 1,5
|
270 to win (1) (2)
|
44,7%
|
43,0%
|
Clinton 1,7
|
(1) Prend en
compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en
compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours
de sondages
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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