Les 8 candidats qualifiés pour la primaire LR |
On connait désormais les candidats à la primaire de LR.
Ils seront huit sur la ligne de départ.
Par ordre alphabétique, les concurrents sont Jean-François
Copé, François Fillon Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire,
Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Sarkozy.
Sans contestation possible, tous ces candidats, dont les
favoris pour le second tour sont Juppé et Sarkozy, sont de droite et l’assument
pleinement.
On peut d’ailleurs espérer – on peut rêver! – qu’enfin les
médias appellent cette compétition la primaire de LR – ce qu’elle est
réellement et uniquement – voire celle de la Droite s’ils estiment que le
micro-candidat Jean-Frédéric Poisson du micro-parti chrétien démocrate permet d’associer
toute la droite en dehors de LR à ce scrutin, et non la primaire de la Droite
et du Centre, ce qu’elle n’est pas et n’a jamais été.
A propos du Centre, y a-t-il, d’ailleurs, dans cette liste,
des candidats centro-compatibles?
On peut immédiatement écarter les trois hommes les plus à
droite du panel: Jean-François Copé qui a décidé de se droitiser pour exister
en se présentant comme la héraut de la «droite décomplexée» et qui n’a jamais
aimé les centristes; Hervé Mariton, un (très) libéral économiquement parlant mais
un (très) conservateur (très) réactionnaire en matière de mœurs; Jean-Frédéric
Poisson, le président du Parti chrétien-démocrate créé par Christine Boutin, très
proche de l’extrême-droite sur de nombreux points et le seul à ne pas être membre
de Les républicains.
En aucun cas, ces trois hommes ne portent les valeurs du
Centrisme et ne les revendiquent.
Se pose la question ensuite pour Nicolas Sarkozy et François
Fillon.
Plus la campagne avance, plus il semble évident que Nicolas
Sarkozy a décidé de jouer la carte de la droite dure et radicale avec l’intention,
une nouvelle fois, de séduire une partie de l’électorat du Front national et de
ne pas compter sur l’électorat centriste, sauf s’il est présent au second tour
de la présidentielle.
Sa dernière attaque grossière envers le «juste milieu», c’est-à-dire,
dans son esprit, l’espace au centre de la vie politique, rappelle à bon escient
à tous ceux qui l’ont oublié ou à tous ceux qui se disent centristes et qui le
soutiennent, qu’il n’a jamais été proche des centristes, qu’il les a toujours
méprisés et qu’il s’en est toujours servis pour des fins électoralistes.
Ce n’est donc pas, non plus, un candidat centro-compatible.
François Fillon est une interrogation pour les centristes.
Il y a deux ans de cela, on aurait pu trouver de nombreux
ponts entre sa vision et celle du Centre.
L’homme semblait alors porter un projet gaullo-réformiste
avec une dimension sociale et une modération certaine.
Mais, afin d’exister politiquement et se démarquer d’Alain
Juppé et de Nicolas Sarkozy, il a fait un virage à 180 degrés afin de se
positionner en ultralibéral, proche des thèses des conservateurs les plus radicaux
et se présente désormais en un «Margaret Thatcher français».
Son programme choc est conçu comme celui de la Dame de fer
britannique qui, avec des mesures sociétalement ultraconservatrices et
économiquement ultralibérales ainsi qu’une vision très négative sur l’Union
européenne, s’était attelé à une révolution néolibérale avec quelques succès et
beaucoup de casse.
Cette décision fait de lui un candidat qui n’a plus grand-chose
de commun avec les centristes.
Quant à Bruno Le Maire, il demeure une énigme sur ses
réelles intentions, d’autant qu’il n’a pas encore dévoilé son programme économique
(il le fera les 17 et 18 septembre prochains).
Cependant, les propositions déjà publiques montrent une
volonté de casser le système social existant et de faire une cure d’amaigrissement
drastique de la fonction publique.
Il semble vouloir porter un point de vue libéral en matière
économique tout en demeurant un étatiste à l’ancienne, comme son mentor, Dominique
de Villepin sur les questions régaliennes.
Sa jeunesse est un atout pour moderniser la droite et la vie
politique mais cela semble peu pour séduire l’électorat centriste, surtout qu’il
ne faut pas oublier sa proximité avec Villepin qui n’a jamais été un ami du
Centre.
La seule femme de cette primaire, Nathalie Kosciusko-Morizet,
porte certes des valeurs proches de celles du Centre.
Mais son inconsistance politique n’en fait certainement pas
une candidate crédible pour occuper l’Elysée.
Et ses accointances bobos laissent à penser qu’elle surfe
plutôt sur des vagues et des modes comme celle d’une certaine modernité plus qu’elle
a de fortes covictions ou qu’elle est une réelle social-progressiste comme elle
a décidé de se définir désormais en voyant le succès que rencontre Emmanuel
Macron…
Reste, évidemment, Alain Juppé.
Le «évidemment» n’est pas de trop tellement Alain Juppé a
séduit les sympathisants ainsi que les personnalités politiques centristes avec
des taux d’adhésion dans les sondages proches ou supérieures à 90% et le
soutien, en particulier, de François Bayrou.
Et son programme, sur beaucoup de points, ainsi que son
projet de gouvernance s’avèrent particulièrement centro-compatibles.
Sauf que…
La compétition qui débute officiellement maintenant va
révéler jusqu’à quel point le maire de Bordeaux est prêt à faire des compromis
avec l’aile droite de LR pour s’attirer les votes des sympathisants de droite
et surtout de son parti, là où il est à la traîne de Nicolas Sarkozy.
Car la «centralité» revendiquée d’Alain Juppé que Nicolas
Sarkozy a raillé en «juste milieu» n’est pas son positionnement politique de
toujours.
On a connu un Juppé bien plus à droite, bien moins proche
des centristes et, comme l’ont dit certains, c’est lui qui a créé l’UMP à la
demande de Jacques Chirac pour tenter de phagocyter les centristes, projet
alors combattu et dénoncé par… Bayrou.
D’ailleurs, il a voulu, à plusieurs reprises et sans que
personne ne le lui demande, rappeler qu’il était un homme de droite, fier de l’être
et droit dans ses bottes.
Mais, bien évidemment, le révélateur des positions réelles à
l’aune de cette primaire est vraie pour tous les candidats.
Il se peut que certains se rapprochent du Centre alors que d’autres
s’en éloignent.
Enfin, pourquoi se poser ici la question de la
centro-compatibilité des candidats de la primaire de LR?
D’abord parce que l’un d’entre eux sera le candidat de ce
parti à la présidentielle et il se peut que les partis centristes s’allient
avec lui car, non seulement, François Bayrou a fait allégeance à Alain Juppé
mais d’autres comme Charles de Courson l’ont suivi alors que Maurice Leroy
soutien Nicolas Sarkozy, qu’Yves Jégo soutien Bruno Le Maire et que d’autres
ralliements devraient suivre dans les jours et les semaines qui viennent.
Tout cela parce que les centristes n’ont pas de candidats à
l’heure actuelle.
Ce qui pourrait changer si Alain Juppé perd la primaire
puisque François Bayrou se présenterait automatiquement.
Sans oublier la possible candidature d’Emmanuel Macron qui
est centro-compatible pour beaucoup d’électeurs centristes comme le montrent
les sondages.
Ensuite, parce qu’un certain nombre de sympathisants
centristes, selon les sondages, ont l’intention d’aller voter à cette primaire,
la plupart, actuellement, pour Alain Juppé.
Alexandre Vatimbella
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