François Bayrou et Alain Juppé |
Alain Juppé est content que François Bayrou le soutienne.
Mais ce soutien du leader centriste doit demeurer dans un
certain cadre et ne pas dépasser certaines limites.
On se rappelle ainsi des réactions agacées de Juppé lorsque
Bayrou avait indiqué qu’il voulait «centriser» la campagne du maire de Bordeaux.
Ce dernier avait rappelé sèchement qu’il n’était pas
centriste mais de droite.
Quant à ses lieutenants, dont Hervé Gaymard, ils avaient eu
des paroles assez féroces sur le président du MoDem.
Et à périodes répétées, la campagne de Juppé se distance de ce
soutien parfois un peu embarrassant.
C’est ce qui vient de se produire avec les propos du
candidat à la primaire de LR face aux critiques particulièrement fortes de
Bayrou sur Nicolas Sarkozy et son intention même plus voilée de se présenter à
la présidentielle si l’ancien président de la république est le représentant de
la Droite.
Ainsi, au micro de RTL, Juppé a indiqué qu’il respecterait
les résultats de la primaire si celle-ci se déroulaient de manière «transparentes».
Et d’ajouter en direction de son «ami» Bayrou: «Si pour
rassembler la France on commence par excommunier tel ou tel, on est mal barré.
(…) Je ne fais pas une campagne de revanche et de vengeance».
Car le soutien de Bayrou, s’il est intéressant est également
problématique pour Juppé.
D’abord parce que le président du MoDem n’est pas bien vu
par une partie importante de l’électorat LR notamment parce qu’il a fait voter
pour Hollande en 2012 contre Sarkozy.
Mais aussi parce qu’il s’est montré très critique envers l’UMP
et LR ces quinze dernières années avec des propos et des actes qui ne lui sont
pas pardonnés.
Ensuite et surtout parce que les ambitions de Bayrou sont
totalement contradictoires avec le type de campagne que doit désormais mener
Juppé pour remporter la primaire alors que, dans le même temps, Sarkozy a
comblé une partie de son retard dans les sondages.
Les velléités du centriste de se présenter ne sont un
mystère pour personne et évidemment pas pour Juppé.
Or, pour donner de la consistance à une possible
candidature, Bayrou doit multiplier les apparitions et les déclarations afin de
donner une identité originale à une future campagne.
Il doit donc se démarquer le plus possible de la primaire de
LR et poser ses propres idées publiquement.
Même si celles-ci sont souvent proches de celles de Juppé,
elles ne le sont pas toujours, ce qui est déjà source de conflit entre les deux
hommes.
Néanmoins, la pierre d’achoppement principale c’est que pour
crédibiliser une possible candidature, Bayrou doit s’en prendre à Sarkozy (et à
Hollande).
Or, les propos très virulents de Bayrou sur Sarkozy n’arrangent
évidemment pas les affaires de Juppé qui doit absolument jouer le jeu de l’union
de LR, là où se trouvera essentiellement ses électeurs lors de la primaire
(même si les centristes feront la différence) et lors de la présidentielle.
Aller à ces deux scrutins avec un allié qui n’arrête pas de
semer la désunion dans les rangs de son parti au risque de provoquer des
polémiques mortifères pour sa candidature n’est pas jouable pour Juppé.
D’où les recadrages opérés et les distances prises vis-à-vis
de Bayrou et qui pourraient se multiplier dans les semaines qui viennent.
Cela ira-t-il jusqu’au clash?
Sans doute pas parce que Juppé a besoin de Bayrou mais
Bayrou a également besoin de Juppé pour leurs ambitions respectives.
Alexandre Vatimbella
A lire aussi:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.