Par petite touche, François Bayrou peaufine son image de
présidentiable tout en étant de plus en plus explicite sur sa présence sur la
ligne de départ en 2017 au cas où Alain Juppé ne serait pas le candidat de LR.
Ainsi, lors d’une interview sur la chaîne LCP, à la question
«Quand on vous écoute, vous êtes prêt en fait, vous êtes prêt à y aller (à la
présidentielle)?», il a répondu sans détour, «Qui a dit que je n'étais pas prêt»
précisant qu’il n’avait jamais «abandonné» son destin présidentiel ainsi que «le
travail de préparation, de réflexion, de formulation».
Il considère ainsi qu’il défend «une vision de l’avenir du
pays» qui est selon lui «cohérente», «juste» et «qu'elle peut apporter une
réponse à un certain nombre de Français».
Au passage, il s’adresse quelques satisfécits: «J'ai défendu
depuis des années des idées et des thèses qui se sont avérées vérifiées dans la
plupart des cas par la réalité, y compris quand j'étais seul contre tous (…).
Je me suis battu souvent seul, et je crois assez juste, sur les déficits, sur
la dette, etc., sur une certaine idée de la vie publique en France, de
l'honnêteté de la vie publique».
Par ailleurs, il semble assez pessimiste sur les chances de
victoire du maire de Bordeaux tout en continuant à lui offrir, tout au moins en
paroles, un soutien sans failles.
Ainsi, il se dit «à 1000% sincère» dans son soutien à Juppé.
Il ajoute, «Je dis sans la moindre zone grise que si ce
candidat de rassemblement qu'est Alain Juppé est choisi par son camp ou par
cette compétition, je le soutiendrai. J'essaierai auprès de lui de faire valoir
mes idées qui ne sont pas tout à fait les mêmes que les siennes sur un certain
nombre de sujets, mais je le soutiendrai. Pourquoi? Parce que je pense que le
pays a besoin de rassemblement, a besoin de rassembleurs et de rassemblement».
Néanmoins, il estime que «le mécanisme des primaires risqué,
sinon dangereux. Vous avez sous les yeux les primaires américaines, grand pays,
le camp républicain, important dans la sensibilité du pays, a joué un rôle
majeur dans son édification, et bien le camp républicain va être représenté par
Donald Trump. Ça ne vous trouble pas? Ça ne vous pose pas une question? Il n'y
a pas dans votre regard comme une interrogation? C'est une machine qui est une
machine... C'est une centrifugeuse, et ça favorise les gens les plus agressifs,
transgressifs et agressifs. C'est comme ça la primaire».
Par ailleurs, après avoir réagit de manière impulsive et
désordonnée face à la montée en puissance d’Emmanuel Macron où l’insulte sans
preuve prenait le pas sur l’argumentation, François Bayrou construit désormais
son rejet du leader d’En marche en le rendant responsable de toute la politique
économique du gouvernement et de ce qu’il considère comme un échec.
«Emmanuel Macron, affirme-t-il, c'est le principal
responsable de la politique économique qui a été suivie par François Hollande
depuis quatre ans, deux ans comme conseiller spécial, secrétaire général
adjoint de l'Élysée chargé de l'économie, et deux années comme ministre de
l’Économie. Et donc sa responsabilité est très grande. Et depuis ces deux
années-là, il y a des choses qui sont extrêmement évidentes. Les choix qui ont
été faits vont à l'encontre sur beaucoup de sujets des choix que je crois
nécessaires, et les résultats sont catastrophiques».
Enfin, il continue à se forger l’image de la meilleure alternative
à un retour aux affaires de Nicolas Sarkozy et à un deuxième mandat de François
Hollande, jouant sur leurs rejets dans l’opinion publique.
L'enjeu principal de l'élection présidentielle qui vient,
c'est que la vie publique française, la vie politique, la vie démocratique
française soient rebâties sur des bases nouvelles. On ne cherche pas une
restauration de ce qu'il y avait avant, en tout cas, je ne cherche pas du tout
une restauration de ce qu'il y avait avant. On ne cherche pas une prolongation
de ce qui existe aujourd'hui. Nous cherchons une reconstruction, une réinvention
de la vie publique en France, et de la démocratie en France. Et je ne cesserai
pas de me battre sur ces questions».
Alexandre Vatimbella
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