Lagarde-Morin, le combat à mort continue |
Il fut un temps où Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin
disait la même chose sur Emmanuel Macron et l’incitaient même vivement à
prendre sa carte à l’UDI.
Il fut un temps où Hervé Morin rêvait tout haut dans Le
Monde d’un parti «central» qui réunirait Sarkozy, Juppé, Valls, Macron et lui-même,
représentant, selon lui, 60% des électeurs.
Il fut un temps…
Mais quand Jean-Christophe Lagarde lors de la démission du
ministre de l’Economie de François Hollande répète ce qu’il dit pourtant depuis
des mois sans aucune réaction de Morin jusque là, c’est-à-dire qu’il faut
discuter avec Emmanuel Macron, le président du Nouveau centre (composante de l’UDI)
monte soudainement au créneau pour estimer, dans une interview au Parisien que
c’est une «faute».
Si c’est son opinion, il faudra alors qu’il explique comment
on peut fonder un parti avec une personne sans jamais discuter avec lui…
On l’aura compris, cela n’a rien à voir avec une quelconque
logique.
En réalité, Morin tente pour la énième fois de tuer
politiquement son ennemi juré, Lagarde.
Alors que ses propos passent souvent inaperçus, cette
fois-ci ils sont repris un peu partout car ils arrangent beaucoup de monde à
droite ainsi qu’à gauche et au Mouvement démocrate.
Hervé Morin sonne donc la charge contre Jean-Christophe
Lagarde sans nuance.
Selon lui, «Se précipiter ainsi vers quelqu'un dont on ne
sait pas ce qu'il fera en 2017, ni qui il est, ni ce qu'il pense, me stupéfie.
A croire que l'UDI serait une famille d'orphelins cherchant fébrilement
l'adresse d'une famille d'accueil. Sur tous les débats politiques du moment,
l'UDI a été ces derniers mois une exo-planète muette et totalement absente. La
priorité, c'était de rallumer la bande-son».
En outre, Morin reproche à Lagarde de vouloir changer d’alliance:
«Que Jean-Christophe Lagarde engage notre parti dans une discussion avec Macron
est un renversement d'alliance puisque nos partenaires naturels sont les
Républicains. Avec Jean-Louis Borloo, nous avons construit l'UDI dans la clarté
des alliances».
Car «discuter avec Macron, c'est rompre les négociations
avec les Républicains pour les législatives. Il va falloir expliquer cela aux
parlementaires et aux candidats qui étaient en train de construire des
candidatures communes de la droite et du centre. Quand on dirige un parti, on
tient son agenda et on ne se précipite pas pour faire l'intéressant!».
Et de menacer l’UDI de disparition: «Avec de telles
déclarations, les germes de l'éclatement sont introduits. Depuis 2002, j'ai
toujours refusé la dilution des valeurs centristes. Je n'accepterai pas
qu'elles disparaissent sur une tocade sans lendemain pour chercher à exister».
Lors de sa traditionnelle rentrée politique à la «fête de la
pomme» d’Epreuville-en-Lieuvin, il a qualifié le comportement de Lagarde de «sidérant»
et a poursuivi ses diatribes:
«Vous l’avez vu, le Centre n’a pas de candidat à ces
primaires. Je le regrette mais c’est la réalité. Qu’est-ce que j’y peux si l’UDI
est devenue une sorte d’exo-planète qui depuis des mois n’a plus d’expression? Ce
ne sont pourtant pas les sujets qui ont manqué pour s’exprimer au cours des
derniers mois: le terrorisme, le Brexit, la crise agricole, la laïcité.
Ah! J’exagère un peu, on a entendu l’UDI et son président
mercredi, oui mercredi matin au sujet du départ d’Emmanuel Macron. Pour dire à
l’ancien secrétaire général de François Hollande, à son ancien ministre de
l’économie, à celui qui a inspiré toute la politique économique des socialistes
depuis quatre ans, à celui qui a été un acteur clé de l’échec de Hollande: ‘tiens
Emmanuel, si tu veux les clés de l’UDI, vas-y prends les, il n’y a pas de
soucis!’. Mais qu’est-ce qui lui a pris à Jean-Christophe de dire une chose
comme ça? Il était en train de chasser les Pokémon ou quoi? En tout cas, les
combinaisons à deux balles pour faire enfin trois glorieuses lignes dans les
journaux, ce n’est pas le moment.
Dans cette entreprise de démolition de Lagarde, puisqu’il s’agit
uniquement de cela, Morin est aidé par les sous-marins LR de l’UDI, Maurice
Leroy et François Sauvadet.
Ce dernier a ainsi déclaré qu’il voulait «mettre en garde
l'ensemble des autres dirigeants de l'UDI: il faut résister à la sirène
Macron!» car celui-ci est une «usurpation».
Et de critiquer le président de l’UDI ainsi que celui du
Parti radical: «Quand j'entends mon ami Jean-Christophe Lagarde et Laurent
Hénart parler d'un dialogue avec Emmanuel Macron, je me dis qu'il faut éviter à
tout prix de revivre ce que nous avons vécu en 2007, quand François Bayrou
prônait le ni droite, ni gauche. Ce débat a été tranché à l'époque: nous sommes
le centre-droit, nous ne voulons pas d'une coalition avec la gauche, fût-ce
avec une passerelle du type Macron.»
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