Emmanuel Macron annonce sa démission |
Le départ d’Emmanuel Macron met en transe le Landerneau
centriste.
Il y a ceux qui espèrent qu’il va les rejoindre, mieux qu’il
peut être leur nouvelle tête d’affiche ou une tête de gondole qui va booster
leur parti.
Dans ce lot, on trouve la plupart des leaders de l’UDI dont
son président, Jean-Christophe Lagarde et le président du Parti radical,
Laurent Hénart.
Il y a ceux, à l’inverse, qui le voit comme un rival
dangereux qui va venir piétiner leurs plates-bandes.
Dans ce lot, il y a, avant tout, François Bayrou qui, depuis
des mois, fait un tir de barrage à l’encontre de Macron et de sa possible
présence à l’élection présidentielle.
Tous ont en commun cette idée que l’ancien ministre de
l’Economie de François Hollande va se positionner au centre de l’échiquier
politique, voire va faire son coming out centriste.
Ce fantasme, rêve pour certains, cauchemar pour d’autres,
montre une incompréhension de l’entreprise de Macron.
Celui-ci ne veut surtout pas se définir d’un camp ou d’un
autre mais a l’intention de surfer sur une vague où chacun peut investir ses
espoirs en lui, qu’il soit de gauche, de droite ou du Centre.
Cela ne fait pas d’Emmanuel Macron une supercherie mais
montre toute l’attente qu’une personnalité comme lui peut susciter dans la
population sans évidemment pouvoir y répondre à moins d’avoir des formules
miracles.
L’erreur d’une partie des centristes dont notamment
Jean-Christophe Lagarde est de vouloir coller Macron au plus près pour tenter
d’en profiter en terme de popularité et électoralement parlant.
D’une part, cela montre la profonde faiblesse de l’UDI qui
est en réduite à se raccrocher de manière opportuniste à la locomotive Macron
alors même qu’elle se débat dans des querelles internes et qu’elle est
incapable d’avoir une position commune pour la présidentielle.
D’autre part, cela montre la méconnaissance du phénomène.
En effet, si l’ancien ministre de l’Economie est souvent
très proche du Centre dans les idées qu’il professe (voire même qu’il est
centriste) et que, de ce fait, il fait bien partie de l’axe central qui
regroupe tous ceux qui se trouvent dans l’espace délimité à droite par les
gaullos-réformistes et à droite par les sociaux libéraux et les sociaux-réformistes,
sa stratégie politique n’est absolument pas de s’identifier à ces soi-disant «vieilles»
appartenances.
Comme a tenté de le faire dans les années 1970 un Michel
Jobert totalement oublié aujourd’hui, comme s’y est essayé également François
Bayrou lors de la présidentielle de 2012, Emmanuel Macron se veut «ailleurs».
C’est là, selon lui, que se trouve sa base électorale.
Ainsi, son «ni gauche, ni droite» n’est pas une entreprise
centriste mais veut capter un électorat composé tout autant de gens de gauche,
de droite et du Centre déçus par leurs partis respectifs mais aussi tous ceux,
de plus en plus nombreux, qui se disent depuis des années dans les sondages ni
de gauche ni de droite.
Cette tentative de récupération est assez ardue car elle
suppose que ce groupe soit vraiment ni de gauche, ni de droite et soit assez
compacte pour qu’une parole politique puisse le séduire en totalité.
En réalité, comme les fameux «independents» américains, ce
n’est absolument pas le cas.
Les «ni gauche ni droite» sont généralement en rupture de
ban de leurs affiliations politiques traditionnelles mais votent, pour la
grande majorité d’entre eux, pour des candidats qui représentent leurs
profondes convictions.
Clairement, majoritairement, un «ni gauche ni droite» proche
de la gauche vote à gauche et un «ni gauche ni droite» de droite vote à droite.
Il reste néanmoins deux sous-groupes qui, effectivement,
sont récupérables pour une entreprise politique de l’«ailleurs».
Le premier est constitué des «ni gauche, ni droite» qui peuvent
voter à droite, à gauche ou au centre, tout dépend du candidat et de son
programme.
Le deuxième est constitué des «ni gauche, ni droite» qui ne
votent plus.
Si Emmanuel Macron parvient à fédérer autour de lui une
partie de l’électorat de centre-gauche qui vote aujourd’hui PS, une partie de
l’électorat de centre-droit qui vote aujourd’hui LR ou UDI, une partie de
l’électorat du Centre qui vote aujourd’hui MoDem ou UDI plus la majorité des
«ni gauche ni droite», il peut effectivement obtenir une majorité ou ne pas en
être très éloigné.
Cependant, rien ne permet de dire qu’il y parviendra,
surtout, qu’il ait besoin de s’allier formellement avec les centristes pour y
parvenir ou qu’il doive le faire au risque de perdre son originalité largement
médiatique et illusoire d’un «ni gauche, ni droite» capable de contenter tous
les électorats dont on vient de parler même si une élection présidentielle,
s’il s’y présente en 2017 ou en 2022, impose un rassemblement hétéroclite pour
l’emporter.
En tout cas, les centristes qui souhaitent réellement travailler
avec Emmanuel Macron, ne doivent certainement pas lui demander de les rejoindre
ou s’adosser à son entreprise personnelle mais bien lui proposer cette alliance
politique contenue dans l’espace de l’axe central.
L’autre erreur des centristes seraient évidemment de tourner
le dos à Emmanuel Macron comme l’a fait jusqu’à présent François Bayrou.
Car le rassemblement que veut mettre en place l’ancien
ministre de l’Economie est bien celui qui peut porter aujourd’hui la dynamique
centriste au pouvoir.
Et il serait inconséquent de s’en priver uniquement pour une
question de personne et d’ambition personnelle.
Macron n’est ni une bouée de sauvetage, ni un cheval de
Troie pour les centristes mais une opportunité.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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