Y aurait-il une limite dans l’irrespect, l’irresponsabilité,
l’inculture et l’infamie qui, une fois atteinte, permet enfin de démasquer un
personnage comme Donald Trump pour une partie des Américains, en particulier
parmi ses fans?
Cette question qui taraude les «pundits» (experts politiques)
depuis que le promoteur newyorkais a annoncé en juin 2015 sa candidature à la
présidentielle aurait-elle enfin une réponse positive?
Avec toutes les précautions nécessaires et face aux
incertitudes d’une campagne électorale – notamment celle-ci –, il semble que la
réponse soit positive et qu’un processus est en train, doucement, de se mettre
en place après les dernières sorties de Trump qui ont tellement inquiété nombre
d’observateurs qu’ils sont même allés jusqu’à s’interroger sur sa santé
mentale...
En quelques jours, il a réussi à insulter les parents d’un
héros de guerre alors même qu’il se soit fait réformer pour un problème médical
inventé de toute pièce afin de ne pas aller au Vietnam tout en estimant que
gagner des milliards de dollars étaient un sacrifice fait pour son pays identique
à celui qui donne sa vie, à affirmer vouloir casser la figure à l’ancien maire
de New York, à demander aux Russes d’espionner Hillary Clinton et à assurer que
Poutine n’envahirait jamais l’Ukraine alors qu’il l’a déjà fait en annexant la
Crimée, tout en rendant les médias responsables de l’ensemble de ses bourdes,
comme d’habitude.
Tout cela vient après un an de déclarations insensées et
honteuses, le plus souvent mensongères, qui n’avaient pourtant pas entamé le
cœur de ses soutiens.
Cela vient après qu’il ait insulté un autre héros de guerre,
membre de son propre parti, le sénateur et ancien candidat à la présidence, John
McCain, ainsi que tous les candidats à la primaire républicaine, de Ted Cruz
(ainsi que sa famille) à John Kasich en passant par Marco Rubio, et bien
évidemment tous les candidats à la primaire démocrate et même le colistier de
Clinton, Tim Kaine, reconnu par ses opposants comme un homme intègre et qu’il a
traité dans un tweet, juste après sa désignation, de «corrompu».
Cela vient après qu’il ait insulté les Mexicains les
accusant d’être des criminels et des violeurs.
Cela vient après qu’il ait traité les Chinois de «tueurs
brutaux».
Cela vient après qu’il ait insulté nombre de femmes de Rosie
O’Donnell à Megyn Kelly en passant par Carly Fiorina ou Arianna Huffington avec
des grossièretés indignes.
Cela vient après qu’il se soit moqué d’un journaliste
handicapé en le mimant à la tribune lors de l’un de ses meetings.
Cela vient après qu’il ait expliqué qu’il pourrait tuer
n’importe qui dans la Cinquième avenue de New York sans perdre le moindre vote.
Cela vient après qu’il ait avancé qu’il ne soutiendrait pas
les alliés des Etats-Unis au sein de l’OTAN si ceux-ci étaient attaqués,
notamment par la Russie.
Sans même parler de toutes les affirmations sur lesquelles
il est revenu comme celle qu’il connaissait bien Poutine pour dire aujourd’hui
qu’il ne l’a jamais rencontré ou pour annoncer l’interdiction d’entrée de tous
les musulmans aux Etats-Unis en assurant ensuite qu’il ne s’agissait que de
quelques uns avant de prétendre qu’il parlait de tous ceux qui venaient de pays
où il y a du terrorisme.
Sans même parler de toutes les affirmations mensongères sur
lesquels il n’est jamais revenu comme de prétendre qu’Hillary Clinton voulait
supprimer le deuxième amendement de la Constitution, qu’il avait rencontré
Ronald Reagan à la Maison blanche, que sa fortune se montait à plus de dix
milliards de dollars ou qu’il avait réussi à lever des fonds pour les anciens
combattants alors même qu’il avait du faire un chèque d’un million de dollars
pour que le montant corresponde à ses assertions.
Sans même parler de ses attaques, pendant des années, bien
avant de se lancer dans la présidentielle, contre Barack Obama, l’accusant de
ne pas être un Américain, sous-entendant qu’il était un Kenyan musulman.
Sans même parler des mensonges de sa femme – que l’on peut
voir nue dans le New York Post – sur ses parents, son parcours et ses diplômes
ainsi que de son plagiat du discours de Michelle Obama.
Le Washington Post, à la fin de l’année 2015, avait recensé 68 personne ou groupes de personnes que Trump
avait publiquement insultés…
Cette liste est malheureusement loin d’être limitative pour
celui qui s’autoproclame «la personne qui se présente à la présidentielle qui ait
le plus réussie dans la vie».
Mais elle est déjà assez longue pour que les sondages ne lui
donnent qu’une poignée de pourcentage.
Or ce n’est évidemment pas le cas jusqu’à présent.
Trump obtient toujours des scores élevés même si Hillary Clinton
vient à nouveau de creuser l’écart.
La centriste bénéficie ainsi des propos de celui-ci et des
controverses qu’ils ont créées mais aussi de l’«effet» convention où un
candidat monte en général de quelques points supplémentaires dans les enquêtes
d’opinion après qu’elle se soit tenue.
Sans oublier que la convention démocrate a été une réussite
alors même que la républicaine a été proche du désastre.
Les semaines qui viennent devraient en dire plus sur la
situation de Trump d’autant que, désormais, il y a un nombre incalculable de
gens qui veulent lui voir mordre la poussière ce qui pourrait délier les
langues et engendrer nombre de révélations désastreuses pour lui.
Encore que la personne capable de faire le plus de mal à
Trump est Trump lui-même.
Sondages
des sondages au 2 août 2016
|
|||
Clinton
creuse l’écart
|
|||
|
Clinton
|
Trump
|
Ecart
|
Election projection
|
45,9%
|
43,2%
|
Clinton 2,7
|
Five Thirty Eight (1)
|
44,3 %
|
39,4%
|
Clinton 4,9
|
Huffington Post
|
46,3%
|
41,4%
|
Clinton 4,9
|
New York Times
|
44,0%
|
41,0%
|
Clinton 3,0
|
Polltracker
|
47,5%
|
39,5%
|
Clinton 8,0
|
Pure Polling
|
46,6%
|
42,6%
|
Clinton 4,0
|
Real Clear Politics
|
45,5%
|
42,0%
|
Clinton 3,9
|
270 to win (1) (2)
|
47,3%
|
41,0%
|
Clinton 6,3
|
(1) Prend en
compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en
compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours
de sondages
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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