Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur
une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une
vision centriste. Septième numéro consacré à la vision centriste de la
mondialisation.
La mondialisation n’a plus très bonne presse en ce moment de
repli identitaire, de volonté protectionniste, de nationalisme économique et
d’isolationnisme rampant.
Certains augures prédisent même sa disparition alors que la
globalisation, la mondialisation économique, ne fait plus rêver et connaît des
difficultés.
Pour autant, un monde fermé où les échanges internationaux
de toute nature connaîtraient des barrières plus ou moins insurmontables serait
une vértiable catastrophe.
Néanmoins, la mondialisation ne serait faire fi de l’élément
humain et de la nécessité d’être raisonnée et équitable.
C’est la raison pour laquelle le Centrisme défend la
mondialisation à condition qu’elle soit humaniste.
Ses origines démocrates chrétiennes et libérales,
l’appellent d’ailleurs à être une pensée de la mondialisation humaniste.
Cet internationalisme se retrouve dans la défense de la
construction européenne par tous les partis centristes de l’UE et de la volonté
d’aller plus loin dans l’établissement d’une fédération européenne.
- Mondialisation, définition
La mondialisation est le mot français pour parler de la
«globalisation», terme inventé par les anglo-saxons.
Il n’y a pas de définition unique de la mondialisation et il
n’y a pas une seule mondialisation mais plusieurs touchant des domaines
différents.
Cependant, on peut dire qu’il s’agit d’une mise en réseau du
monde par un processus d’ouverture volontaire ou non de chacune de ses parties
(continent, région, pays, ville et de leurs populations) aux échanges et aux
influences de toute nature venus de toutes les autres parties.
La mondialisation doit, en théorie, aboutir à un monde
global où ces échanges et ces influences créent un lien direct entre tous les
humains au-delà des frontières d’un pays, au-delà de l’appartenance à une
nation, au-delà de la culture que l’on a reçue.
Dans ce monde global continuellement interconnecté, la
division internationale du travail permet une rationalisation de la production
dans un fonctionnement gagnant-gagnant alors que l’individu mondialisé devient
un citoyen du monde.
Ainsi, pour le Dictionnaire des mondialisations (Editions
Armand-Colin), «la mondialisation consiste à produire un niveau de société
pertinent à l’échelle de l’ensemble des hommes, la planète».
Evidemment, il s’agit d’un but à atteindre et l’état actuel
de la mondialisation montre que l’on en est très loin encore. D’autant
qu’aucune gouvernance mondiale digne de ce nom ne peut encore l’organiser
efficacement dans cette optique.
Cette utopie est, pied de nez de l’histoire, à la convergence
des pensées libérales, communistes et anarchistes qui, toutes trois, se sont
affrontées durement depuis le milieu du XIX° siècle.
Car, contrairement à ce qu’en disent ses détracteurs, la
mondialisation n’est ni une idée de droite, ni une idée de gauche, ni une idée
du Centre mais cette volonté, de tout temps, des êtres humains de se parler,
d’échanger et de se réunir.
Une volonté, il est vrai, contrebalancer par une autre,
celle de la différence.
Mais la mondialisation n’est-elle pas, in fine, un mouvement
de réunion de l’humanité dans la différence de ses membres?
- Les phénomènes de mondialisation
La mondialisation n’est pas une mais multiple, recoupant des
phénomènes qui impactent tout le tissu social et sociétal, de la globalisation
économique au cosmopolitisme des cultures en passant par le métissage des
populations et la gouvernance mondiale, revitalisant le vieux rêve
universaliste d’une humanité unie.
Mais ces mondialisations agressent également les populations
qui les ressentent, à la fois, comme une ouverture positive sur le monde mais
aussi comme une attaque destructrices de leurs identités et de leurs valeurs,
voire, à terme, de leur existence.
Des mondialisations dont les trajectoires sont loin d’être
rectilignes ni mêmes sans cassures, pannes ou reflux.
Néanmoins, les mondialisations sont autant une volonté des
humains de construire le village global qu’une conséquence de leurs nouveaux
modes de vie.
De même, l’interaction local-global ne va pas que dans le
sens du global vers le local, loin de là, mais est bien symétrique.
D’où une multitude de strates dans des mondialisations qui
engendrent le pire comme les trafics d’êtres humains à l’échelle planétaire et
le meilleur comme le rapprochement de ces mêmes êtres humains dans les réseaux
sociaux tout aussi planétaires.
Des mondialisations que l’on peut qualifier in fine de
«naturelles» tant l’humain depuis ses origines s’est distingué par son envie et
son aptitude à découvrir et à connaître son environnement, à le maîtriser et à
instaurer dans sa communauté au sens large (l’humanité) la communication,
l’échange et la coopération, comme en témoigne, par exemple, les religions qui
se veulent toutes universalistes dans leurs fondements (si ce n’est pas dans
leurs pratiques…), s’adressant à tous les êtres humains sans distinction de
sexe, d’ethnie, de provenance géographique ou de rang social.
Enfin, dans leur essence, les mondialisations, quelles que
soient leurs bienfaits et leurs méfaits, sont des mouvements de rapprochement
des différents éléments de la communauté humaine. De ce point de vue, elles ont
besoin de stabilité, de sécurité et de paix, ce qui n’est pas rien dans un
monde où, depuis ses origines, il y a eu plus de jours de guerres que de paix.
- La mondialisation humaniste
Refuser la mondialisation ne la fera pas disparaître d’un
coup de baguette magique et n’aboutira qu’à la subir au lieu de la maîtriser et
de s’en servir positivement.
Prôner la fameuse «démondialisation» à la mode chez quelques
intellectuels et politiques populistes en mal de buzz médiatique est une
attitude qui ne résoudra pas les problèmes de la France ou de l’Europe, bien au
contraire.
A l’inverse, n’accepter qu’une mondialisation financière,
sans règle et sans gouvernance digne de ce nom est irresponsable.
La bonne réponse est une mondialisation humaniste.
C’est le but du Centrisme.
Seule, en effet, la dimension humaniste peut apporter à la
mondialisation l’équilibre nécessaire.
Une mondialisation humaniste est celle qui réunit sans
uniformiser, qui rapproche sans contrainte, qui fait coopérer les individus
volontairement et sur un pied d’égalité, qui crée des réseaux de communication
et d’échange fonctionnant sur le principe du juste équilibre.
C’est également une mondialisation qui se réforme et se
régule constamment, qui place le progrès de l’humanité au cœur de son projet et
où la gouvernance mondiale a comme but la paix perpétuelle ainsi que le
développement de la vie bonne (le vivre bien ensemble, le vivre bien individuel
et la réalisation de soi) au niveau global.
Cette mondialisation ne se construit pas sur un fantasme
mais sur le réel, c’est-à-dire en reconnaissant que toute société, mondiale ou
nationale, fonctionne sur les mêmes principes du libéralisme social où la
liberté et la solidarité sont deux piliers qui se complètent et non qui
s’opposent pour bâtir l’optimum de l’organisation de la société réelle.
Voilà donc cette mondialisation humaniste que prône le
Centre qui est essentielle dans ce monde global où les défis et les solutions à
ceux-ci sont, le plus souvent, du domaine de la communauté humaine et non de
communautés nationales divisées et n’ayant pas les moyens de réussir en
agissant chacune de leur côté.
Relier les personnes entre elles – économiquement, socialement,
sociétalement – au bénéfice de chacun, individuellement, et de tous,
collectivement, telle est la raison d’être de la mondialisation humaniste,
cette mondialisation respectueuse, progressiste, équilibrée.
Tel est l’espoir de l’humanité depuis toujours.
Et, au lieu de fermer les portes à double tours et de se
barricader derrière des murs en béton, dans une régression que nous paierons
cher, tous autant que nous sommes dans le monde, nous devons prendre nos
responsabilités.
C’est peut-être cela qui fait peur, la responsabilité, aux
adversaires de la mondialisation humaniste, qu’ils se trouvent autant chez les
profiteurs d’une mondialisation sauvage que chez les craintifs supporters d’une
renationalisation antagoniste de la planète.
Etude du CREC sous la direction d’Alexandre Vatimbella
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