Mike Pence & Donald Trump |
Ce lundi s’ouvre la Convention républicaine à Cleveland dans
l’Ohio qui va officialiser le triomphe lors des primaires de Donald Trump qui
sera donc le candidat du parti pour l’élection générale du 8 novembre.
Elle validera également le choix de son colistier, Mike
Pence, le gouverneur ultraconservateur de l’Indiana et compagnon de route de
l’organisation d’extrême-droite du Tea Party.
Ce dernier choix, fait presque à contrecœur par le promoteur
newyorkais qui préférait Chris Christie, confirme néanmoins le positionnement
du Parti républicain à la droite extrême de l’échiquier politique si jamais il
y avait eu un doute à ce sujet ces dernières années.
Si le ticket Trump-Pence va rassurer les conservateurs du
parti et plaire aux républicains purs et durs, il risque d’être incapable de
transcender les lignes partisanes, ce qui est une obligation pour remporter la
présidentielle.
En effet, les Américains qui se disent républicains
représentent un potentiel de 30% de l’électorat contre plus de 35% pour ceux
qui se disent démocrates, le reste, un peu plus de 30%, étant des
«independents» dont 10% sont proches des républicains, 10% des démocrates et
20% sont de vrais indépendants qui peuvent changer leur vote.
Or, ces derniers n’ont strictement aucune envie de voter,
pour l’instant, en faveur d’un démagogue populiste allié à un conservateur
rétrograde, tous deux proches de l’extrême-droite.
Et l’arithmétique est sans pitié pour les républicains
depuis 1992 où sur six élections présidentielles, ils n’ont remporté la
majorité du vote populaire qu’une seule fois, en 2004, lors de la réélection de
George W Bush sur fond de peur suite à l’attentat terroriste du 11 septembre et
d’une campagne particulièrement détestable contre le candidat démocrate,
justement parce qu’ils ont été incapables de séduire cette Amérique modérée
mais aussi les noirs, les latinos, les asiatiques, les femmes et les jeunes.
En outre, le choix de Pence (qui était en compétition avec
le gouverneur opportuniste de New Jersey, Chris Christie, et l’ancien leader
des républicains à la Chambre des représentants, Newt Gingrich, un homme de la
droite radicale) montre une nouvelle fois l’absence totale de centristes dans
un parti qui a pourtant compté dans ses rangs les premiers de l’histoire des Etats-Unis.
Ainsi, si l’on met à part les Pères fondateurs de la nation
américaine, notamment l’un d’entre eux, James Madison, qui étaient des modérés
proches des thèses du Centre d’aujourd’hui, les deux premiers grands centristes
–par ailleurs, deux grands présidents – furent Abraham Lincoln et Theodore
Roosevelt.
De manière étonnante, ces deux hommes ne sont guères plus
cités par les républicains, surtout le second, qui leur préfèrent Ronald Reagan
(sic) mais sont devenus de véritables héros pour… les centristes démocrates!
Abraham Lincoln est le modèle du centriste Barack Obama
depuis toujours, celui qui était sa référence durant toute sa campagne de 2008
et pas seulement parce qu’il a aboli l’esclavage mais parce qu’il a lutté pour
garder en vie la seule démocratie au monde à l’époque et parce qu’il s’est
toujours battu pour unir plutôt que pour séparer.
Lincoln qui est aussi une référence pour la candidate
centriste à la présidentielle de cette année, Hillary Clinton, qui vient de
donner un discours important sur la cohésion indispensable au pays à
Springfield, la capitale de l’Illinois où il fut élu pour la première fois.
Quant à Theodore Roosevelt, Barack Obama le cita
régulièrement lors de sa campagne de 2012 et donna un discours particulièrement
remarqué à Osawatomie (Kansas) en 2011 sur les inégalités sociales, là où en
1910, Roosevelt présenta le programme de sa nouvelle politique centriste et
progressiste, le «New nationalism».
S’il y avait encore des centristes en nombre au Parti
républicain dans les années 1960 avec comme chefs de file des hommes comme
Nelson Rockefeller ou George Romney (le père de Mitt Romney, le candidat
républicain à la présidentielle de 2012), ils ont pratiquement disparus aujourd’hui
avec des élus qui se comptent sur les doigts d’une main et qui la jouent, la
plupart du temps, profil bas, comme Susan Collins, sénatrice du Maine, ou qui,
par opportunisme électoral, reprennent les thèses des conservateurs
extrémistes, comme John McCain, voire qui jettent l’éponge comme l’ancienne
sénatrice du Maine, Olympia Snowe.
Pendant ce temps, les démocrates ont eu quatre présidents
centristes, Lyndon Johnson, Jimmy Carter, Bill Clinton et Barack Obama, sans
parler de leurs candidats battus par des républicains comme John Kerry face à
George W Bush.
Cette absence de courant centriste digne de ce nom chez les
républicains est un handicap grave pour le parti et toutes les tentatives de le
recentrer ces dernières années ont échoué à cause de conservateurs extrémistes
qui sont les mêmes qui ont bloqué les institutions à Washington et qui
empêchent qu’un nouveau juge soit nommé à la Cour Suprême.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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