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mercredi 13 juillet 2016

Présidentielle 2017. Macron: mi-populiste, mi-centriste mais s’affirmant de gauche!

Emmanuel Macron au meeting En marche à La Mutualité
La prestation d’Emmanuel Macron le 12 juillet devant une salle comble à La Mutualité de Paris laisse un sentiment mitigé.
On peut, comme Manuel Valls – qui devient peu à peu son principal opposant – n’y voir qu’un discours populiste de la part d’un homme du système.
On peut y voir aussi des propos éminemment centristes alors même que son auteur s’est affirmé de gauche et heureux de l’être.
De la même façon, on peut y voir un one-man show d’un futur candidat à l’élection présidentielle puisque de la bouche même de l’intéressé, le grand rendez-vous à préparer est bien 2017.
Ou on peut y voir la volonté d’un leader d’une nouvelle et énième organisation de la société civile se préparer pour le combat des idées et des propositions, à la manière d’un Nicolas Hulot, pour obliger les candidats à les prendre en compte et à les faire leurs.
Le problème est que ce discours-fleuve a souvent manqué de liant et d’une ligne directrice évidente qui permettrait de comprendre quel est vraiment le but de l’entreprise d’Emmanuel Macron.
Par exemple, pour se qualifier, il se dit de gauche en estimant que les oppositions partisanes ont du sens pour immédiatement se dire progressiste afin de montrer qu’il faut dépasser des oppositions partisanes traditionnelles (celles entre gauche et droite) qui sont en dehors de la réalité!
Du coup, on ne sait pas trop qui on a eu devant soi et Emmanuel Macron a bien fait exprès de brouiller les cartes pour ne pas trop se dévoiler ou, tout simplement, parce qu’il ne sait pas exactement où il va.
Si bien que ceux qui ont vu à La Mutualité une déclaration de candidature pour 2017, ont pris leurs désirs (ou leurs cauchemars) pour des réalités même si on ne peut affirmer qu’il ne l’a pas faite plus ou moins formellement...
Mais, au-delà des suppositions et des extrapolations, revenons au discours où tout s’est entremêlé ce qui a sans doute permis à tout le monde d’entendre ce qu’il voulait entendre.
Celui-ci a oscillé entre le cours magistral d’un professeur voulant dresser une situation claire de la France à la réflexion d’un penseur citant Hegel et essayant de modeler une vision sur l’identité française en passant par un politique en train de donner les directions pour bâtir, si ce n’est un programme électoral, un projet de «transformation» de la société tout en se composant son propre portrait, plutôt positif...
Les accents populistes ont agrémenté les propos, notamment au début de son intervention alors même que son «ami» Alexandre Jardin, écrivain reconverti en leader auto-désigné de la société civile avait accaparé l’estrade avant lui.
Ainsi, Macron a fustigé «les promesses non tenues» qui «usent notre pays» et qui aboutit à ce que les citoyens ne croient plus «dans les promesses qui lui sont faites et dans le même temps il y a une envie folle que les choses changent toute de suite pas demain».
Quant à En marche, il s’agit selon lui d’un «rassemblement qui additionne les énergies, qui sera toujours différent et qui est en marche».
Plus précisément, «c’est le rassemblement des progressistes, ceux qui croient en la liberté, dans un rapport à la justice, dans une société ouverte, dans l’Europe, ceux qui n’ont pas peur de voir la France telle qu’elle est».
Le but est «une France réconciliée» car «la volonté des progressistes c’est de réconcilier les deux France, celle qui regarde l’avenir avec confiance et celle qui en a peur, de les remettre ensemble».
Pour cela, il faut un projet, un «projet progressiste».
Celui-ci n’existe pas pour l’instant mais est une «priorité» puisqu’il devra être écrit pour le mois de décembre, juste avant le début véritable de la campagne présidentielle.
Il se fera «autour de trois convictions».
La première est de «libérer le pays» car «on a besoin de plus de liberté».
Et d’expliquer que «libérer c’est simplifier. Il ne faut pas entraver tous ceux qui osent dans notre pays».
Pour autant, il y faut dans le même temps «une réconciliation vraie entre la liberté et la justice» car «penser que la liberté s’oppose à l’égalité c’est une fausse idée, c’est une erreur profonde».
Une erreur qui dure «depuis des décennies» et qui a «découpé la devise républicaine», en faisant en sorte «que l’égalité soit de gauche et la liberté de droite».
Mais attention aux oreilles de la vieille gauche, «La seule véritable égalité est celle d’opportunité», c’est même «La vraie égalité des libertés».
Ici, on est bien plus proche du libéralisme tout court que d’un quelconque socialisme, fut-il social-libéral, en tout cas de la notion d’égalité défendue par le Centre.
Ensuite, selon Macron, «on a besoin de solidarité pour que tout ça tienne ensemble».
La deuxième conviction, c’est donc la solidarité «ce qui fait du commun».
C’est l’idée de donner «à chacun et chacune leur place en les protégeant».
Seulement «créer des vraies solidarités ce n’est pas créer des droits» malgré ce que croit toujours cette vieille gauche.
Il s’agit de mettre en place «des protections pour faire face», celles qui «permettent à chacun d’accéder à l’autonomie, de penser librement, de vivre librement ensemble».
Nous voilà enfin dans le social-libéralisme, voire dans le libéralisme social mais certainement pas dans la social-démocratie.
Enfin, la troisième conviction qui est «au cœur de nos valeurs», c’est la laïcité qui «n’est pas un mot ringard».
C’est elle qui «protège des identités fermées» et qui nous dicte de «respecter les règles de la république qui s’est bâtie sur un combat pour l’émancipation, pour l‘autonomie des individus».
Une affirmation que ne renieraient pas le Parti radical…
Après avoir rappelé l’importance de l’Union européenne pour la France, Emmanuel Macron, décidément très centriste dans ses «convictions» a conclu en expliquant que «l’élection présidentielle de 2017 est une occasion d’avancer que nous allons saisir ensemble. Ce soir nous sommes là tous ensemble pour revendiquer un droit, un droit de voter pour et non pas contre, pour un projet, pour une vision, pour des choix, pour le pays et c’est cela notre bataille pour les prochains mois où nous prendrons, des risques que je prendrais avec vous».
Et de terminer avec une phrase sibylline: «Nous sommes le mouvement de l’espoir que nous porterons en 2017 jusqu’à la victoire».
Si Emmanuel Macron parvient à se sortir de quelques ambiguïtés néanmoins fortes sur son positionnement et si son projet de transformation tient la route, alors il pourrait bien devenir incontournable, d’une manière ou d’un autre, pour la présidentielle de 2017.

Alexandre Vatimbella



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