Tout le monde veut la peau d’Emmanuel Macron.
A gauche, à droite et au centre, oui, la chasse au Macron
est lancée et elle promet d’être aussi dure que sera la peau du bonhomme.
Mon propos n’est pas, ici, de défendre le ministre de
l’Economie et son ambition évidente ou de justifier les souhaits de ses
adversaires de l’abattre coûte que coûte mais seulement de dresser un constat.
Et ce constat est que tous les courants politiques ont un
intérêt à se débarrasser le plus vite possible du «phénomène Macron» avant que
celui-ci ne prenne éventuellement – car rien n’est certain quand à son succès –
cette ampleur qui ne permettra plus de le faire dans quelques semaines ou
quelques mois.
Il faut évidemment rappeler qu’Emmanuel Macron en décidant
de lancer son mouvement En marche et en ayant déclaré qu’il n’était ni de
gauche, ni de droite, après s’être présenté pendant des mois comme un libéral
de gauche qui voulait réformer la France en profondeur, tente de dynamiter le
paysage politique en vue, peut-être, de la présidentielle de 2017, sûrement pour
celle de 2022.
Cet objectif, allié à des sondages plus qu’encourageants, en
a fait une cible privilégiée pour toute la classe politique.
Cela a commencé à gauche, son camp, avec tout ce que le PS
compte d’archaïques, comme les désignait si bien Michel Rocard en son temps et
qui ont seulement changé de noms mais qui sont toujours là en nombre, ainsi
qu’avec l’extrême-gauche unie dans son rejet du traitre à la cause.
Et si, pendant un temps, François Hollande et Manuel Valls
ont encouragé Emmanuel Macron dans son action iconoclaste, ils se sont rendus
compte petit à petit que si le ministre de l’Economie roulait en partie pour
eux, il roulait aussi et avant tout pour lui et que son réformisme allait bien
plus loin que les leurs et qu’il était en train de les ringardiser auprès de
leurs propres électorats.
Du coup, Macron a aujourd’hui des ennemis dans tous les
courants du PS et de la Gauche.
Du côté de la Droite, on s’est d’abord amusé d’un homme de
gauche qui se disait libéral.
Puis, on l’a plus ou moins soutenu, dans l’idée qu’il
pouvait faire du tort à la Gauche tout en faisant une partie du sale boulot,
c’est-à-dire de réformer le pays en se prenant en pleine figure tous les
blocages de la société, ce qui éviterait à cette même Droite d’en être la
victime en revenant au pouvoir en 2017.
Mais les «grands» stratèges de droite n’avaient pas prévu
qu’en encensant Macron plus que de normal et en s’en faisant les porte-paroles,
ils allaient enclencher un mouvement de soutien parmi leurs sympathisants et
leurs électeurs.
Aujourd’hui, Macron est plus populaire à droite qu’à gauche…
Dès lors, toute la Droite s’est mise à pilonner le ministre
de l’Economie aussi durement que le fait la Gauche en espérant inverser le
mouvement.
Au centre, la situation était plus floue.
Ainsi, l’UDI a cru que ce serait tout bénéfice de récupérer,
non seulement, l’action de Macron mais l’homme lui-même.
Sont alors montés au créneau tous les dirigeants du parti
centriste pour applaudir à ses actes et ses propos tout déclarant en boucle qu’il
devrait adhérer à l’UDI, son vrai parti, celui correspondant le mieux à son
positionnement politique.
Au Mouvement démocrate, en revanche, le rusé François Bayrou
a vite compris qu’Emmanuel Macron était un danger pour sa petite entreprise.
Car, dans l’espace centriste, à part le président du
Mouvement démocrate et après le retrait de la vie politique de Jean-Louis
Borloo, il n’y a pas de personnalité au statut national et à l’image forte dans
les sondages.
Or, Emmanuel Macron, en se positionnant, de facto au centre
de l’échiquier politique est un concurrent direct de Bayrou.
Et il a un énorme avantage: il est jeune.
De son côté, pour des raisons en partie différentes de
celles de Bayrou, l’UDI a révisé son opinion sur le ministre de l’Economie en
voyant désormais en lui un péril qu’il faut empêcher de prendre son envol
définitif.
Bien sûr, l’extrême-droite s’est toujours opposé à Emmanuel
Macron.
Ce tour d’horizon rapide montre que tout l’échiquier
politique a pris position contre ce dernier.
Et c’est bien donc tout le monde qui veut sa peau.
Dès lors, comme il l’a dit, tout sera bon pour l’abattre,
comme son histoire d’impôt sur la fortune qu’il va devoir payer après avoir été
en discussion avec les services fiscaux.
La période qui vient va donc être cruciale pour l’avenir
politique de Macron.
Elle va en effet permettre de savoir s’il est un vrai leader
politique, si ses idées et ses propositions sont sérieuses et si les Français
vont continuer à le suivre en en faisant encore la personnalité la plus
appréciée derrière Alain Juppé, voire devent le maire de Bordeaux.
S’il réussit son examen de passage, il pourra se poser en
alternative crédible.
Peut-être qu’alors il pourra devenir le leader que le Centre
cherche depuis le début de la V° République, même s’il continue à se définir en
homme de gauche aujourd’hui.
Bien entendu, cela nécessitera quelques ajustements mais pas
plus que ceux qu’aurait du faire Jean-Louis Borloo pour occuper la place qui
lui tendait les bras.
Sera-ce suffisant pour permettre enfin au Centre d’avoir la
dynamique nécessaire pour s’imposer comme le courant principal d’une grande
coalition que pourrait devenir l’axe central (de la gauche réformiste à la
droite réformiste en passant par le Centre)?
Rien ne permet de l’affirmer, seulement de l’espérer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.