Bien sûr, François Bayrou n’est pas candidat, à moins que…
Bien sûr, le leader centriste n’a pas de programme sauf que…
Comme il l’a déclaré, il n’a «jamais cessé de travailler à
ce que pourrait être l’avenir du pays», ce dernier étant même «une
préoccupation de chaque instant» car sa «nature n’est pas de subir» et qu’il
croit que c’est d’un «nouvel horizon dont on a besoin».
Ce dernier n’émergera pas «tant qu’on ne s’attaquera pas aux
problèmes de fond de notre pays», car sinon il ne voit pas «de possibilité de
progrès sensible et durable et de meilleure compétitivité par rapport à nos
voisins européens».
D’où un réformisme comme fil rouge: «C’est pourquoi la
question de la réforme, de la capacité à prendre des décisions et à les
soutenir est vitale».
En étudiant les nombreuses sorties médiatiques du président
du Mouvement démocrate lors de ces dernières semaines, on peut ainsi esquisser
ce qui serait son programme présidentiel en 2017 selon ses propres dires qui
sont nombreux en la matière.
Son ambition première est que le pays entre dans une «nouvelle
ère»:
«J’attends que nous nous trouvions à partir de 2017 dans un
nouveau cycle, dans une nouvelle ère de la vie politique française, dans
laquelle on réponde de manière différente à toutes les aspirations des
Français. Sur l’éducation, où on a échoué gravement à mon avis par manque de
réflexion sur le fond, j’attends que l’on rompe clairement avec la politique
actuelle du gouvernement en matière éducative avec la réforme du collège en
particulier. J’attends une rupture franche. J’attends que l’on se trouve avec
une politique qui permette qu’une confiance nouvelle fasse créer des contrats
de travail alors que c’est à peu près le contraire de ce que l’on est en train de
faire. J’attends que la France ait une proposition européenne différente de ce
que nous avions jusqu’à aujourd’hui.
François Bayrou explique que «Les mesures détaillées dans
les programmes sont nécessaires mais ne sont pas l’essentiel. Depuis des
lustres, on a appris que ces engagements étaient la plupart du temps
mensongers. Deux choses comptent pour l’élection présidentielle. La plus
importante, c’est le profil personnel de celle ou de celui qui aspire à la
fonction. Il faut qu’il ait un tempérament, une crédibilité, de l’expérience,
la capacité à rassembler. Et il faut qu’il ait une vision. Car c’est cette
vision qui permet de fixer les priorités qui vont permettre de changer la vie
du pays. C’est la deuxième exigence».
On reconnait là la posture gaullienne qu’il essaye d’imposer
depuis sa candidature de 2012.
Pour autant et paradoxalement, il n’est guère avare en détails
et propositions à mettre en place par le prochain président de la république...
Selon lui, «Il y a une chose qui est très importante, c’est
que les programmes n’oublient pas quelque chose qui est vital: offrir au pays
un horizon, y compris un horizon social. Je retiens deux horizons nécessaires :
comment va-t-on rétablir les comptes mais aussi rétablir la vitalité du pays,
sa créativité? Comment va-t-on faire pour passer à un pays qui de nouveau se
met à croire et à créer? Que va-t-on offrir à ceux qui ne sont pas du bon côté
de la barrière? Il faut leur offrir de l’emploi et les programmes qui veulent
mettre la priorité sur l’emploi sont justes. Mais il faut à mon sens offrir un
autre horizon, notamment en termes d’égalité des chances. Où va-t-on pour ceux
qui sont le plus en difficulté?»
A ces deux horizons, il ajoute cinq priorités qu’il a définies:
«La première des priorités, c’est que la France se
réconcilie avec son système éducatif, c’est-à-dire qu’elle retrouve la
certitude que l’école offre la meilleure formation possible à la fois pour la
nation et pour l’égalité des chances.
» La deuxième, c’est que la France se libère de la
bureaucratie qui l’asphyxie. La prolifération des exigences administratives et
normatives imposées au citoyen, aux familles, aux entreprises, aux
collectivités, aux associations constitue un véritable emphysème qui empêche le
pays de respirer et de produire les effets nécessaires.
» La troisième c’est un nouvel équilibre des dépenses
publiques. Le débat se focalise sur les dépenses, et c’est justifié. Mais si la
France a aujourd’hui 57,5% du PIB de dépenses publiques c’est aussi parce son
PIB n’est pas ce qu’il devrait être et donc que ses ressources ne sont pas ce
qu’elles devraient être. Si nous avions tenu un rythme normal de croissance,
notre PIB serait au moins de dix points supérieurs à ce qu’il est.
» Quatrième priorité, je maintiens, sur le droit du travail,
qu’une norme illisible est une pénalisation très forte pour l’activité. Il faut
simplifier, et on ne cesse de complexifier.
La cinquième priorité, c’est modifier la vie publique pour
trouver le moyen de créer des dialogues et des alliances plus larges afin de
soutenir une politique de réforme qui rassemble au moins une majorité relative
de Français.»
Néanmoins, il semble bien qu’avant tout, il faut pour Bayrou
le retour au plein emploi:
«La priorité des priorités est qu’il y ait des contrats de
travail. Et l’idée qu’en surtaxant les CDD, on va favoriser les CDI, est à mon
avis ne rien comprendre à la manière dont on conduit une entreprise et dont on
embauche. On embauche en CDD souvent parce que l’on craint le CDI. Je défends
depuis très longtemps un CDI à droits progressifs, idée qui a été reprise par
Matteo Renzi en Italie et qui a crée plusieurs centaines de milliers d’emplois
en quelques mois. Surtaxer le CDD est exactement l’inverse de ce que le
gouvernement avait annoncé. Il a trahi lui-même les intentions qu’il affichait.
Si on veut que le chômage baisse, il faut assouplir le droit du travail. Le
gouvernent, en surtaxant les CDD, en abaissant le revenu que les heures
supplémentaires rapportent aux salariés, fait le contraire de ce que je crois
nécessaire. Je pense qu’il faut un travail plus souple et mieux payé, le
gouvernement fait un travail plus rigide et moins bien payé. Cette désinvolture
à l’égard des gens qui travaillent est quelque chose de profondément choquant.»
De même, il n’est pas pour pénaliser les heures
supplémentaires:
«Il est légitime de dire qu’il ne faut pas que les heures
supplémentaires soient trop pénalisantes pour l’entreprise. Mais il est tout aussi
légitime de dire qu’il faut que les heures supplémentaires rapportent aux
salariés beaucoup plus que l’heure normale. Il faut que l’heure supplémentaire
rapporte 25% de plus aux salariés qu’une heure normale. On peut défalquer cette
prime des charges sur l’heure supplémentaire. On peut tout à fait considérer
que la personne qui a travaillé déjà 35 heures a payé sa part de l’assurance
sociale, ce qui fait que l’heure supplémentaire à l’entreprise ne coûte pas
plus cher mais aux salariés rapporte 25%. Je pense que l’on se trompe en
voulant sous-payer le travail. C’est une tendance très répandue et néfaste. Le
travail en France est trop peu payé. Il coûte beaucoup trop cher à l’entreprise
mais il est trop peu payé.»
Concernant, le SMIC, il en refuse la baisse: «Mais, on peut
imaginer que pour ces salaires là, les charges soient tellement conduites à
zéro ou presque que le coût pour l’entreprise soit plus faible. En général, je
refuse la baisse des salaires. Pourquoi? Parce que la baisse des salaires c’est
entrer dans processus déflationniste dont on ne se sortira pas. Mais, ce que je
recommande, c’est de toucher au contrat de travail, au code du travail et qu’on
arrive à traiter cette question qui est la peur des créateurs d’emplois de ne
pas pouvoir mettre un terme au contrat de travail quand ça va mal. Je crois que
la fiscalité n’est pas adaptée et notamment à ceux qui créent des richesses».
En matière sociale, François Bayrou prend des accents de
gauche, voire populiste, pour affirmer que «Oui, la lutte des classes est une
réalité».
Et d’expliquer:
«J’ai les yeux ouverts sur le monde et je vois exactement ce
qu’il en est dans une société qui se durcit, dans laquelle il y a des
recherches de privilèges, des défenses de privilèges et une volonté de faire
que les pouvoirs et ‘l’avoir’ soient concentrés dans les mêmes mains. Je
considère que c’est une des faiblesses de la société française que de ne pas
être arrivée à une société dans laquelle l’ascenseur social marche bien, dans
laquelle on peut faire des études même quand on vient des milieux les plus
difficiles… Il y a en effet une exclusion de millions de Français et de leurs
enfants des situations qui sont les nôtres. Autrefois, on pouvait faire ce
chemin: venir du Béarn profond, de milieux sans argent et y arriver parce que
l’école offrait cela. Aujourd’hui on n’y arrive plus. Cet état de la société
n’est pas acceptable. L’idée que l’on a besoin de démocratiser la société, que
l’on a besoin d’égalité des chances, que l’on a besoin d’ouvrir les situations
de pouvoirs et d’influences et pas qu’elles soient uniquement réservées aux ‘fils
et filles de’, cette idée est la mienne. Je l’ai toujours défendue pour des
raisons personnelles et je la défends parce que les familles qui sont dans
cette situation, je considère que j’en ai la charge. Je considère que c’est ma
vocation, ma mission de prendre partie pour elles et de défendre leurs enfants
alors que personne ne les défend plus.»
Pour ce qui est du RSA, le conditionner «à des heures de
bénévolat ne me choque pas, et plus encore à des heures de services. Que l’on
puisse avoir la possibilité de créer des services qui n’existent pas dans la
société française, en donnant non pas le RSA mais un peu plus. Par exemple, je
suis choqué dans les aéroports et dans les gares qu’il n’y ait pas de personnes
pour aider les personnes à mobilité réduite. Je suis pour que le A de RSA ait
une vraie signification et que l’on favorise l’activité. Un des problèmes les
plus lourds que nous ayons c’est qu’il y a des personnes qui ne sortent pas du
chômage car ils vont perdre des tas d’allocations, d’aides aux transports,
d’aides pour la cantine, qui font qu’en travaillant ils vont recevoir moins que
si ils ne travaillaient pas».
En matière d’Education nationale, il est «certain que
l’éducation sera un des grands sujets de la campagne présidentielle».
Evidemment, il a une vision sur ce qu’elle doit devenir, lui
qui eut en charge ce département ministériel dans le gouvernement Juppé sous la
présidence Chirac:
«La situation s'est profondément dégradée et les enseignants
ont le sentiment que l'on se moque d'eux. La réforme du collège est une
atteinte profonde à leur métier et à ce qu'ils sont. Il y a là un enjeu majeur
de l'avenir, l'alternance doit être le signal de départ de la suppression de la
réforme du collège, d'une reconstruction à partir de la base de ce que doit
être l’Éducation nationale. Ce qui doit se passer dans les classes est avant
tout une transmission de connaissances et un soutien à l'épanouissement des
élèves. L'important est la transmission de connaissances, il faut que l'on ait
le sentiment qu'à l'école on reçoit quelque chose et que lorsqu'on est
enseignant on donne quelque chose. Il faut sortir de ces foutaises que sont les
soi-disant enseignements pluridisciplinaires à l'intérieur desquels on suggère
qu'il faille étudier pendant 3 mois l'électrocution de Claude François...»
En ce qui concerne l’Union européenne, il estime qu’«Il y a
cette double nécessité de reconnaître que l’Europe est vitale pour les pays qui
la forment et qu’elle ne survivra pas si nous ne lui donnons pas la dimension
d’un ensemble démocratique. Tous, nous avons le droit de savoir comment se
préparent les décisions, qui décide, quelle est la légitimité de ceux qui
décident et quand se prennent les décisions au nom des peuples Européens».
Ainsi, selon lui l’Europe «souffre d’une espère
d’impuissance, d’un désordre intérieur parce que les règles adoptées par les
uns ne sont pas les mêmes que celles adoptées par les autres notamment en
matière fiscale, c’est à dire que pour moi le combat pour l’harmonisation
fiscale, l’unification de nos règles fiscales, en tout cas dans les pays de
même niveau de développement, c’est un enjeu de première priorité. L’Europe
souffre d’une deuxième chose que tout cela illustre, si l’on y réfléchit bien.
C’est qu’on ne sait pas qui prend les décisions, quand on prend les décisions,
sur quel agenda on prend les décisions, quels sont les mécanismes qui
permettent de prendre les décisions. Personne ne le sait.»
De même, se définissant lui-même comme agriculteur et fils d’agriculteur,
il se dit particulièrement attentif à la politique agricole:
«Il faut changer profondément le modèle agricole. C’est
extrêmement difficile et compliqué, parce que cela entraîne aussi une remise en
question des logiques européennes, de la manière dont elles fonctionnent. Ce
n'est pas facile à faire, mais c’est vital au sens propre du terme. Pour moi, la
politique agricole que nous devons suivre, ses principes doivent être au nombre
de deux. Le premier comme aujourd’hui, fournir aux français et aux européens,
une nourriture de la meilleure qualité possible et du meilleur prix possible,
c’est entendu. Et deuxièmement s’agissant spécifiquement de la France,
maintenir un tissu d’agriculteurs suffisamment vivace pour que l’agriculture
demeure un élément de l’identité de la société française et de son équilibre.
Il y a beaucoup de pays qui ne cherchent pas ça. Il y a beaucoup de pays qui
considèrent que l’agriculture est une industrie de la nourriture, or ce n’est
pas une industrie de la nourriture, c’est un genre de vie. Si vous voulez me
dire que c’est difficile que ça va entraîner des remises en question, peut être
des interrogations européennes, je le crois c’est vrai, c’est comme ça. Mais on
ne peut pas faire autrement, on ne peut pas en rester avec un monde agricole
qui a été le pilier de la France, le tissu de la France, et qui est si
profondément désespéré, écœuré, lassé, se détournant de tout. Simplement parce qu'ils
ne peuvent pas vivre avec le métier pour lequel on les a entraîné à faire ou
plutôt la manière dont on les entraîne à le faire».
En matière institutionnelle, il pense qu’«un Président de la
République ne doit pas vivre avec l’idée d’une majorité. Ce n’est pas son
travail mais celui du Premier ministre. Le Président de la République doit
vivre avec l’idée d’un peuple tout entier, réuni, pas d’un peuple coupé entre
majorité et opposition, entre droite et gauche et à l’intérieur de la gauche
entre une certaine gauche et une autre».
En outre, évidemment, il plaide pour la mise en œuvre d’une
dose plus ou moins grande de proportionnelle aux élections législatives: «La
question fondamentale, c’est plutôt notre système politique qui empêche des
courants différents de s’entendre pour faire passer des réformes utiles. Pour
débloquer la situation, il faut changer la règle du jeu, qui est la loi
électorale».
D’autant que pour lui, «le Parlement, aujourd’hui, pour moi
est plutôt le reflet de toutes les insuffisances de la démocratie française».
Dès lors sa «réforme» s’impose pour «qu’il y ait moins de
parlementaires. Il faut aussi que les procédures soient redéfinies et que l’on
puisse se retrouver avec un parlement qui soit le reflet exact de ce que la
Nation pense et attend».
Quant à la crise migratoire qui frappe l’Europe, «Il ne faut
pas confondre les choses, les valeurs humanistes sont une chose et il est
naturel et important qu’on ait à l’égard des réfugiés et des vagues qui les
poussent vers nous, une attitude résolument constructive, que l’on aide dans
les pays d’où ils viennent en particulier. Il faut une volonté d’imposer un ordre
qui, pour l’instant, n’existe pas et détruit les sociétés d’où ces femmes et
ces hommes viennent le plus souvent. Mais aucun pays ne peut accepter d’avoir
des vagues de réfugiés sur son sol sans les réguler. Ça n’existe pas. Je n’ai,
pour ma part, jamais cru qu’on pouvait en arriver là car dès l’instant que vous
êtes devant des nombres, des chiffres, des vagues, il y a des déstabilisations
des sociétés dans lesquelles vous vivez et donc la régulation, la recherche de
l’équilibre est une chose tout à fait essentielle».
Plus largement, il considère que les aides sociales doivent
être réservées aux immigrants en situation régulière:
«J’approuve le principe qui dit qu’un pays réserve ses aides
à ceux qui sont en situation régulière à l’intérieur. Autrement, vous favorisez
la recherche des situations irrégulières. Il y a un point sur lequel on doit
faire attention c’est l’aide en matière de santé. Ne serait-ce que parce que
lorsque vous avez des personnes qui entrent et qui sont en mauvaise santé,
évidemment ça peut entrainer des dégâts sanitaires pour l’ensemble. Et puis, il
y a une dimension d’humanité élémentaire. Mais les autres aides, pour moi, il
est juste et normal de dire qu’elles sont réservées à ceux qui sont à
l’intérieur du pays en situation régulière. Autrement, naturellement, on entre
dans un univers dans lequel vous ne contrôlez plus et surtout vous faites passer
le message qu’au fond dans ce pays-là, on peut y entrer comme dans une auberge
espagnole. Ce que ne doit pas être un pays comme la France aujourd’hui».
Enfin, en matière de terrorisme, il dit, «Je suis pour la
fermeté. Je pense que tous les atermoiements, les manières de glauser à
l’infini ne sont pas adaptés à la situation».
Et de préciser: «Pour moi, la sécurité est la première des
libertés. Si on se met dans la tête que l’on a besoin de sécurité pour que la
liberté s’exerce, alors on ne voit aucune difficulté à un positionnement de
fermeté».
Alexandre Vatimbella
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On ne parle jamais des retraités qui ont du mal à y arriver (je vais être expulsée à 68 ans) car les retraites ne sont plus valorisées et il est très difficile de survivre on gagne de trop pour être aidés mais pas assez pour vivre décemment, alors on fait comment? les plus petites retraites devraient au moins être au SMIC à mon avis, j'ai élevé mes enfants comme beaucoup de femmes de mon âge, et j'ai mis un temps de côté ma carrière professionnelle et lorsque j'ai voulu reprendre le travail on me disait trop vieille, alors la solution? pensez un peu à nous......
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