Alain Juppé & François Bayrou |
Plus l’élection présidentielle se rapproche, plus François
Bayrou se sent à l’étroit dans son rôle de premier fan de son «ami» Alain
Juppé.
Alors de petites phrases en mesures programmatiques, le
président du Mouvement démocrate n’arrête plus depuis plusieurs semaines de
marquer sa différence avec le maire de Bordeaux et, plus encore, avec tous les
candidats LR qu’il trouve trop à droite.
Lors du Grand jury de RTL-Le Monde-LCI, Bayrou a affirmé «Je
soutiens Alain Juppé d’abord parce que j’ai confiance en lui. Je ne dis pas que
j’ai absolument les mêmes idées qu’Alain Juppé sur tous les sujets, ça ne
serait pas vrai».
Dès lors, la mission qu’il s’est assigné si Juppé est le
candidat de la Droite est de le «faire bouger» en l’amenant à évoluer vers ses
propres positions.
Savoir si cela sera possible est une autre histoire quand on
entend ce que dit la garde rapprochée d’Alain Juppé.
Comme les propos tenus à de multiples reprises par Hervé
Gaymard, le directeur de la campagne du maire de Bordeaux exliquant que ce
dernier n’était pas centriste (mais «central») et que Bayrou n’avait aucune
influence sur son programme présidentiel.
De son côté, François Bayrou distille ces derniers temps
nombre de propositions qui ressemblent à une ébauche de programme ainsi que des
positionnements qui ne sont pas toujours en phase avec ses nouveaux amis de
droite.
On se rappelle de ses «cinq priorités» énumérée dans une
interview aux Echos (réforme du système scolaire, de l’administration,
équilibre des dépenses publiques, réforme du droit du travail, dialogue entre partis
et nouvelles alliances politiques).
Lors du Grand jury RTL, il a, par ailleurs, déploré le
virage à droite que les candidats à la primaire de LR prenaient – «On assiste à
une course à la surenchère» –, notamment Bruno Le Maire qu’il a fustigé pour
s’attaquer aux bénéficiaires du RSA prenant la défense de ces derniers avec un
discours aux accents sociaux de la démocratie-chrétienne mais aux intonations
parfois populistes voire démagogiques qui ont caractérisé, par exemple, ses récentes
attaques contre la «partitocratie».
Toujours sur RTL, il s’est fait un défenseur de la lutte des
classes: «Oui, la lutte des classes est une réalité. J’ai les yeux ouverts sur
le monde et je vois exactement ce qu’il en est dans une société qui se durcit,
dans laquelle il y a des recherches de privilèges, des défenses de privilèges
et une volonté de faire que les pouvoirs et ‘l’avoir’ soient concentrés dans
les mêmes mains».
Ce qui rappelle une déclaration étonnante faite quelques
jours plus tôt sur France info dans laquelle il expliquait qu’il écoutait avec
attention tout ce que Jean-Luc Mélenchon disait…
Sans oublier que s’il estime que la mouvement «Nuit debout»
n’a pas «un grand écho dans l’opinion» et qu’il n’a pas de «cap» ou de
«débouché politique», il s’est bine gardé de le critiquer ou de le condamner comme
un repère de gauchistes.
En outre, il s’est prononcé pour une «rupture franche» pour
enlever le pouvoir aux «groupes d’intérêts qui pèsent dans l’ombre pour diriger
le pays».
Pas sûr que toutes ces déclarations soient très en phase
avec la ligne politique d’Alain Juppé.
Il a également repris son antienne catastrophiste sur l’état
de la France en affirmant que «le pays est au bord de l’effondrement sur
lui-même».
Par ailleurs, iIl a redit qu’il ne soutiendrait qu’Alain
Juppé et que si ce dernier n’était pas le candidat de LR, il reprendrait sa
liberté tout en refusant d’annoncer qu’il serait alors lui-même candidat pour
éviter que «la presse en fasse ses gros titres»…
D’autant qu’il estime avoir un socle d’intentions de vote
prometteur qu’il évalue actuellement à 14% (alors qu’il tourne plutôt autour de
10%-11%).
C’est sans doute dans l’optique d’une éventuelle candidature
qu’il a, à nouveau, fortement critiqué Emmanuel Macron qui est devenu un
concurrent direct, chassant sur les mêmes terres politiques..
Alexandre Vatimbella
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