Bernie Sanders & Donald Trump |
Si Le Parti démocrate perd l’élection présidentielle (et,
sans doute, les élections législatives dans la foulée), Bernie Sanders en sera
probablement un des grands responsables.
Sénateur sans grand relief d’un des plus petits Etats du
pays (rappelons que, quel que soit sa taille, un Etat envoie toujours deux
sénateurs au Congrès, ce qui fait que certains sont élus par un nombre très
limité d’électeurs), il a réussi au-delà de toute espérance à se faire un nom
et a développé son programme socialiste (et non social-démocrate comme certains
voudraient le faire croire) alors même qu’il y a un an il était quasiment
inconnu de 99% des Américains.
Il doit cela, avant tout, à deux phénomènes.
Le premier est le manque de candidats à la primaire
démocrate face à Hillary Clinton, la centriste ultra-favorite.
Face à elle, un candidat sans relief, O’Malley, qui
abandonna après le premier scrutin dans l’Iowa (deux autres, Chafee et Webb
ayant jeté l’éponge avant même le début des primaires) et un candidat, Sanders
qui est alors devenu la seule façon pour les opposants démocrates de Clinton de
s’opposer à elle.
Car, le deuxième phénomène est l’éruption d’une formidable
vague de populisme démagogique dont aucun politologue n’avait prévu l’ampleur
même si elle avait été précédée de quelques signes avant-coureur (Tea Party,
Occupy Wall Street).
Celle-ci a permis à Donald Trump de devenir le candidat
officiel du Parti républicain.
Et, côté démocrate, elle a permis à Sanders qui, à défaut de
pouvoir gagner les primaires, a pu se faire un nom et une notoriété, drainant
avec lui toutes les aigreurs de la gauche du Parti démocrate – dont il n’est
pas membre – mais aussi d’électeurs qui sont souvent plus à droite que Clinton
mais qui sont en colère face à leur situation et/ou la situation du pays selon
eux, souvent à mille lieux de ce qu’elle est en réalité.
Et Bernie Sanders a profité de cette improbable situation
pour faire de l’agit-prop en tentant de démolir les positions centristes de
Clinton, de faire imploser le Parti démocrate en vue d’une recomposition de
celui-ci à gauche toute et de se promouvoir en tant que futur de ce nouveau
Parti démocrate et, in fine, du pays.
Pour cela, il a utilisé les armes des populistes, des
démagogues mais aussi des opportunistes, avec une haine et une hargne qui ne
sont pas à son honneur.
Comme celle du débat face à Trump.
Pour tenter de déstabiliser Hillary Clinton, ce dernier a
depuis des semaines martelé que les démocrates avaient été malhonnêtes avec le
«pauvre» Bernie Sanders et qu’ils avaient fait en sorte qu’il ne puisse pas
être le candidat du parti (alors, que Clinton a plus de trois millions de voix
de plus que lui).
En cela, il ne se faisait que l’écho de la paranoïa
obsessionnelle, réelle ou mise en scène, du sénateur du Vermont.
Et, comme toujours, le promoteur immobilier newyorkais,
amplifia sa provocation en proposant à Sanders un débat avant la primaire de
Californie.
Cette proposition venait après le refus de Clinton de
débattre avec son adversaire socialiste sur la chaîne d’extrême-droite, Fox
news!
Débat qui n’aurait servi qu’à montrer les désaccords entre
les deux adversaires alors même que Sanders ne peut plus gagner, c’est-à-dire
qui aurait été du pain béni pour Trump.
On comprend pourquoi Fox news était intéressé à le
retransmettre…
L’étonnant fut que Sanders accepta aussitôt le débat avec
Trump au mépris de toutes les règles politiques.
Il se démena même avec une rare énergie pour remplir les
conditions posées par Trump et trouver une chaîne de télévision qui veuille le
retransmettre (on se doute que ce ne fut pas très difficile!).
Mais le candidat républicain alla jusqu’au bout de sa
provocation et humilia Sanders en déclarant, le lendemain qu’il ne voulait pas
débattre avec un perdant et qu’il se réservait pour la confrontation avec
Clinton.
Bernie Sanders se retrouva le dindon de la farce qu’il avait
aidé à mettre en place, apparaissant aux yeux de beaucoup pour ce qu’il ait,
l’alter-égo démocrate de Trump.
Mais, pour ajouter au pathétique de la situation, il fit des
déclarations dans lesquelles il implorait Trump d’accepter de débattre.
D’ailleurs, personne ne sait si Trump ne fera pas encore
volte-face, voire plusieurs fois pour se moquer de Sanders et continuer à
déstabiliser les démocrates.
Au-delà du ridicule, ce nouvel épisode de la campagne
présidentielle américaine montre bien malheureusement sa prise en orage par
deux bouffons pas vraiment drôles mais qui menacent par leurs comportements la
démocratie républicaine qu’ils n’arrêtent pas de se payer la tête au plus grand
plaisir de leurs fans, car c’est comme ça qu’il faut appeler leurs
sympathisants, eux qui ne cessent de se pâmer devant les attaques les plus
brutales, les plus grotesques et les plus grossières de leurs champions
respectifs.
Si Hillary Clinton et sa ligne centriste l’emporte le 8
novembre prochain, on pourra pousser un ouf de soulagement.
Mais, en voyant le spectacle quotidien de cette campagne
électorale et la complicité avec laquelle les médias, surtout audiovisuels, y
prêtent leur concours, ce ne sera sans doute pas une partie de plaisir.
Pour ceux, en France, qui ne comprennent pas vraiment ce qui
se passe actuellement de l’autre côté de l’Atlantique, c’est comme si un
candidat centriste ou centro-compatible se trouvait coincé entre un Jean-Luc
Mélenchon et une Marine Le Pen dont les sondages leur donneraient des chances
d’être élus.
On espère éviter ce cauchemar dans quelques mois…
Centristement votre.
Le Centriste
Vous faites semblant d'ignorer que Sanders a plus de chances que Clinton de l'emporter face à Sanders...
RépondreSupprimerl'occident se demande à quelle sauce il sera mangé
RépondreSupprimer