Donald Trump n’est pas encore le président des Etats-Unis et
Bernie Sanders a peu de chances (mais il en a) de battre Hillary Clinton.
Avant de dramatiser à l’extrême la situation, il faut
attendre quelque peu.
Néanmoins, ce qui se passe actuellement lors des primaires
démocrates et surtout républicaines ne peut que susciter l’inquiétude de tous
les démocrates, dont les centristes, sur le devenir de la démocratie
républicaine aux Etats-Unis et, par contrecoup, dans toutes les démocraties républicaines,
libérale et représentative du monde.
Du côté républicain, donc, Donald Trump sera le candidat du
parti à l’élection du 8 novembre prochain après sa victoire dans l’Indiana et
la défaite cuisante de son principal adversaire, Ted Cruz, qui a décidé de
«suspendre» sa campagne, prémices à un abandon pur et simple.
Aucun démocrate responsable ne pleurera la défaite de Cruz
qui était certainement un danger plus grand encore pour la démocratie
américaine que Trump.
Homme d’extrême-droite qui avait réussi l’exploit d’être
plus détesté dans son propre parti que chez ses adversaires, il était porteur
d’un projet réactionnaire et d’une vision de gouverner l’Amérique
particulièrement néfaste et toxique.
Ayant dit cela, la perspective de voir Donald Trump à la
Maison blanche – même si tous les sondages le donnent perdant actuellement face
à n’importe quel candidat du Parti démocrate – n’est guère plus réjouissante.
Narcissiste, menteur (91% de ses déclarations sont des
mensonges selon l’organisation PolitiFact), démagogue et populiste aux idées
courtes qui pourraient plonger son pays et le monde entier dans l’abîme, il bénéficie
de tout le travail de sape mené par les dirigeants républicains contre le
système politique américain depuis plusieurs décennies ainsi que d’une
responsabilité coupable des médias qui ont gonflé sans cesse sa candidature
pour faire du taux d’audience à peu de frais.
Mais les sympathisants républicains lui ont également
accordé leurs votes en nombre.
De ce point de vue, force est de reconnaitre que le
fonctionnement de la démocratie américaine pose problème, surtout que le
système mis en place par les Pères fondateurs de la nation et son évolution
dans le temps risque de permettre à leur pire cauchemar de s’emparer de la
présidence du pays.
Car c’est bien pour éviter des personnages comme Donald
Trump mais aussi Bernie Sanders que le système politique américain a été
modelé, afin d’empêcher que le peuple, tombant sous le charme des sirènes d’un
démagogue populiste aux courtes vues, puisse devenir le premier personnage de
l’Etat.
Bien sûr, des dangers et des menaces de ce type ont existé
depuis la création des Etats-Unis en 1783.
On cite principalement Barry Goldwater, candidat républicain
malheureux face à Lyndon Johnson en 1964, mais d’autres personnages «à la
Trump» et «à la Sanders» ont jalonné l’histoire des élections présidentielles
sans être, néanmoins, dans la situation de l’emporter.
Pour autant, la montée en puissance des deux hommes se fait
sur fond d’une montée concomitante dans les démocraties républicaines d’une
autonomisation irresponsable, égoïste et égocentrique, des individus qui menace
les fondements mêmes de leur fonctionnement.
Et les médias, dont particulièrement internet, y jouent un
rôle de premier ordre en répandant toutes sortes d’informations de moins en
moins vérifiables et en exaltant une sorte de rébellion larvée qui trouve son
exutoire aux Etats-Unis dans le Tea Party (mouvement d’extrême-droite
populiste) et Occupy Wall Street (mouvement d’extrême-gauche populiste) mais
aussi ailleurs, en Europe en particulier, dans des mouvements comme Nuit debout
en France actuellement, sans aucune relation avec le réel.
Le 8 novembre est encore loin mais c’est en même temps demain.
Il faut espérer pour les Etats-Unis mais aussi pour
l’ensemble des démocraties républicaines mais aussi pour le monde entier que
Donald Trump ne sera pas le 45° président des Etats-Unis.
De même, à un degré moindre, Bernie Sanders.
C’est pourquoi, même si elle n’est pas la candidate parfaite
– mais qu’elle n’est pas non plus la démoniaque malhonnête que certains se
complaisent à présenter sans aucune preuve tangible comme l’ont rappelé
récemment encore Nicholas Kristol dans le New York Times et Jill Abramson dans
le Guardian –, Hillary Clinton est celle du Centre et de la démocratie
républicaine.
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