Dilma Rousseff & Michel Temer |
Or donc, après la Chambre basse, celle des députés (par 348
votes sur 481), le 18 avril dernier, c’est le Sénat par une large majorité (53
voix contre 22) qui vient de voter la mise en place d’une procédure de
destitution de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff.
Dans un premier temps, elle va être écartée du pouvoir, «suspendue»
pendant 180 jours en attendant son procès, remplacée, en intérim, par le
vice-président, le centriste Michel Temer, 75 ans, membre du PMDB (Partido do movimento
democrático brasileiro ou Parti du mouvement démocratique brésilien).
Celui-ci est un parti politique «attrape-tout» situé au
centre de l’échiquier politique mais regroupant des courants allant de la
gauche radicale à la droite conservatrice.
Le PMDB est le principal parti en termes d’élus (69 sur 513
à la Chambre des députés et 18 sur 81 au Sénat dans un paysage politique
extrêmement morcelé avec 28 partis représentés à la Chambre des députés et 14
au Sénat…).
Principal parti de la coalition gouvernementale formée par
la présidente Dilma Rousseff (membre du Parti des travailleurs, regroupant des
courants de gauche et de centre-gauche), le PMDB a rompu celle-ci ainsi que son
soutient à la chef de l’Etat, accusée de détournement de fonds publics et dont
une grande partie du pays demande la démission (60% selon le dernier sondage en
date).
Cette décision avait été précipitée par la nomination de
Lula, l’ancien président de la république et mentor de Rousseff par celle-ci
comme son conseiller afin de lui éviter des poursuites judiciaires, lui aussi
étant accusé de malversations, en l’occurrence d’avoir reçu des pots de vin,
notamment de la firme pétrolière publique, Pétrobras.
Pour certains experts du Brésil, cette procédure peut être
une chance pour assainir le monde politique où la corruption est très largement
installée.
D’ailleurs, Temer est, lui aussi, sous la menace de
poursuites.
Néanmoins le problème principal du pays, c’est bien
évidemment sa dégringolade économique qui avait déjà commencée avant la chute
des matières premières, notamment du pétrole, mais que cette dernière a beaucoup
aggravée.
Le Brésil n’est plus ce pays qui cristallisait tant d’espérances
en Amérique latine, à qui l’on avait donné, coup sur coup, l’organisation de la
Coupe du monde de football (2014) et celle des Jeux Olympiques (qui auront lieu
cet été), membre du fameux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud),
ce club des pays émergents qui faisaient envie à toute la planète voici encore
trois ans.
C’est donc à une profonde dépression qui frappe le pays que
Michel Temer et sa nouvelle équipe gouvernementale vont devoir s’attaquer sans
délai.
Si les milieux d’affaires et industriels ainsi que
financiers placent nombre d’espoirs dans les décisions futures, le pays, lui,
est plus circonspect, notamment sur le nouveau président qui n’obtient que 3%
des intentions de vote dans les sondages en cas de présidentielle avancée,
réclamée majoritairement par les Brésiliens, la prochaine échéance ne devant
avoir lieu qu’en 2018.
Si Rousseff est destituée et si de nouvelles élections ne
sont pas organisées dans la foulée, Temer pourrait donc être le président du
Brésil pour les deux prochaines années.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.