Olivier Besancenot à Nuit debout |
Allons-nous avoir notre Podémos, notre Syriza, notre
Mouvement cinq étoiles, notre «Occupy Wall Street» et que sais-je encore, ce
fameux mouvement soi-disant «citoyen» que les exaltés de gauche attendent
depuis que les radicaux espagnols, grecs, italiens et américains ont réussi,
avec plus ou moins de bonheur, à susciter dans leurs pays respectifs en surfant
sur l’angoisse du futur et les rêves utopiques d’une jeunesse qui en sera,
comme d’habitude et in fine, la première victime?
Et pourquoi pas un «nouveau mai 68» que tous les
nostalgiques des pavés parisiens attendent avec impatience?!
En tout cas c’est le but et la mission avoués des
organisateurs de cette «manifestation populaire et spontanée» qui se nomme «Nuit
debout», partie de la Place de la Nation à Paris, et qui commence à faire les
gros titres de l’actualité alors qu’elle n’est capable que de rameuter dans la
capitale qu’une centaine de militants (et quelques milliers dans la France
entière) venus des partis extrémistes et anti-démocratiques de gauche ainsi que
toute cette mouvance non-encartée et violente de révolutionnaires en mal de «Grand
soir» qui signifie toujours «grand massacre».
Le tout chapeauté – mais uniquement en tant que simples
citoyens, jurent-ils – par tout ce que le pays compte de leaders et
d’idéologues de la gauche la plus obscurantiste et archaïque, celle qui n’a pas
compris grand-chose à l’histoire.
Au milieu, quelques jeunes qui voudraient que ça change et
qui seront l’alibi de ces activistes de la médiocrité.
Mais «Nuit debout» quelle que soit sa longévité et sa
postérité, voire son succès, c’est également, à la fois, la grande peur et le
grand opportunisme pour tout le personnel politique en mal de connexions avec
le «pays réel» et, surtout, avec cette «jeunesse» dont ils ont tellement peur.
Il fait bon ton pour tous ses représentants de s’intéresser
à ce mouvement de citoyens pseudo-lambda pour être dans le coup, pour ne pas apparaître
ringard, pour ne pas être traité de sale réactionnaire et pour éventuellement
tenter de récupérer à son profit ce que l’on pourra.
On a même entendu la pathétique Nathalie Kosciusko-Morizet
qui ne sait plus quoi dire pour attirer l’attention en vue de la primaire LR, déclarer
qu’«Il faut aller place de la République. C'est une génération qui se pose des
questions».
Et tous les dirigeants socialistes ne sont pas en reste, eux
qui ont tous un mot ému pour cette initiative de «démocratie participative»
alors même qu’ils s’y font insulter à longueur de journée et que ses organisateurs
rêvent de détruire le PS…
Même les leaders du Centre s’intéressent à ce rassemblement
qui, s’il était un parti politique, serait un des plus extrémistes qui soit,
violence comprise puisqu’il attire tous ceux qu’ils veulent en découdre coûte
que coûte avec la démocratie républicaine.
Ainsi, François Bayrou a eu cette réflexion sibylline, en
assurant entendre «ce que ces manifestations, ces mouvements veulent dire», lui
qui vient de nous déclarer que Montesquieu faisait partie de son panthéon politique.
Bien évidemment les médias ont flairé le coup car voilà une
histoire qui peut faire vendre du papier et faire monter l’audimat.
Alors, peu importe que «Nuit debout» ne réunisse que peu de
monde pour l’instant, les chaines d’infos en continu mais aussi toutes les
autres, ont organisé moult directs de la Place de la Nation à Paris mais
également de tous les autres lieux en province qui ont été investis par les
activistes, ainsi que des débats où l’on a vu toute la vieille garde
marxiste-léniniste avec les Besancenot et les Badiou, les Mélenchon et les
Laurent, les Frédéric Lordon et les François Ruffin, venir tenter de rallumer
la flamme de la révolution prolétarienne et communiste, avec l’espoir
malheureusement pas vain du tout, que les Français comme les autres peuples,
aient oublié en partie ou complètement la faillite de cette utopie ainsi que
ces centaines de millions de morts qu’elle a essaimés, de l’Union soviétique à
la Chine en passant par la Corée du Nord, la Roumanie, l’Angola ou le Vietnam.
Heureusement, il doit encore rester quelques personnes qui
ne sacrifieront pas à la mode du moment, à «la démagogie jeune et à
l’emballement médiatique» dénoncée avec justesse par le sociologue Jean-Pierre
le Goff dans les colonnes du Figaro.
Et, comme lui, tous ceux qui savent ce qu’est le Centre et
le Centrisme, ne peuvent que dénoncer cette parodie de peuple en mouvement,
tout comme ils ne peuvent que rejeter ces autres appels, similaires dans leur
défiance à la démocratie républicaine, à une «primaire citoyenne» portée par
des mouvements en mal de notoriété médiatique qui ont trouvé les porte-paroles
qu’ils méritent en Alexandre Jardin et Jean-Marie Cavada.
Oui, tout cela est bien le degré zéro de la politique en ce
printemps 2016 où le slogan pourrait être «On est prié de laisser son
intelligence au vestiaire».
La démocratie républicaine vaut mieux que toute cette
agitation médiatico-politicienne, populiste et démagogique.
Tout vrai centriste le sait qui préfère passer sa nuit
couché en vue des vrais défis de ce XXI° siècle.
Centristement votre.
Le Centriste
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