Manuel Valls & Emmanuel Macron |
Et si Emmanuel Macron bénéficiait de tout le travail de
Manuel Valls et que cette perspective soit celle qui énerve de manière assez
compréhensible le premier ministre.
Au niveau médiatique, la question n’est même plus à poser
quand on voit le visage de Macron à la Une de tous les hebdomadaires et des
quotidiens et le buzz sur sa personne de la télé à internet.
Au niveau politique, les choses sont moins linéaires (et
superficielles?), le ministre de l’Economie rencontrant, et c’est normal, de
nombreuses résistances, tant à droite qu’à gauche, son positionnement
social-libéral allié à sa popularité en faisant une cible de choix des deux
côtés comme le montre les articles récurrents très critiques, par exemple, que
lui consacrent Le Monde et Le Figaro.
Au moment où le Premier ministre est quelque peu fragilisé
par tous les coups reçus depuis 2012 et, surtout, depuis son accession au poste
de Premier ministre en 2014, Emmanuel Macron devient, donc, une star médiatico-politique
en s’attribuant le rôle de leader de la transgression socialiste que Valls
revendique et dont il est certainement légitime à le faire.
La grande peur de Valls est sans doute que l’on passe
directement de la case «Hollande» à la case «Macron» sans passer par la sienne.
Et c’est une possibilité qui est accrue par le fait de tous
les bruits indiquant que Macron s’organise politiquement parlant, que ses
ambitions dans ce domaine s’aiguisent de jour en jour, qu’il y a de plus en
plus de personnalités politiques ou intellectuelles qui sont séduites par
l’homme et que le nombre de sympathisants qui se rangent derrière lui augmente
sans cesse.
D’autant que le ministre de l’Economie ne pense pas devoir
grand-chose à Valls mais plutôt à Hollande.
Non pas au niveau des idées mais de son ascension, même s’il
commence à agacer de plus en plus des proches du chef de l’Etat qui le voyaient
autrefois avec bienveillance quand il n’était un danger que pour le seul Valls…
Dès lors, griller la politesse au Premier ministre ne lui
occasionnerait que peu de scrupules.
Mais il est vrai que Macron ne peut exister aujourd’hui que
parce que Valls est premier ministre et qu’il a commencé à déblayer le terrain
pour les idées de son ministre de l’Economie qui ressemblent comme deux gouttes
d’eau aux siennes.
Bien sûr, il a dû en catastrophe inventer un terme,
«social-réformisme» pour se différencier du «social-libéralisme» revendiqué
haut et fort par Macron.
Mais si l’on regarde de plus près, les différences sont très
minimes et viennent sans douter de ce que Valls est un vieux militant du PS
avec un certain attachement à son parcours de militant, alors que Macron est
plutôt un électron libre qui veut casser les cadres établis.
Il suffit de lire l’interview fleuve que ce dernier vient d’accorder
à l’Expresse pour s’en convaincre.
A la question sur quelle est son «offre politique» et qu’il
répond «faire réussir la France dans un monde ouvert. Mon combat, c’est celui
pour le progrès et la mobilité», on croirait lire du Valls.
Quant à la rivalité entre les deux hommes, elle existe
évidemment mais elle est mise en scène par tous ceux qui veulent détruire
l’émergence de cette gauche moderne capable de travailler avec le Centre et
avec la Droite modérée, dans ce fameux axe central pas encore politiquement
organisé mais qui pourrait bien émerger en .2017.
Les opposer continuellement permet de créer une atmosphère
d’agressivité en espérant un clash qui porterait un rude coup à ce
social-libéralisme-réformisme.
Alors, c’est vrai que Manuel Valls peut trouver un peu
injuste qu’Emmanuel Macron bénéficie de toute sa transgression, lui qui prend
des coups très durs depuis des années pour tenter de sortir la gauche de son
archaïsme qu’avait pointé en son temps son mentor, Michel Rocard et qui n’a
pratiquement pas disparu.
Mais de leur capacité à s’entendre et à travailler ensemble aujourd’hui
mais surtout dans l’avenir et à bâtir cette nouvelle majorité qu’appelle de ses
vœux Valls et que veut construire Macron, émergera ou non une gauche en phase
avec les défis du XXI° siècle.
Une gauche qui sera alors une alliée aussi «naturelle» pour
le Centre que cette droite réformiste qui s’agrège autour de Juppé.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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