Le clash entre l’UDI et LR a-t-il réellement éclaté?
En tout cas, le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde,
vient de déclarer dans une interview à Paris Match que sa formation ne
participera pas à la primaire de LR.
Il faut dire qu’il a été humilié par le parti de droite et
son président, Nicolas Sarkozy.
Alors qu’il avait toujours affirmé qu’il voulait que l’UDI ait
un candidat indépendant à la présidentielle, il avait procédé à un
rétropédalage progressif ces dernières semaines, tout d’abord en refusant de
dire s’il était ou non contre cette candidature indépendante puis en faisant de
multiples appels du pied à LR pour ouvrir des négociations afin d’échanger
participation à la primaire contre circonscriptions pour les législatives et
postes dans un futur gouvernement.
Cette nouvelle stratégie était en grande partie dictée par
les divisions et la cacophonie qui règnent à propos des présidentielles à l’intérieur
de la formation centriste, la menaçant d’une implosion et réduisant le pouvoir
de Lagarde à celui d’un chef paralysé qui regarde son parti se déliter et ses
troupes s’affronter.
Mais la non-réponse de Sarkozy et de LR a infligé un
camouflet à Lagarde qui se devait de réagir, tout d’abord dans Le Monde où il
quémandait un rendez-vous au président du parti de droite puis maintenant dans
Paris Match où il prend acte du silence radio de ce dernier pour affirmer que l’UDI
ne participera pas à la primaire qui, pour lui, ne sera donc pas celle «de la
Droite et du Centre».
Sauf qu’il n’a sans doute même plus le pouvoir de le
décider!
Car, à l’UDI, une grande partie des dirigeants derrière le
contestataire le plus virulent, Hervé Morin, ont déjà annoncé qu’il n’y aurait
pas de candidat indépendant et qu’ils participeraient à la primaire quoi qu’il
arrive envoyant même un ultimatum aux militants du parti.
Et certains, comme Jean Arthuis, ont déjà annoncé leur
candidature à cette primaire.
Dès lors, les propos de Lagarde risquent bien de tomber dans
un vide sidéral même s’il peut compter sur le soutien de Laurent Hénart, le
président du Parti radical, et encore puisque celui-ci milite pour une candidature
indépendante de l’UDI.
Voici l’interview que Jean-Christophe Lagarde a donnée à
Paris Match:
- Paris Match. Le Congrès que vous tiendrez le 20 mars à
Versailles statuera sur la participation de l’UDI à la primaire. Comment se
sont déroulées vos discussions avec Nicolas Sarkozy?
Jean-Christophe Lagarde. Il n’y a eu ni négociations ni même
rencontre. Mandaté par la direction de l’UDI, j’ai adressé en janvier à Nicolas
Sarkozy une lettre officielle dans laquelle je fixais les conditions d’un
accord préalable à notre participation à la primaire. Je n’ai jamais eu de réponse.
Ni de lui ni de personne.
- Comment expliquez-vous cette fin de non-recevoir?
Les divisions internes chez Les Républicains sont trop
fortes. Que ce soit Sarkozy ou les candidats à ce jour déclarés (Juppé, Fillon,
Le Maire…), aucun ne semble en mesure d’avoir une ligne claire avec le centre.
Ils sont trop préoccupés par leurs ambitions, leurs aigreurs et leurs rancunes
pour se mettre d’accord. Tous disent qu’ils veulent travailler avec nous, mais
ce ne sont que des mots. Ou alors ils veulent attendre le résultat de la
primaire, ce qui est trop tard. Dans ces conditions, la primaire de la droite
aura lieu sans nous. Ce sera la primaire de la droite, pas du centre.
- Vous êtes surpris? Déçu?
Ce n’était pas mon souhait initial. Mais pour une coalition,
il faut être deux. Aujourd’hui chez Les Républicains, ou hier à l’UMP ou au
RPR, ils ont tous toujours le même logiciel caporaliste. En clair, c’est :
«Nous décidons, vous exécutez.» Mais l’union entre deux familles politiques, ça
ne marche pas comme ça. J’ai adhéré à l’UDF lorsque j’avais 20 ans. Pendant
quinze ans, j’ai assisté à des guerres intestines de petits chefs centristes
toujours prêts à servir l’UMP par ambition. Cela a trop longtemps réduit le
centre au silence. L’UDI, née il y a trois ans et demi de la volonté de
Jean-Louis Borloo de refaire l’unité, ne sera la subordonnée de personne.
Un socle programmatique commun, une totale indépendance avec
le FN et des circonscriptions réservées aux législatives de juin 2017.
- Combien de circonscriptions demandiez-vous?
Il y a actuellement 577 circonscriptions. Nous en demandions
entre un quart et un tiers.
- Est-ce ce point précis qui a bloqué?
Comment le saurais-je ? Je n’ai eu aucun «retour». Silence
radio. Y compris des candidats qui affichent une ligne centriste ou disons plus
centriste que d’autres… Je ne suis pas dans l’obsession de me présenter à la
primaire, mais je fais remarquer que lorsque la droite et le centre sont unis,
nous gagnons. Dans quatre régions, la droite n’a pas de majorité sans nous. A
l’inverse, lorsque nous sommes divisés, nous perdons. Si l’opposition veut
devenir, demain, majorité, Les Républicains doivent adopter la culture de la
coalition, et certains centristes sortir de la soumission.
- Irez-vous à la présidentielle?
Ne sautons pas les étapes. Si l’UDI le souhaite, nous
verrons. Nous avons une valeur ajoutée dans le débat. A l’heure où tout le
monde parle de défaire l’Europe, nous disons qu’il faut la parfaire, la fédérer
davantage. Nous disons également qu’il faut libérer l’énergie française de son
carcan d’impôts, de taxes et de règlements. Nous allons écrire un nouveau
modèle français.
(Propos recueillis par Virginie LeGuay)
Alexandre Vatimbella
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