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mercredi 9 mars 2016

Présidentielle 2017. Lagarde ne veut pas que l’UDI participe à la primaire de LR mais le peut-il?!

Le clash entre l’UDI et LR a-t-il réellement éclaté?
En tout cas, le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, vient de déclarer dans une interview à Paris Match que sa formation ne participera pas à la primaire de LR.
Il faut dire qu’il a été humilié par le parti de droite et son président, Nicolas Sarkozy.
Alors qu’il avait toujours affirmé qu’il voulait que l’UDI ait un candidat indépendant à la présidentielle, il avait procédé à un rétropédalage progressif ces dernières semaines, tout d’abord en refusant de dire s’il était ou non contre cette candidature indépendante puis en faisant de multiples appels du pied à LR pour ouvrir des négociations afin d’échanger participation à la primaire contre circonscriptions pour les législatives et postes dans un futur gouvernement.
Cette nouvelle stratégie était en grande partie dictée par les divisions et la cacophonie qui règnent à propos des présidentielles à l’intérieur de la formation centriste, la menaçant d’une implosion et réduisant le pouvoir de Lagarde à celui d’un chef paralysé qui regarde son parti se déliter et ses troupes s’affronter.
Mais la non-réponse de Sarkozy et de LR a infligé un camouflet à Lagarde qui se devait de réagir, tout d’abord dans Le Monde où il quémandait un rendez-vous au président du parti de droite puis maintenant dans Paris Match où il prend acte du silence radio de ce dernier pour affirmer que l’UDI ne participera pas à la primaire qui, pour lui, ne sera donc pas celle «de la Droite et du Centre».
Sauf qu’il n’a sans doute même plus le pouvoir de le décider!
Car, à l’UDI, une grande partie des dirigeants derrière le contestataire le plus virulent, Hervé Morin, ont déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de candidat indépendant et qu’ils participeraient à la primaire quoi qu’il arrive envoyant même un ultimatum aux militants du parti.
Et certains, comme Jean Arthuis, ont déjà annoncé leur candidature à cette primaire.
Dès lors, les propos de Lagarde risquent bien de tomber dans un vide sidéral même s’il peut compter sur le soutien de Laurent Hénart, le président du Parti radical, et encore puisque celui-ci milite pour une candidature indépendante de l’UDI.
Voici l’interview que Jean-Christophe Lagarde a donnée à Paris Match:
- Paris Match. Le Congrès que vous tiendrez le 20 mars à Versailles statuera sur la participation de l’UDI à la primaire. Comment se sont déroulées vos discussions avec Nicolas Sarkozy?
Jean-Christophe Lagarde. Il n’y a eu ni négociations ni même rencontre. Mandaté par la direction de l’UDI, j’ai adressé en janvier à Nicolas Sarkozy une lettre officielle dans laquelle je fixais les conditions d’un accord préalable à notre participation à la primaire. Je n’ai jamais eu de réponse. Ni de lui ni de personne.
- Comment expliquez-vous cette fin de non-recevoir?
Les divisions internes chez Les Républicains sont trop fortes. Que ce soit Sarkozy ou les candidats à ce jour déclarés (Juppé, Fillon, Le Maire…), aucun ne semble en mesure d’avoir une ligne claire avec le centre. Ils sont trop préoccupés par leurs ambitions, leurs aigreurs et leurs rancunes pour se mettre d’accord. Tous disent qu’ils veulent travailler avec nous, mais ce ne sont que des mots. Ou alors ils veulent attendre le résultat de la primaire, ce qui est trop tard. Dans ces conditions, la primaire de la droite aura lieu sans nous. Ce sera la primaire de la droite, pas du centre.
- Vous êtes surpris? Déçu?
Ce n’était pas mon souhait initial. Mais pour une coalition, il faut être deux. Aujourd’hui chez Les Républicains, ou hier à l’UMP ou au RPR, ils ont tous toujours le même logiciel caporaliste. En clair, c’est : «Nous décidons, vous exécutez.» Mais l’union entre deux familles politiques, ça ne marche pas comme ça. J’ai adhéré à l’UDF lorsque j’avais 20 ans. Pendant quinze ans, j’ai assisté à des guerres intestines de petits chefs centristes toujours prêts à servir l’UMP par ambition. Cela a trop longtemps réduit le centre au silence. L’UDI, née il y a trois ans et demi de la volonté de Jean-Louis Borloo de refaire l’unité, ne sera la subordonnée de personne.
- Que réclamiez-vous pour participer à ce scrutin?
Un socle programmatique commun, une totale indépendance avec le FN et des circonscriptions réservées aux législatives de juin 2017.
- Combien de circonscriptions demandiez-vous?
Il y a actuellement 577 circonscriptions. Nous en demandions entre un quart et un tiers.
- Est-ce ce point précis qui a bloqué?
Comment le saurais-je ? Je n’ai eu aucun «retour». Silence radio. Y compris des candidats qui affichent une ligne centriste ou disons plus centriste que d’autres… Je ne suis pas dans l’obsession de me présenter à la primaire, mais je fais remarquer que lorsque la droite et le centre sont unis, nous gagnons. Dans quatre régions, la droite n’a pas de majorité sans nous. A l’inverse, lorsque nous sommes divisés, nous perdons. Si l’opposition veut devenir, demain, majorité, Les Républicains doivent adopter la culture de la coalition, et certains centristes sortir de la soumission.
- Irez-vous à la présidentielle?
Ne sautons pas les étapes. Si l’UDI le souhaite, nous verrons. Nous avons une valeur ajoutée dans le débat. A l’heure où tout le monde parle de défaire l’Europe, nous disons qu’il faut la parfaire, la fédérer davantage. Nous disons également qu’il faut libérer l’énergie française de son carcan d’impôts, de taxes et de règlements. Nous allons écrire un nouveau modèle français.
(Propos recueillis par Virginie LeGuay)

Alexandre Vatimbella
  


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