Jean Lassalle & François Bayrou |
Jean Lassalle, député du Mouvement démocrate, a quatre
particularités.
La première est d’être un des derniers représentants de
cette espèce en voie de disparition, député du parti de François Bayrou.
Il n’y en a qu’un autre survivant même si le croisement avec
l’’espèce LR laisse espérer à l’éleveur Bayrou de pouvoir enfin multiplier leur
nombre en 2017.
La deuxième est d’avoir fait une grève de la faim afin de
protester contre la fermeture d’une entreprise dans son département et qui fit
rire beaucoup de monde et consterna nombre de centristes.
Pourquoi de telles réactions devant une action aussi radicale?
Pas parce qu’il s’agissait d’une cessation d’activité, ni
même d’une délocalisation en Chine ou dans un pays à bas coût, non, mais
seulement d’une implantation dans un autre coin de la France avec, à la clé, de
nouvelles embauches.
Bonjour, la solidarité nationale de monsieur le député!
La troisième est d’avoir fait le tour de France à pied pour
rencontrer les Français qui lui ont dit, ô révélation d’entre les révélations,
qu’ils pensaient que le pays allait mal.
La quatrième est d’être un fan inconditionnel de François
Bayrou, un des derniers des grognards comme les appelle le président du MoDem.
Mais cette dernière particularité n’est plus.
Car voilà que le député des Pyrénées-Atlantiques vient de
déclarer dans un entretien à La semaine du Pays basque, qu’il «avait perdu la
foi» en son chef, en tout cas en son destin présidentiel, sacrilège des
sacrilèges dans une formation toute dévouée à l’ambition élyséenne de celui-ci.
Et les mots ne sont pas tendres, jugez-en:
«Il a essayé trois fois et je ne vois pas François Bayrou
gagner (…) Ça ne sent pas bon, parce qu'il s'est mis dans une situation que les
Français ont du mal à accepter, celle du ‘J'irai si untel n'y va pas'. (…)
L'élection présidentielle est la rencontre d'un homme ou d'une femme avec le
peuple français qui s'est proclamé souverain. (…) Il y a 150 pays qui ont suivi
cette idée. C'est bien que ça veut dire quelque chose, ce peuple souverain.
Vous imaginez dire: ‘J'irai si untel n'y va pas', c'est-à-dire ‘J'irai par
défaut'?»
Plus gaullien que ça tu meures!
Et ça tombe bien (ou mal selon), car c’est justement
François Bayrou qui a pris des accents gaulliens pour se poser en recours du
pays depuis la présidentielle de 2012.
Mais il est vrai que l’on aurait jamais vu De Gaulle dire
«j’y vais si un autre n’y va pas»…
Et pour enfoncer le clou jusqu’au bout, Jean Lassalle n’y va
pas avec le dos de la cuillère pour le chouchou de Bayrou, Alain Juppé, dans un
entretien avec La république des Pyrénées:
«Alain Juppé n’a pas l’étoffe d’un chef d’Etat. Il va vivre
le destin d’un Barre ou d’un Balladur.»
Dur-dur pour Juppé mais aussi pour François Bayrou, l’ami de
quarante ans, qui non seulement, aurait commis une faute grave en conditionnant
sa candidature à l’absence de Juppé mais une tout aussi grave en soutenant un
looser à la Balladur ou à la Barre.
Voilà, en tout cas, qui tord le cou à cette idée qu’au
Mouvement démocrate on ne critique pas le chef ou on s’en va, une règle qui, il
est vrai, à l’UDI aurait déjà conduit le parti à mettre la clé sous la porte.
Centristement votre.
Le Centriste
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