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mardi 8 mars 2016

Présidentielle 2017. Laurent Hénart, président du Parti radical, dernier défenseur d’une UDI réellement indépendante

Il l’a toujours dit, il veut un candidat UDI à la présidentielle.
Et si Laurent Hénart, président du Parti radical, principale composante de la confédération centriste avec le Nouveau centre, sait que cela sera difficile d’imposer ce choix, il ne veut pas, en tout cas, d’une participation à la primaire de LR.
En tout cas, il veut d’abord que l’UDI se prépare pour la présidentielle en bâtissant un projet puis en explorant toutes les possibilités avant de se décider ou non à rejoindre LR dès le premier tour.
Se rangeant derrière Jean-Louis Borloo qui avait justement quitté l’UMP, ex-LR, afin de pouvoir réunir le centre et le centre-droit pour leur permettre d’exister de manière indépendante, donc de présenter un candidat à la présidentielle, il ne veut pas que l’UDI devienne un simple appendice de la Droite comme le fut le Nouveau centre de 2007 à 2012 ou même le Parti radical lui-même composante de l’UMP pendant cette période.
Or les pressions d’Hervé Morin et de ses amis en ce sens et les atermoiements de Jean-Christophe Lagarde dont il est pourtant proche font peser non seulement la menace d’une marginalisation complète de l’UDI mais même sa disparition.
C’est pourquoi, peut être en tant que dernier défenseur d’une UDI réellement indépendante, il réaffirme une nouvelle fois ses positions en la matière dans une interview au quotidien l’Opinion du 8 mars alors que va bientôt commencer le vote des militants de l’UDI pour ou contre une candidature indépendante, question qui sera tranchée lors du congrès du 20 mars prochain à Versailles.
- Pourquoi êtes-vous hostile à l’idée d’une participation de l’UDI à la primaire de la droite et du centre?
LH : La primaire sans pacte d’alternance, c’est le miroir aux alouettes. Tout le monde a l’air de paniquer comme les lapins face aux phares des voitures. Oui, il va y avoir un peu de communication sur la primaire entre fin septembre et fin novembre. Il va y avoir deux mois où médiatiquement la primaire va faire du bruit. Mais d’ici là, rien ne nous empêche de prendre position et de faire nos propositions. A partir de décembre, les Français basculeront dans la présidentielle elle-même. C’est là où le décor va vraiment se camper, où les acteurs vont monter sur la scène.
- L’UDI doit-elle selon vous partir seule à la présidentielle?
LH : La question, c’est de savoir si l’UDI prépare l’année 2017 sous ses couleurs ou si elle s’intègre tout de suite à une démarche commune avec les Républicains. Les primaires aujourd’hui, c’est essentiellement la difficulté pour les Républicains à dégager un champion sous la pression du nombre de candidatures. Il faut que l’UDI mette en place les outils de l’indépendance et d’un choix indépendant pour la présidentielle. Il faut préparer un projet présidentiel, une campagne, des candidatures. On ne peut pas dire qu’il faut renouveler la vie publique et commencer la présidentielle par un mécanisme de sélection du candidat qui confronte des écuries. On ne peut pas dire que la France a besoin d’idées neuves, de têtes nouvelles, et partir dans la primaire sans qu’il y ait un pacte d’alternance.
- S’il y a un accord entre les centristes et les Républicains avant le congrès de l’UDI du 20 mars, pourriez-vous alors soutenir l’idée une participation à la primaire?
LH : C’est trop tard maintenant pour l’accord. Il faudrait que nous ayons listé nos valeurs, nos différences, nos priorités programmatiques, les investitures pour les législatives…
- Tout ça avant le 20 mars?
LH : Il ne s’agit pas pour un seul parti d’imposer ses vues sur tout le monde. Il faut garantir le pluralisme parlementaire, qu’on ait à l’Assemblée comme au Sénat un groupe UDI incontournable sans lequel la majorité n’est pas possible. Si on n’a pas d’accord, il faut accepter que les choses se fassent plus tard, en décembre, quand les Républicains auront choisi leur champion pour la présidentielle. Ce sera l’occasion de reprendre les débats avec eux. Ce qui n’est pas possible aujourd’hui peut l’être dans six mois. Pendant ce temps-là, il faut que l’on se renforce.
- Si l’UDI part seule à la présidentielle, qui verriez-vous candidat?
LH : Je n’en suis pas là. Des personnalités qui peuvent candidater à l’élection présidentielle, il y en a plusieurs. Mais il faut que l’on sélectionne nos candidats pour les élections législatives, que l’on soit en mesure de quadriller le territoire. C’est aussi ça qui fait la crédibilité pour la présidentielle. On pourra faire un choix souverain dans un an. C’est le calendrier raisonnable.
- Comment vous positionnez-vous dans l’affrontement toujours latent entre Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde?
LH : C’est complètement dépassé. On ne peut pas penser qu’il faut encore consacrer du temps et de l’énergie à régler des comptes alors qu’on sait tous que si on veut exister entre le PS et les Républicains, non seulement il va falloir faire grandir l’UDI, mais en plus il va falloir trouver la capacité à s’entendre avec le MoDem pour rassembler tous les progressistes sociaux européens. A un moment donné, si on ne veut pas être broyé par la montée du populisme, il faut à tout prix que l’on soit capable de se développer, d’ajuster nos différences politiques et de nous unir. C’est ce que souhaitait Jean-Louis Borloo quand il avait tendu la main à François Bayrou. Les conditions sont réunies pour que l’on bâtisse une seule famille politique
(Propos recueillis par Caroline Vigoureux) 

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