Une nouvelle supercherie serait-elle en route au Parti
républicain?
En tout cas, nombre d’observateurs sérieux doivent ne pas en
croire leurs oreilles quand on présente Marco Rubio comme un «modéré» et un «centriste»
qui va unifier les républicains et gagner la présidentielle en tant que
candidat «centriste conservateur».
Devant l’effroi que représente une possible victoire de Ted
Cruz (extrême-droite) et de Donald Trump (populisme démagogique) aux primaires
du parti, le camp républicain, de ses médias à son establishment, est donc prêt
à se jeter dans les bras de ce sénateur de Floride de 44 ans qui est arrivé à Washington
en 2011 ayant battu un républicain plus ou moins modéré grâce à un fort soutien
de l’organisation radicale et populiste, proche de l’extrême-droite, le Tea
party, surtout en reprenant ses thèmes contre Obama, contre une société
ouverte, contre l’assurance santé et pour un conservatisme profond et
rétrograde.
Bien sûr, en arriviste à l’ambition dévorante qu’il est,
Rubio est prêt à tout, notamment à renier ses position antérieures, ce qu’il a
déjà fait depuis qu’il a été élu.
Mais cet opportunisme n’en fait pas pour autant un
centriste.
En analysant ses votes et ses propositions de lois, l’organisation
American conservative union (Union conservatrice américain) lui a accord un
score de 98,67 sur 100 basé sur ses votes depuis qu’il est à Washington, ce qui
le met en troisième position de tous les sénateurs.
De son côté, le National journal, organe de presse
conservateur, le place en dix-septième position des sénateurs les plus conservateurs
sur cent.
Quant au conservateur Club for growth (Club pour la
croissance), il lui accord un score de plus de 90 sur 100 pour tous ses votes
depuis son entrée en politique.
A l’opposé, il réfute totalement, comme tous les
conservateurs radicaux américains, la responsabilité humaine dans le
réchauffement climatique, ce qui lui vaut un score de 9 sur 100 pour ses
efforts en matière de défense de l’environnement pas l’association League of
conservation voters (Ligue des votants pour la conservation de l’environnement).
En outre, il n’a pas obtenu de résultats très probants
depuis qu’il est au Sénat en matière de législation.
C’est tellement vrai que lorsque l’ancien sénateur Rick Santorum
s’est retiré de la course républicaine à la présidentielle après le caucus de l’Iowa
et a décidé d’apporter son soutien à Rubio, il a été incapable de citer le
moindre succès politique de ce dernier…
Son bilan politique ne plaide évidemment pas pour la thèse
du modéré qui, pour des raisons politiciennes et électoralistes, s’est fait
élire sur un positionnement de droite radicale.
Si aujourd’hui Rubio peut apparaître comme conservateur
modéré «qui peut unir le parti républicain», comme il l’affirme, c’est parce
qu’il a face à lui un extrémiste agressif, Ted Cruz.
Tous les deux ont été élus au Sénat quasiment en même temps
et sur la même ligne radicale en reprenant les thèses les plus extrémistes du
Tea party.
Mais si Cruz n’a fait aucun compromis sur ses convictions
politiques, Rubio, lui, en a fait même si ceux-ci n’ont pas remis en cause ses
convictions profondes.
Néanmoins, cette différence entre les deux candidats d’origine
cubaine à la primaire républicaine signifie sans doute que Marco Rubio, s’il
accédait à la Maison blanche serait le type de conservateur qui gouvernerait
beaucoup plus en conservateur modéré pour épouser le plus possible l’opinion
majoritaire de la population (qui est cependant majoritairement nettement plus centriste
que ce positionnement notamment en matière sociétale).
Pour autant, cela n’en fait pas un centriste de près ou de
loin, ni même un droitiste modéré.
Sans doute un opportuniste.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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