Il y a quelques mois, Alain Juppé s’était cru obligé de
déclarer qu’il n’était pas centriste mais un homme de droite.
Etonnante déclaration car personne ne lui avait rien demandé
et personne ne viendrait, non plus, lui disputer son engagement à droite depuis
des décennies.
Mais, alors que les médias ne parlent que d’un virage à
droite du maire de Bordeaux depuis que sont connues ses propositions en matière
se sécurité contenues dans son livre «Pour un Etats fort», on se dit que ce
rappel n’était pas aussi inutile que cela.
Car si Alain Juppé fait bien partie de cet axe central
encore informel qui va des gaullistes réformistes aux socialistes libéraux, il
est évidemment le représentant de son aile droite comme Manuel Valls est le
représentant de son aile gauche.
Ayant dit cela, les propositions d’Alain Juppé et ses propos
dans les interviews qu’il vient de donner pour expliquer celles-ci, nous
rappellent qu’il n’est évidemment pas le candidat naturel du Centre et que s’il
doit y en avoir un, il viendra soit de l’UDI, soit du Mouvement démocrate.
Mais cela nous rappelle également les propos de François
Bayrou qui a toujours dit qu’il soutiendrait son ami Alain, à condition que son
programme électoral soit centro-compatible.
Dès lors, si virage à droite, il y a à un moment ou un autre
de l’ancien premier ministre de Jacques Chirac, le président du MoDem pourra
reprendre sa liberté en accord avec ses dires.
Cela nous rappelle, de même, que l’Etat fort n’est pas qu’une
idée de droite mais qu’elle est portée au centre (Bayrou) ainsi qu’à gauche
(Valls).
Enfin, cela nous rappelle qu’Alain Juppé est un candidat de
droite et qu’il se doit de rassembler son électorat naturel pour pouvoir gagner
la primaire de LR, le premier et le deuxième tour de la présidentielle.
Pour autant, il serait abusif de parler de virage à droite.
On peut tout juste constater que Juppé n’est pas devenu un
homme de gauche, ni un homme du Centre, ce qu’il a toujours dit.
En outre, ses propositions ne sont guère éloignées de ce qu’il
a toujours défendu et son ralliement à des propositions plus dures défendues par
Nicolas Sarkozy peuvent également s’interpréter de par la situation actuelle
avec les attentats qui ont ensanglanté la France en janvier et novembre 2015.
Bien entendu, la sortie du livre dans le contexte que nous
connaissons en ce début 2016 est un acte politique (d’autant que de nombreux
passages ont été réécrits après les attentats terroristes du 13 novembre).
Dès lors, le rappel sans ambages de son positionnement à
droite, s’il ne dit rien de nouveau sur son engagement politique, vient à point
nommé pour montrer que si Alain Juppé est un homme de modération et d’ouverture,
il est aussi un homme de conviction aux valeurs de la Droite, «droit dans ses
bottes» à ce sujet.
De ce point de vue, pour les centristes cette clarification
n’est pas inutile alors que l’UDI doit se prononcer le 20 mars sur le fait de
présenter ou non un candidat en 2017 et que François Bayrou peaufine son statut
de candidat naturel du Centre.
Alexandre Vatimbella
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