On connu des centristes qui faisaient l’éloge du Parlement
et qui étaient très critiques sur la fonction de président de la république
sous le V° République.
Ce n’est pas (plus) le cas de François Bayrou qui continue à
peaufiner son image de présidentiable au cas où une fenêtre s’ouvrirait dans
les mois qui viennent.
Ainsi, au micro de France info, à propos des partis
politiques, il «considère que parmi les maux du pays aujourd’hui il y a le
fonctionnement des partis politiques – qui ne sont plus du tout des
organisations qui pensent à l’avenir et qui favorisent le travail en commun –
ils sont exactement le contraire, c’est-à-dire un champ clos à l’intérieur
duquel on s’affronte. C’est une organisation de division. Cette partitocratie,
comme on dit, qui fait que les partis sont ou bien là pour organiser des
prébendes ou bien qu’ils organisent la guerre de tous contre tous à
l’intérieur. Ceci ne me correspond pas. Alors, j’ai une réflexion, peut être
que j’en ferai part aux adhérents du MoDem assez vite. Je pense qu’il faut
changer le fonctionnement des partis politiques.»
Quant à la primaire de LR, loin d’estimer que c’est un
exercice sain de démocratie, il affirme que «La primaire c’est une élection
interne à un camp, dans laquelle on cherche à répondre au camp et non pas au
pays, ou dans laquelle la mécanique vous conduit à répondre à un camp et non
pas au pays. Or, si vous regardez la gravité des choses aujourd’hui, vous avez
l’impression que cette compétition-là ne répond pas à l’attente profonde que
nous sommes en droit d’avoir tous, par ce que nous sommes des citoyens, sur
l’avenir du pays.»
Et il enfonce le clou avec un raisonnement gaulliste: je ne
participerai pas à cette primaire-là. Il peut toujours y avoir des tremblements
de terre mais je ne crois pas. Je ne participerai pas à cette primaire. Pourquoi?
Tout simplement parce que le mécanisme même de la primaire qui vous oblige à
vous ranger dans un camp ne correspond pas à la définition que je viens de
donner à l’instant de la fonction. Découper le pays en camps ou découper le
pays en partis, pour moi, ça ne va pas dans le bon sens.»
Pour autant, il réaffirme que «si Alain Juppé sortait
(vainqueur) de cette primaire je le soutiendrais.»
Ce qui l’empêche pas d’affirmer, un peu contre les résultats
des sondages, qu’il obtient «beaucoup d’intentions de vote quand on les mesure»,
tout en définissant ce que devrait représenter la fonction présidentielle en
critiquant la pratique qu’en fait actuellement François Hollande.
«Ce que je reproche à François Hollande, c’est de ne pas
avoir de ligne. Il n’est pas cohérent. L’essentiel des reproches que je fais à
François Hollande tient en une phrase : il se comporte comme si la présidence
de la République était une fonction politique, politicienne! Il cherche des
synthèses entre des courants politiques, il ne se comporte pas en Président de
la République qui sait que sa fonction est historique. Il a la charge de
l’essentiel et doit aller clair et droit au but. C’est sur ce point que
François Hollande n’est pas à la hauteur. Dans l’exercice de la fonction, au
fond c’est le même souci de synthèse qu’à la tête du PS. Or, la tête du PS et
la présidence de la République ce n’est pas du tout le même fonctionnement.»
Cette critique du compromis qui fait partie de l’essence
même d’une démocratie républicaine et de la vision du Centre de la pratique
politique est étonnante dans sa bouche mais elle lui permet de se rattacher à
la pratique du pouvoir des présidents dont la pratique du pouvoir a été la plus
présidentialiste: «Ni le fondateur de la V° République (ndlr: Charles de
Gaulle) ni Pompidou ni Giscard à sa manière, ni parfois Mitterrand ne se sont
comportés de cette manière-là.»
Tout cela rappelle des accents gaulliens de sa campagne de
2012 et son envie d’y aller une quatrième fois avec cette certitude qu’il a une
chance de l’emporter.
Car, pour un homme comme lui qui est habité par cette
ambition, la question est de savoir ce qu’il laissera dans l’histoire de son
pays s’il n’aura été qu’un ministre de l’Education de Jacques Chirac…
Alexandre Vatimbella
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