Hervé Gaymard |
On l’a bien compris, le message actuel d’Alain Juppé est «Je
suis à droite».
Ce qui n’étonnera évidemment pas les observateurs de la
politique française de le savoir de droite.
Mais, dans cette volonté de ne pas apparaître de gauche,
pire du Centre, pour ne pas prêter flanc aux attaques des sarkozystes, le maire
de Bordeaux et ses amis répètent à l’envie que celui-ci n’est pas centriste,
comme s’ils déclaraient au bureau de l’immigration qu’il n’avait pas la petite
vérole…
On n’oubliera pas d’ailleurs que Juppé avait qualifié le
Centrisme de «filet d’eau tiède», merci pour lui.
On retrouve ici ce mépris largement répandue à droite à
propos des centristes dont on redécouvre toujours l’utilité et la qualité au
moment des rendez-vous électoraux (bien évidemment, les amabilités répétées
envers les centristes faites par Juppé tout au long de 2015, reviendront dans
le courant 2016 et, s’il est candidat, en 2017).
Un de ceux qui le pratiquent le plus souvent n’est autre
qu’un des principaux organisateurs de la campagne d’Alain Juppé, monsieur Hervé
Gaymard, ministre de Jacques Chirac, père de famille nombreuse et qui a marqué
l’histoire jusqu’à présent en tant qu’ancien locataire d’un duplex avenue
Montaigne à Paris aux frais du contribuable.
Celui-ci ne manque pas une occasion pour distancier son héraut
des centristes et déclare à périodes répétées qu’il n’est pas centriste.
En 2014, déjà, il
avait dit au Figaro que «l’axe
Bayrou-Juppé vient de Bayrou en réalité».
Et il vient d’affirmer dans une interview à Paris Match que
la ligne politique de Juppé «n’est pas centriste mais centrale», c’est-à-dire
pas du Centre mais au centre.
En disant cela et pour permettre à ce dernier de ratisser
large, il ne s’est pas rendu compte qu’il venait de qualifier son
positionnement d’opportunisme et de le placer dans ce fameux marais insipide du
«juste milieu» qui a le goût et la couleur du Centre mais qui n’en est pas un
(pour ceux qui l’ont oublié, le Centrisme étant un humanisme du juste
équilibre).
Opportunisme car cette centralité serait la manière de
plaire à tout le monde (et ça marche).
Insipidité car cela revient à prendre des positions modérées
en général pour s’attirer la sympathie de tous (et ça marche).
Et tout cela par a priori électoraliste et non par
conviction politique.
Tout cela rappelle un certain… Jacques Chirac!
Ou, pour les plus vieux, Edgar Faure, pour les un peu moins
âgés, Olivier Stirn, et pour les plus jeunes, Yves Jégo.
Bien entendu, cette «centralité» de monsieur Gaymard n’a
rien à voir avec l’axe central qui va des gaullo-réformistes aux
sociaux-libéraux en passant par les libéraux sociaux.
Car la centralité de cet axe se nourrit de positionnements
différents qui peuvent se fondre dans un compromis et permettre un consensus
alors que la centralité de l’ex-ministre de Chirac n’est qu’un vulgaire positionnement
du milieu qui doit permettre d’engranger le plus de votes possibles.
Alors, à l’inverse de monsieur Gaymard, je serai bien plus
positif à l’égard des convictions politiques d’Alain Juppé.
Oui, celui-ci n’est pas centriste et ne l’a jamais été et ne
le sera jamais.
Mais il n’est pas «central» pour autant.
Il est un homme de droite plutôt libéral et réformateur qui
est dans la défense d’un modèle de société démocratique et républicaine qui est
partagée par les libéraux sociaux centristes et les sociaux libéraux de gauche
et qui constitue cet axe central.
Quant à dire qu’en réalité tout cela serait du pipeau et que
Juppé serait en réalité un simple opportuniste mou et sans idée, j’en laisse la
responsabilité à monsieur Gaymard.
A lui de s’arranger avec son chef…
Centristement vôtre.
Le Centriste
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